Et oui ! Mr. Bemba, il est l’heure... Retour incertain au pays natal ?
Il reste moins de dix jours avant d’atteindre le chiffre de 60 jours
réglementaires qu’on avait accordé à Jean Pierre Bemba pour commencer et
terminer des soins médicaux au Portugal, mais l’intéressé ne donne pas de signes
avant coureurs de son retour en RDC. *Le mutisme du chef du Mlc sur cette
question contraste avec ses prises de position récentes, notamment au sujet de
son éventuelle mise en examen par la CPI dans l’affaire des massacres de Bangui,
en République centrafricaine. *Ce silence fait s’interroger l’opinion congolaise
qui croit que le chef du Mlc serait prêt à renoncer à son mandat de sénateur
pour commencer dès à présent à peaufiner sa stratégie de défense dans le procès
qui approche à vitesse grand V. *Compte tenu de son absentéisme prononcé, JP
Bemba risque d’être rayé de la liste des sénateurs ; par voie de conséquence,
l’homme n’a plus aucune bouée de sauvetage pour s’y accrocher et différer tant
soit peu le moment où il serait rattrapé par le rouleau compresseur de la
justice internationale.
L’Opposition congolaise ressemble depuis
quelques temps à une hydre sans tête ni davantage de membres.
Depuis le
départ de Jean Pierre Bemba au Portugal pour raison de santé, la fièvre
obsidionale d’entre les deux tours de l’élection présidentielle est retombée en
République Démocratique du Congo. Ce départ survenu au lendemain des
affrontements qui avaient opposé les éléments armés de l’ancien Vice président
de la République aux militaires de l’armée régulière congolaise, avait laissé un
goût de cendres dans les gosiers de ses fidèles du Mouvement de libération du
Congo. Mais il avait aussi donné à la classe politique congolaise l’espoir
d’évoluer dorénavant vers l’installation d’un Etat de droit, sans bruit de
bottes ni menaces verbales quotidiennes. On espérait également que le chef du
MLC mettrait à profit son séjour de 60 jours au Portugal pour se refaire une
virginité politique afin de reprendre sa place au Sénat où il a été élu de la
plus régulière des façons. Aujourd’hui ce séjour est en voie d’expiration et
l’opinion s’interroge si Jean Pierre Bemba va tout bonnement revenir au Congo
Démocratique pour jouer son rôle d’opposant. Car entre temps, beaucoup d’eau a
déjà coulé sous les ponts depuis ce 02 avril2007.
Le Sénat appelé à
prendre son rôle au sérieux pour se prononcer sur l’absentéisme de JP
Bemba
Selon nos informations le président du Mlc et de l’Un se porte
maintenant comme il faut. Sa santé s’est notablement améliorée depuis qu’il
soigne sa jambe au Portugal. Sur la paire des béquilles qui le soutenaient
depuis, il n’en reste qu’une moitié. L’homme a même réagi dernièrement à sa
manière vigoureuse, sur l’ouverture de l’enquête de la Cour Pénale
Internationale sur les évènements de Bangui en Centrafrique en 2003, et qui
semble le viser en particulier. Il a nié en bloc une quelconque participation de
sa personne dans les massacres qui ont ponctué la tentative par le Général
Bozizé de prendre le pouvoir, détenu à cette époque par l’ancien président Ange
Félix Patassé. Une autre manifestation de la vitalité du "Chairman " est le fait
qu’il communique souvent avec ses amis ; l’homme a parlé à plusieurs reprises au
téléphone avec l’Ambassadeur du Portugal en RD Congo, M Costa Duarté qui venait
de passer quelques jours dans son pays.
Logiquement le retour de Jean
Pierre Bemba en République Démocratique du Congo ne pose plus problème, du moins
sur le plan strictement sanitaire. Les choses se compliquent lorsqu’on aborde le
problème Bemba à la lumière de nombreux avatars politiques qui accompagnent sa
vie sociale. Tout d’abord ses ambitions politiques sont revues à la baisse, et
pour cause. Si M Bemba avait suivi un parcours normal, avec le score électoral à
l’élection présidentielle qui a fait de lui automatiquement le chef de file de
l’Opposition, il aurait été élu président du Sénat. Ce poste est aujourd’hui
occupé par un vétéran de la politique, Kengo Wa Dondo, qui n’est pas
spécialement un ami de la famille Bemba en dépit de certaines accointances
provinciales.
Dans le même ordre d’idées, si son parcours politique
n’avait pas été émaillé d’incidents militaires, il aurait devant lui tout son
avenir politique, étant donné qu’il est encore assez jeune pour s’assagir et
attendre son temps. Au lieu de cela, cet avenir semble compromis par des menaces
sérieuses d’arrestation. La CPI a donné le ton mardi dernier dans l’affaire du
massacre de Bangui, la capitale centrafricaine, et il est à peu près sûr que le
bouillant homme d’Etat ne va pas échapper aux mailles du filet de la justice
internationale. Une certaine presse locale sur place ici en RD Congo s’est
donnée beaucoup de mal pour affirmer que le retour de JP Bemba à Kinshasa serait
un modèle soviétique du triomphalisme ; elle prétend que l’homme marchera à pied
de l’aéroport de N’djili au centre ville à pied comme une parade. Rien n’est
moins sûr. Jean Pierre Bemba a beaucoup de plomb sur ses ailes pour continuer à
survoler le ciel politique congolais, tel un aigle royal.
Tout bien
considéré, l’homme est entrain de se poser mille et une questions, même si il
n’a rien perdu de sa verve oratoire. Cette réflexion prolongée risque de
l’amener à dépasser le délai réglementaire de 60 jours qui lui avait été imparti
pour accomplir son check up au Portugal. Dans un tel cas, le Sénat congolais
pourra éventuellement constater son absentéisme, et vraisemblablement décider de
son expulsion de ce corps législatif, au profit d’un suppléant beaucoup moins
conflictuel. A ce sujet, il est à noter que depuis son élection comme Sénateur,
JP Bemba n’a pour ainsi dire, pas mis les pieds au Palais du peuple pour siéger
avec ses pairs. Les Congolais savent que l’homme qui a perdu les élections
présidentielles n’a pas plus envie de siéger au Sénat que d’aller se replonger
dans les maquis de l’Equateur. Le poste de sénateur n’est pour lui qu’un pis
aller, sinon ça aurait été un strapontin pour autre chose qui n’est
malheureusement pas arrivé.
Sans parapluie protecteur, JP Bemba est à la
merci des griffes de la CPI
Le séjour au Portugal de M Bemba n’est pas un
exil proprement dit. Il en aura certainement besoin dans les jours qui viennent.
Le monde qui est déjà si petit par la technologie de l’information, est entrain
de s’amoindrir encore pour M Bemba. Au Portugal où il se trouve, le chef du Mlc
dispose d’un visa français sous le label " Schengen ".
Les autorités
portugaises n’ont donc aucun droit d’exercer sur lui des contraintes pour hâter
son retour dans son pays, la RDC. Libre pour un temps, JP Bemba n’a cependant
pas l’embarras du choix quant au pays où il compte demeurer pour du bon, dans le
cas d’un renoncement de son mandat de sénateur. Mais le visa Schengen ne lui
donne aucune garantie de sécurité contre la redoutable justice
internationale.
Tous les pays de cette zone sont signataires des traités
d’extradition mutuels. Contrairement aux allégations d’une certaine presse,
Kengo Wa Dondo, le président du sénat congolais ne constitue pas un bouclier
zoulou pour la sécurité de JP Bemba et son retour triomphal en RDC. La RDC
d’ailleurs peut se laver les mains sans trop se préoccuper de ce qui va arriver
à son illustre fils d’adoption. A ce niveau du développement de la situation, il
ne reste pour lui qu’à se résigner, ou à se battre pour affronter avec dignité
le destin qui est le sien. Une chose est sûre, on n’échappe pas à son
destin.