Le gouvernement Gizenga perd la tête...
Massacres du Bas-Congo, Affaire Kahemba, Affrontements des 22 et 23 mars, Dossier Nkunda, le Premier ministre Gizenga a été cueilli à froid avec une montagne de dossiers, et non des moindres. La capacité du gouvernement est mise à rude épreuve 36 jours après son investiture. L’Exécutif n’a pas encore une réponse précise à toutes ces questions d’actualité pour convaincre.
Le Premier ministre Gizenga et son gouvernement n’ont pas eu le temps de se familiariser avec tous les dossiers tant il est vrai qu’ils ont été cueillis à froid, comme diraient les sportifs, dès leur entrée en fonction. C’était le 24 février 2007. A la date d’aujourd’hui, ils sont à leur 36è jour de gouvernance.
Ils avaient déjà trouvé sur la table au moment de la remise et reprise le dossier sur les massacres du Bas - Congo. Ensuite, survient l’Affaire Kahemba dont on ne connaît pas encore l’épilogue. Mais voilà que les 22 et 23 mars, les affrontements de Kinshasa viennent de s’ajouter.
Trois dossiers importants dont les issues auront un impact direct sur le processus politique en République démocratique du Congo. Et bien sûr au niveau de la région des Grands Lacs si la République démocratique du Congo et l’Angola ne parvenaient pas rapidement à un compromis. Trois dossiers importants qui soulèvent désormais plusieurs interrogations en ce début de la IIIè République sur la suite des événements politiques.
LA GESTION QUOTIDIENNE
Il ne faut pas aller par quatre chemins pour reconnaître qu’à travers ces importants dossiers, hormis bien sûr celui du grand déficit financier laissé par le gouvernement de transition qui a vidé toutes les caisses, c’est la capacité du gouvernement à gérer des situations, complexes soient-elles, qui est mise à rude épreuve.
La question fondamentale est celle de savoir si le gouvernement a fonctionné en toute cohésion devant et durant toutes ces épreuves. Certes, le gouvernement Gizenga a hérité du dossier du Massacre du Bas-Congo. Il ne pouvait réagir en ces moments. Aujourd’hui, l’Exécutif attend les résultats de la Commission d’enquête parlementaire ainsi que celle du Procureur de la République pour décider sûrement en conséquence. Une décision très attendue si l’on prend en compte les déclarations du président de la République faites lors de son dernier point de presse, soulignant que dorénavant, la gestion quotidienne du pays relève du gouvernement. En d’autres termes, c’est qu’en plus des enquêtes menées par la Monuc, l’Assemblée nationale et le procureur de la République, le gouvernement devra opposer le rapport du ministre de l’Intérieur qui a agi en son nom.
Il en est de même de l’Affaire Kahemba. Mais à ce niveau, la question fondamentale est celle de savoir si le Premier ministre a réussi à aplanir le différend entre les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères. On ne sait toujours pas si ce différend a été évacué pour que le gouvernement ne parle que d’une seule voix devant le rapport de la Commission parlementaire instituée à cette fin et qui se trouve à Kahemba.
Enfin, il y a eu les combats de Kinshasa. La version du gouvernement est connue de tous et une première décision est prise ; celle d’établir un mandat d’arrêt à l’endroit de l’ancien vice-président de la République, Jean-Pierre Bemba. Ce mandat sera-t-il exécuté ?
En fait, ces trois dossiers constituent effectivement des tests à l’endroit du gouvernement qui doit prouver sa capacité à gérer le quotidien. Pour démontrer justement cette capacité, l’Exécutif est obligé de publier les premiers résultats de l’enquête.
GIZENGA :GOUVERNER
Cependant, en observant de très près ces trois dossiers, on ne voit que timidement où le gouvernement apparaît en première ligne, donnant la version des faits. Dans les Affaires Bas-Congo et Kahemba, tout s’est passé jusque-là comme un problème relevant du seul ministre d’Etat à l’Intérieur.
Quant aux affrontements de Kinshasa, les choses sont allées tellement vite que l’affaire a été ramenée au niveau du Président de la République On n a pas suivi, de façon frappante, la réaction du Premier ministre qui, conformément à l’Article 90 de la Constitution, « est responsable des actes du gouvernement devant l’Assemblée nationale ». Certes, le président de la République s’es étendu longuement là-dessus et sur un ton ferme il a affirmé sa volonté de faire respecter les institutions de la transition. Aussi, aurait-il été aussi beaucoup plus rassurant et convaincant que le Premier ministre intervienne à son tour pour souligner la fermeté et la détermination du gouvernement quant à la poursuite normale du processus politique en République démocratique du Congo.
Il s’agit-là des signes évidents prouvant que le gouvernement «gère ». Malheureusement, l’impression que l’on retient de l’attitude du gouvernement, c’est qu’il est submergé. Dire que le gouvernement Gizenga dispose de 100 jours pour convaincre. Déjà, 36 jours viennent de s’écouler...