RDC : l'Assemblée supprime le projet de loi électorale à l'origine des manifestations meurtrières
L'essentiel
- Des manifestants s'opposent depuis cinq jours à une nouvelle loi qui pourrait permettre à Joseph Kabila, président de la RDC depuis quatorze ans, de se maintenir au pouvoir.
- Après les violences, le Sénat congolais amende le projet de loi contesté.
- Le bilan des manifestations est lourd : 43 morts.
Le président de l'Assemblée nationale en République démocratique du Congo (RDC) a annoncé, samedi 24 janvier dans la soirée, le retrait de l'alinéa controversé du projet de loi électorale, qui a provoqué des manifestations meutrières cette semaine à Kinshasa.
« Le point de vue que l'Assemblée nationale défend devant la commission [paritaire réunissant des députés et sénateurs] est celui du retrait de l'alinéa » contesté, a déclaré Aubin Minaku. Comme la voix des députés prime, cet alinéa sera purement et simplement rayé de la loi électorale, a-t-il expliqué.
« LE CHANGEMENT DE LA MOINDRE VIRGULE POUVAIT SUSCITER DE MAUVAISES INTERPRÉTATIONS »
Le 17 janvier, les députés ont voté un projet gouvernemental de révision de la loi électorale dont l'alinéa controversé liait la tenue de la présidentielle à un recensement de la population. Or, un tel recensement pourrait prendre trois ans, ce qui permettrait au président Joseph Kabila de rester au pouvoir au-delà de 2016, alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat l'an prochain.
L'Assemblée a « évité trop de débats inutiles car le changement de la moindre virgule pouvait susciter de mauvaises interprétations », a ajouté M. Minaku, soulignant qu'il n'y aurait « rien à la place » de l'alinéa retiré.
Vendredi, le Sénat a amendé le texte en imposant le respect du calendrier électoral. Face aux divergences, les deux chambres se sont réunies en commission paritaire pour tenter de trouver un consensus.
UN BILAN LOURD
Selon plusieurs sources, les deux parties peinaient à s'entendre samedi, alors que le vote du texte devait intervenir au plus tard lundi. Selon M. Minaku, il n'a « pas été question de violer la Constitution », « des interprétations ont été faites et vendues à la population » qui, à l'appel de l'opposition, a manifesté violemment de lundi à jeudi, principalement à Kinshasa et Goma.
Le bilan des manifestations, qui avaient rapidement viré à l'émeute et au pillage, est lourd : 13 morts selon le gouvernement, et une quarantaine selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et Human Rights Watch (HRW), qui évoque au moins 21 personnes abattues par les forces de l'ordre.
Le Monde