Un cas de tragédie familiale pour Adam Bombole... K.O debout !
Histoire secrète d’une défaite électorale d’un candidat gouverneur de Kinshasa dans le camp UN : la désillusion au plus fort à la dimension de la grande assurance de la victoire malheureusement envolée.
Lundi 29 janvier dans la soirée. Dans sa résidence du bord du fleuve, JP Bemba Gombo, toujours président du MLC, leader de l’UN et candidat malheureux à la présidentielle ne décolère pas. Aux côtés de son père qui restera avec lui la majeure partie de la nuit il pose la terrible question : « Comment faire pour récupérer la ville ? ».
Sous-entendu Kinshasa, la toujours (re) belle capitale de la RD Congo. Une ville qui lui était toute acquise par la sociométrie électorale. Et dont il espérait faire un bastion au cœur du pouvoir kabiliste, en même temps qu’un symbole pour sa stratégie de conquête. Une ville qui lui a malheureusement échappé par l’un de ces étranges caprices dont le destin seul détient le secret. Samedi 27 janvier, le ticket Mlc (Adam Bombole - Fidèle Babata) chutait lourdement aux portes de l’Hôtel de Ville, face à un Kimbuta miraculeux, dont les mauvaises Langues disent qu’il doit avoir percé le secret de « More-More », le légendaire magicien du Stade des Martyrs, celui-là même qui n’a jamais réussi à faire gagner nos équipes représentatives en compétitions continentales.
Les 22 voix du MLC n’ont pas suffi. La question que JP Bemba Gombo ne pose pas brutalement n’en est pas moins dans toutes les têtes : qui donc a trahi ? Une question d’autant plus cruelle que face à JP Bemba se tiennent, ironie du sort, 27 députés provinciaux.
Le compte y est, ou presque. Pourtant, le samedi 27 janvier, lorsqu’ils quittent l’Hôtel Diplomate « où ils étaient soignés aux petits oignons, les députés MLC et alliés affichent une belle confiance. Personne ne peut croire qu’ils vont au devant d’une véritable déroute. D’autant plus inattendue que toute la ville, ou presque, chante la gloire du « Igwe », ce chef aimé, adulé et respecté tire des feuilletons nigérians.
Tragédie familiale
Lundi son père et fils ont longuement échangé. Personne ne sait ce qu’ils se sont dit. N’empêche : la déroute subie par le MLC/UN dans la capitale est aussi une histoire de famille. Une véritable tragédie grecque. Les pressions exercées sur les chefs coutumiers n’expliquent pas tout. La défection vraie ou supposée des alliés non plus.
C’est vrai que le pouvoir n’avait pas d’autre choix que de mettre le paquet pour diriger cette capitale rebelle faute de s’en faire aimer. Tout comme il reste vrai qu’une gestion maladroite des ambitions a pu à la fois effaroucher le pouvoir qui envisageait avec inquiétude la victoire d’un duo Mlc pur et dur - et blesser les alliés.
Mais pas seulement les alliés. Lorsqu’ils ont des oreilles et des yeux, comme disait feu Luambo Franco, les murs de Kinshasa écrivent l’histoire du grand peuple de la capitale, racontent hauts faits et déboires de ceux qui la font et la défont, de l’homme politique au musicien, en passant par le footballeur, le médecin, le professeur, le magistrat, l’officier militaire.
Jeannot Bemba Saolona eût sans doute été le meilleur candidat de la « transition l’homme des passerelles. Mais combien savaient-ils que Jeannot » n’a eu que le temps d’esquisser le projet d’une candidature avant d’être houspillé, attaqué, vilipendé, laminé par des jeunes mousquetaires qui n’ont plus aujourd’hui que leurs yeux pour regretter leurs ambitions envolées. Des SMS et des coups de téléphone anonymes lui ont été adressés pour rappeler ce que certains continuent de nommer trahison », ce passé « kabiliste » qui mit face à face père et fils au plus fort de la révolution afdélienne.
Au coin du feu
Reste que s’il s’est incliné, s’il a plié, « Jeannot » n’a pas rompu. Devant son fils médusé, il a chaque fois apporté la preuve de sa capacité manœuvrière.
A l’exemple de ce repli en douceur à l’Equateur, où le vieux baroudeur a réussi à arracher, aux forceps, un siège de sénateur, avant de soutenir, avec succès, José Makila au gouvernorat. D’aucuns y ont vu un juste retour des choses.
Il restera, évidemment, à savoir si la leçon a porté. Face à ces jeunes loups aux dents longues qui ont tout brouillé. Ou qui n’ont pas hésité à remuer le couteau dans la plaie des relations familiales parfois difficiles contre le père et le fils.
A l’heure du bilan, force est de se rendre à l’évidence : l’un et l’autre ont le devoir de se réconcilier au coin du feu. D’invoquer ensemble les bénédictions de Dieu et des ancêtres. De boire dans la même coupe et de partager le même repas. C’est la condition pour que demain soit un autre jour.