Ils ont vidé les caisses de l’Etat...
Les deux derniers mois de pouvoir des autorités de la transition ont été particulièrement dépensiers.
Le nouveau gouvernement a décidé qu'un audit établira l'état des ministères. Les ministres devront déclarer leur patrimoine.
Placé à la tête du premier gouvernement issu d'élections pluralistes depuis quarante ans, Antoine Gizenga a promis, lors de son investiture, le 24 février dernier, une "tolérance zéro vis-à-vis de la corruption, des audits dans toutes les entreprises du portefeuille (NdlR : appartenant à l'Etat), la prison pour les détourneurs et le chômage pour les ministres incompétents", rapportait alors le journal kinois "Le Phare".
"Catastrophique"
Dès le premier conseil des ministres, le 10 mars, il a fallu constater que la situation financière des ministères hérités de l'équipe de la transition est "catastrophique".
Selon le gouverneur de la Banque centrale, Jean-Claude Masangu, le déficit public des seuls mois de janvier et février 2007 - soit juste avant le départ des "sortants" - atteindrait 50 milliards de francs congolais (environ 70 millions d'euros). Pour toute l'année 2006, il était de 29 milliards de FC.
Le journal "Le Potentiel" attribue ce "trou" aux "indemnités de sortie" de fonction que se seraient octroyé les ministres de la transition, ainsi qu'au fait qu'ils auraient favorisé le paiement de factures à des tiers "pour des raisons faciles à deviner", c'est-à-dire en vue d'un partage ultérieur, comme cela se pratique couramment au Congo. Selon ce journal, les sommes ainsi déversées sur le marché des changes ont été telles que le franc congolais s'est déprécié face au dollar. De fait, selon une mission du Fonds monétaire international, il s'est déprécié de 10 pc sur ces deux mois, ce qui a entraîné une hausse des prix de 4 pc.
Selon le porte-parole du gouvernement congolais, les inventaires des immeubles et infrastructures abritant les services de l'Etat faits par les ministres sortants sont "non fiables". Et de déplorer "l'état de délabrement avancé des bâtiments publics et des cessions indues des véhicules de l'Etat au profit des membres des cabinets sortants".
Le gouvernement Gizenga a donc décidé qu'un audit établira la véritable situation des ministères lors de la prise de fonction des nouveaux détenteurs du pouvoir. "L'audit concernera l'ensemble du patrimoine de l'Etat et la certification des titres de propriété" de ce dernier, a indiqué le porte-parole du cabinet.
Le président Kabila a pour sa part rappelé que, selon la nouvelle Constitution, les ministres doivent déclarer leur patrimoine familial à leur prise de fonction.
Aide de tous les azimuts
Deux jours avant ce conseil des ministres, le ministre belge de la Coopération, Armand De Decker avait signé à Kinshasa un programme indicatif de coopération au développement portant sur 195 millions d'euros pour les années 2007 à 2010, soit 65 millions par an.
Le 10 mars, l'Union européenne indiquait à Kinshasa, par la voix du commissaire européen au Développement, le Belge Louis Michel, qu'elle accordait 161 millions d'euros au Congo pour une série de projets portant sur l'assainissement de Kinshasa, la réhabilitation de routes et l'appui à la bonne gouvernance en matière de justice, police et finances publiques.
Le 12, le président de la Banque mondiale, l'Américain Paul Wolfowitz, a annoncé 180 millions de dollars (environ 135 millions d'euros) pour les infrastructures (essentiellement les routes et les points d'eau) mais exige des résultats palpables "dans les six mois". Pour 2008, 2009 et 2010, un financement de 1,4 milliard de dollars est prévu. Enfin le FMI accompagnera le nouveau gouvernement congolais malgré l'échec du programme relais de consolidation à atteindre les objectifs fixés.
LB