Après Marie-Thérèse Nlandu, à qui le tour?
Il ne fait plus l’ombre d’un doute que le chef de file du cartel « Union pour la Nation », Jean-Pierre Bemba Gombo, sera la prochaine cible du pouvoir kabiliste. L’article intitulé « L’avocat Marie-Thérèse N’Landu côté cour et côté jardin ! », publié sous la signature de « MMC », la branche éditoriale de« DigitalCongo.net », un site Internet qui joue le rôle d’organe officieux de Joseph Kabila est révélateur de cet objectif. La « savimbisation » de Bemba serait-elle en route ?
C’est une parodie de procès qui a débuté vendredi 22 décembre devant le tribunal militaire de la garnison de Kinshasa-Gombe. A la barre, l’avocate Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene, 53 ans, et neuf co-accusés. Comme à l’accoutumée, la première audience a été axée sur des questions de procédure ainsi qu’à l’énoncé des infractions retenues contre la partie défenderesse. De quoi l’accuse-t-on ? Selon la radio Okapi, trois chefs d’inculpation sont articulés à l’encontre de la prévenue Nlandu : détention illégale d’armes de guerre, recrutement des militaires. La troisième infraction, inattendue, se passe de tout commentaire : instigation d’un mouvement insurrectionnel. Ouf ! Quelle débordante imagination ? Il faut refuser de voir pour ne pas réaliser que l’affaire Nlandu prend désormais la tournure d’un procès politique. La prochaine audience est fixée à mercredi 27 décembre. En parcourant l’article précité de « MMC » (MultimediaCongo), il est clair qu’un plan qui ne dit pas son nom est en route pour étouffer toute forme d’opposition en RD Congo en général et celle incarnée par le cartel Union pour la Nation en particulier. Selon des sources bien informées, les « super faucons » de l’entourage présidentiel ont convaincu Joseph à « mâter » Jean-Pierre Bemba. « Si Bemba ne veut pas se comporter de manière « raisonnable », il subira le sort réservé à Savimbi », a déclaré, dans un cercle restreint, un diplomate européen en poste à Kinshasa. Cet agent diplomatique assure la main sur le cœur que ces propos ont été tenus par un proche conseiller de Kabila. Lors de la campagne électorale pour la présidentielle, le quotidien bruxellois « La Dernière Heure », sous la plume de son spécialiste maison promettait envisageait déjà cette « solution finale ». L’affaire Nlandu a tout l’air de « l’acte I » de ce plan. Ceux qui minimisent ce dossier pourraient se mordre les doigts. Après avoir présenté Marie-Thérèse N’Landu comme « prévenue irréfutablement » dans une affaire « de détention d’armes de guerre », MMC impute aux « partisans du candidat malheureux Jean-Pierre Bemba » la responsabilité d’avoir fait « brûler le siège de la Cour suprême de justice ». Pour la petite histoire, l’auteur de l’article omet de relever que « Marie-Thérèse » a été arrêtée non pas à la suite d’un mandat émis contre elle. La police s’est saisie de sa personne lorsqu’elle s’est présentée au siège de la Police afin de s’informer sur la situation de ses collaborateurs. Selon des témoins, l’avocate aurait eu une vive altercation verbale avec le fameux « colonel » Raüs.
Insolence
Après l’arrestation de Me Nlandu, ses proches confiaient que celle-ci a été arrêtée « pour insolence ». L’auteur de l’article semble confirmer que la juriste paie pour son franc-parler. L’accusée est présenté comme un membre non influente mais « particulièrement verbeuse » de l’Union pour la nation (UN), « plate-forme électorale qui a soutenu le candidat malheureux Jean-Pierre Bemba au second tour de l’élection présidentielle ». MMC de poursuivre que « (…) la bouillante avocate connue pour sa verve oratoire empreinte d’une verbosité sans pareille » a été chargée par « les maîtres de sa plate-forme occasionnelle » de mettre sur pied « un groupe d’anciens militaires pour opérer on ne sait encore exactement quel coup fourré ». Selon MMC toujours,
Me Nlandu était placée sous « surveillance étroite » par les services spéciaux de la police lesquels ont surpris une voiture en stationnement non loin de l’église catholique St-Luc au quartier Ma Campagne. « Fouillée de fond en comble, la voiture a révélé le contenu de son coffre qui contenait des grenades offensives », peut-on lire. « C’est alors que s’en est suivie l’interpellation des occupants de la voiture au quartier général des services spéciaux de la police, à Kin Mazières ».
C’est ici, à en croire MMC, que les occupants de la voiture « passèrent aux aveux sans trop de peine ». Le chauffeur fut, selon MMC, le premier à avouer que la voiture appartient à Mme Marie-Thérèse N’Landu. Et de poursuivre que les passagers de la voiture ont par contre fourni les « éléments clés constitutifs de cette affaire ». Quels sont ces éléments ? « Ils ont reconnu avoir fait partie de l’ancienne Garde civile dissoute avec l’arrivée au pouvoir de l’Afdl ». Est-ce un crime quand on voit tous les officiers ex-Faz qui fourmillent dans l’entourage de Joseph ? Les éléments ayant appartenu à l’ex-Garde civile seraient-ils moins congolais ou auraient-ils commis un crime particulier ? MMC ne s’arrête pas en si bon chemin. « Plus grave : ils avaient pour la circonstance reçu une mission spécifique bien précise en rapport avec la situation du moment ». Laquelle ? L’auteur de répondre : « Serait-il superflu de préciser que l’on se trouvait alors dans un contexte de bouillonnement politique surchauffé par l’agitation provoquée par les partisans de l’UN qui voulaient forcer la main aux hauts magistrats de la République statuant sur la requête en contestation des résultats électoraux du second tour de l’élection présidentielle introduite par Jean-Pierre Bemba en personne ». « Faudrait-il ajouter en plus que c’est dans la foulée de cette contestation que la cohue incontrôlée des partisans de l’UN avait envahi les abords de la Cour suprême de justice, mettant à sac une partie de ses installations, et infligeant aux hauts magistrats un affligeante dérobade en catastrophe par des issues improvisées afin d’échapper à la vindicte de leurs agresseurs potentiels ».
MMC de conclure : « Ainsi, (…), la police en est arrivée à conclure que l’avocate Marie-Thérèse N’Landu est la partie visible d’un iceberg ». Questions : qui a fourni à « MMC » toutes ces « informations judiciaires » censées être couvertes par le secret de l’instruction ? Le pouvoir kabiliste aurait-il tous les droits y compris celui de violer le secret d’instruction ?