Kinshasa: Assemblée provinciale...casseurs et pyromanes en action !
A l’instar d’une automobile dépourvu de moteur et de pneumatiques, le gouvernement provincial de Kinshasa a du mal à se branler. Ce mardi 5 juin 2007 est le jour de vérité pour les députés provinciaux qui doivent décider du sort à réserver au gouvernement proposé par André Kimbuta Yango, gouverneur de la ville. A la base, la motion de méfiance introduite par le député provincial Bolema à la séance du mercredi 30 mai 2007. En exigeant le rejet du gouvernement de André Kimbuta, la motion a la grave conséquence de mettre en danger les jours du gouverneur à l’Hôtel de ville de Kinshasa. Près de trois mois après son installation, l’Assemblée provinciale de Kinshasa, à dominance Union pour la nation (UN), est aujourd’hui au bord de l’implosion.
Après le report de sa séance de vendredi 1er juin, l’Assemblée provinciale de Kinshasa doit se retrouver, sauf imprévu, ce mardi 5 juin 2007 en séance ordinaire pour examiner la motion de méfiance contre le gouvernement provincial proposé tout récemment par André Kimbuta.
Cette motion, on s’en souvient, avait été déposée par le député provincial Bolema du Mouvement de libération du Congo (MLC), membre de l’Union pour la nation (UN), à la séance plénière de l’organe délibérant du mercredi 30 mai dernier.
Mais, cette motion est en voie de créer un véritable tsunami au sein de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, mettant à rude épreuve le nerfs de André Kimbuta dont les jours semblent comptés à la tête de l’Hôtel de ville de Kinshasa.
UN DEBAT LOURD DE CONSEQUENCES
Si la semaine dernière, le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Roger Nsingi Mbemba, a pu éviter le traitement séance tenante de cette motion de méfiance, la jugeant inopportune en cette session au regard de la loi, il risque de ne pas en être le cas aujourd’hui mardi. 5 juin.
Se référant à la loi, il a alors indiqué qu’elle devait être déposée 48 heures auparavant pour que le bureau en fasse un examen approfondi avant de la soumettre à l’appréciation de la plénière.
Fort des arguments avancés par le président Roger Nsingi Mbemba, le député Bolema s’est finalement plié aux exigences du bureau en déposant préalablement sa motion pour un traitement ultérieur. Le bureau s’est, à l’occasion, donné 48 heures pour l’examiner et voir l’opportunité de la soumettre aux députés provinciaux.
« Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par poindre », selon un vieil adage. Et, le jour de vérité à l’Assemblée est aujurd’hui mardi 5 juin. En inscrivant à son ordre du jour l’examen en plénière de la motion du député Bolema, l’Assemblée provinciale va donc s’engager dans un débat lourd de conséquences pour les actuels responsables de l’Hôtel de ville, tous issus de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP).
A titre de rappel, la séance du 30 mai 2007 devait avoir à son ordre du jour la présentation officielle devant l’Assemblée provinciale du programme d’action du gouvernement local par le gouverneur de la ville.
Ce programme, axé sur la refondation de la ville de Kinshasa, prévoit sept axes, s’inscrivant logiquement dans la droite ligne de cinq chantiers du chef de l’Etat, Joseph Kabila. Il s’articule autour de la salubrité publique, l’accès à l’eau potable et à l’électricité, l’appui aux secteurs de l’enseignement et de la santé, la protection civile, la formation citoyenne, la réinsertion des jeunes désœuvrés et de la réhabilitation des infrastructures et de la bonne gouvernance.
Lors du débat général qui a suivi sa présentation, les avis des députés provinciaux ont été nettement partagés sur sa fiabilité. Ceux proches de l’AMP ont, malgré l’appel à certains réaménagements, promis d’apporter tout leur soutien au gouverneur de la ville.
A contrario, les députés de l’UN ont développé un discours diamétralement opposé, qualifiant ce programme de « chapelet de bonnes intentions » qui est loin de contribuer au vœu de son géniteur de conduire à la refondation de la ville de Kinshasa.
S’étant inscrit au départ pour une motion incidentielle, le député Bolema proche de l’Union pour la nation, a soulevé une question à laquelle nul ne s’attendait. A la place d’une motion incidentielle, il a donc présenté une motion de méfiance contre le gouvernement provincial. Après l’avoir suivi religieusement, le président du bureau de l’organe délibérant lui a fait remarquer le non respect de la procédure légale. C’est-à-dire le dépôt de la motion avant 48 heures avant qu’elle ne soit examinée d’abord par le bureau avant d’être soumise à l’Assemblée provinciale.
A noter que le Cinépolis, qui abritait ces assises, était plein à craquer. Les sympathisants du gouverneur de la ville étaient venus nombreux pour lui apporter leur soutien.
MEFIANCE A L’ENDROIT DU GOUVERNEUR
Ayant suspendu la séance, sans doute à cause de la pertinence de la question soulevée par le député Bolema, l’Assemblée provinciale devait alors se réunir le vendredi 1er juin pour vider les points litigieux de la séance du mercredi 30 mai et, éventuellement, donner l’occasion au gouverneur de la ville de présenter ses moyens de défense.
Mais, contre toute attente, vendredi dernier a été un rendez-vous manqué pour cet événement qui, comme deux jours auparavant, avait dû mobiliser les sympathisants de deux principales forces de l’Assemblée provinciale de Kinshasa.
Dans sa brève intervention, Roger Nsingi Mbemba a révélé que « la méfiance contre le gouvernement a priorité sur la question principale prévue initialement au programme de la séance du jour », annonçant pour le mardi 5 juin l’audition des réponses du gouverneur de la ville aux griefs mis à sa charge dans la motion de méfiance.
Si la motion est approuvée à la majorité absolue des députés présents à la séance, le gouvernement provincial ne sera pas investi. Ce qui, constitutionnellement, amènera André Kimbuta à présenter sa démission.
A ce propos, les dernières informations en notre possession renseignent que deux députés provinciaux de Kinshasa seraient séquestrés depuis vendredi 1er juin, au motif inavoué de les empêcher de participer au vote sur la motion contre le gouverneur André Kimbuta.
Il convient de noter qu’au vu des forces en présence à l’Assemblée provinciale de Kinshasa (25 députés pour l’UN et 23 pour l’Amp), le vote s’annonce serré. Par conséquent, chaque voix vaudra son pesant d’or, au propre comme au figuré.
L’arithmétique électorale sera fort compliquée. La voix du président sera peut-être prépondérante en cas d’égalité. Mais, rien ne prouve que Roger Nsingi – proche de l’UN - pourra tirer Kimbuta de ce qui a tout l’air d’un véritable guet-apens.
Rectificatif
Dans la manchette de notre édition n°4039 du lundi 4 juin 2007, parue
sous le titre : « Mines et contrats léonins au Katanga : Des maffieux gagnent
des millions d’euros », nous avons omis de mentionner clairement la source de
cet article paru sous son titre original : « Ferveur boursière au Katanga » à
l’édition du 17 mai 2007 du journal Belge « Trends Tendances ».
A notre confrère Belge, qui s’est senti lésé par cette omission, nous
présentons toutes nos excuses.