PPRD-MLC face aux nouveaux enjeux politiques

Les partis politiques qui étaient en veilleuse se réveillent. L’heure a sonné pour faire le ménage. Le Parti du peuple pour la reconstruction et le développement, PPRD, et le Mouvement de libération pour le Congo, Mlc, viennent de donner le ton. Mais chacun y allant de son style.

En effet, dans une interview-portrait, Vital Kamerhe, en sa qualité de Secrétaire général du PPRD, a choqué certains des « caciques » de son parti par ses propos. Il insiste sur la convocation urgente du congrès de ce parti projeté au mois de septembre. Car, il y a des frustrations dans la demeure. Donc, mauvaise gestion.

Au MLC, la déclaration politique sanctionnant la dernière « Convention politique » de ce parti est sans équivoque. Une critique sévère : clientélisme, mauvaise gestion des ressources humaines, financières ; des ambitions politiques. Mais surtout une forte concentration des pouvoirs par des organes centraux. Une « petite dictature », diraient les autres.

Curieuse coïncidence. Comme si Vital Kamerhe et François Mwamba annonçaient déjà les couleurs de la « Révolution d’automne », certainement que l’on va secouer le cocotier au regard des enjeux politiques qui pointent à l’horizon.

Dans les précisions qu’ il a apportées à Jeune Afrique sur ses dernières déclarations, Vital Kamerhe, président de l’ Assemble nationale et secrétaire général du PPRD, a été on ne peut plus clair quant au climat qui règne au sein de ce parti. « J’assume également mes propos sur le climat actuel dans notre famille politique. Car, je suis convaincu de l’ urgente nécessité de battre le rappel des troupes. C’est le moment de remobiliser nos militants pour qu’ils ne se laissent pas happer par nos adversaires politiques. Nous ne devons pas donner l’impression que nous n’avons eu besoin d’eux que pour les dernières élections et qu’ une fois élus, ils ne comptent plus. Je confirme et j’ assume le fait qu’il y a à l’heure actuelle, beaucoup de frustrations dans le Parti et au sein de l’ Alliance. Il est temps que le chef de l’Etat recadre rapidement les choses. J’ajoute, en conclusion, qu’en tant qu’homme politique responsable et loyal, je me devais, quitte à choquer certains, d’attirer l’attention du chef de l’Etat sur cette urgence ». Sauf changement de dernière minute, ce recadrage pourrait intervenir au mois de septembre prochain, mois retenu pour le congrès du PPRD à Lubumbashi.

Du côté du MLC, le son de cloche est venu de la dernière Convention politique qui s’est tenue du 20 au 22 juillet au Grand Hôtel Kinshasa. Dans la Déclaration politique qui a sanctionné ces travaux, la critique a été sévère : « Les participants ont procédé à la critique sans concession du Parti et relevé les problèmes liés aux pratiques clientélistes, à la mauvaise gestion des ressources et des ambitions, à la forte concentration des pouvoirs par des organes centraux au détriment des organes locaux, qui réduisent la capacité de mobilisation et l’efficacité du parti dans le pays. Après avoir rappelé les quatre mutations du MLC : mouvement insurrectionnel, mouvement politico-militaire, parti politique post-conflit, et enfin parti politique d’opposition post-électoral, les participants recommandent une plus forte démocratisation, la restructuration et la décentralisation du fonctionnement du parti, ainsi que la mise en œuvre d’une politique transparente de gestion d’hommes et de leurs ambitions, fondée sur le dialogue et le respect mutuel. A cet effet, les participants recommandent fortement la convocation et la tenue rapide des assises du Conseil des Représentants, pour sanctionner les recommandations des présentes assises ». Les choses sont claires : le MLC réclame également son congrès. Au mois de septembre probablement.

SEPTEMBRE DE TOUS LES ENJEUX

Qu’on ne s’y méprenne pas. Le mois de septembre sera incontestablement un mois de « grands événements politiques ». L’on dirait mieux, de la « deuxième grande rentrée politique ».

Il y a d’abord ce congrès du PPRD qui devra se dérouler à Lubumbashi. Ce congrès sera marqué inévitablement par le réajustement structurel des organes centraux du parti après la nomination de hauts cadres du PPRD aux différentes institutions. Allusion faite au secrétaire général, Vital Kamerhe, aujourd’hui Président de l’ Assemblée nationale.

Si l’ article 108 de la Constitution s’applique à lui pour des raisons d’incompatibilité de fonctions, le même article est également opposable à Mme Lukiana, à M. Thsikez ; pour ne citer que ces deux personnalités, membres du gouvernement. Ces deux personnalités doivent démissionner du bureau exécutif du parti. Il faudra pourvoir à leur remplacement.

Un changement donc en perspective dans la mesure où il sera aussi question de préserver la majoritaire parlementaire. Or, comme l’a si bien dit Vital Kamerhe, il y a bien des frustrations qu’il faudra gérer pour éviter que des « militants soient happés par des adversaires politiques ».

Le MLC, quant à lui, a mis le cap sur l’ avenir. Dans un premier temps, il faudra obtenir le poste de « porte-parole » de l’Opposition après avoir procédé à la redistribution des cartes au sein du parti. En dénonçant cette concentration du pouvoir par des organes centraux, pour ne pas dire entre les mains « d’une seule personne », il y a bien là un travail de reconversion de mentalité, de révolution pour revenir à des pratiques classiques que les travaux de la Convention politique ont initiées.

Mais le mois de septembre est également celui du deuxième test du gouvernement pour présenter le budget 2007 réactualisé et déposé pendant la même période le projet de Budget 2008. Un mois qui sera également consacré à établir le bilan du gouvernement pour tirer les conséquences qui s’imposent sur son action.

A la lumière des résultats de six premiers mois marqués par des insuffisances, un certain immobilisme dénoncé même par des partenaires extérieurs en plus d’un manque de « leadership fort », il ne serait pas surprenant qu’ un réaménagement technique s’impose au sein de l’équipe gouvernementale pour des raisons d’efficacité. Or, tous ces faits évoqués ci-dessus se lient. La tenue des congrès, le réajustement structurel et la redynamisation idéologique devront absolument tenir compte du bilan qui sera établi sur l’action du gouvernement. Entre-temps, le 15 septembre 2007, sera marquée par la rentrée parlementaire.

Autant d’enjeux politiques qui auront un impact sur les partis politiques. Particulièrement sur le PPRD et le MLC. L’on parle déjà de la « Révolution d’automne » au sein de ces formations politiques tant il est vrai que toutes les conditions sont réunies pour imposer une restructuration en profondeur. Futurs enjeux politiques obligent.