La série noire continue !
Patrick Kikuku Wilungula. C’est le nom du reporter-photographe de l’Agence Congolaise de Presse et du journal Hebdo de l’Est, paraissant à Kinshasa qui a été froidement abattu à la suite d’une balle tirée à bout portant dans la tête, par des hommes armés à quelque 50 mètres de son domicile sis quartier Ndosho, commune de Karisimbi, à Goma.
Comme d’habitude, l’identité des assassins et le mobile du crime ne sont pas connus. Et pourtant, selon les témoignages recueillis sur le lieu du crime, après le forfait, les meurtriers n’ont emporté que l’appareil photographique de marque Canon EOS digital. Tandis que d’autres biens de valeur notamment, les téléphones cellulaires, l’argent que ce reporter-photographe avait sur lui n’ont pas été touchés. Le mobile du crime ne peut être que l’étranglement de la vérité, de l’information.
Patrick Kikuku est tombé, armes à la main, deux mois seulement après Serge Maheshe de Radio Okapi lâchement abattu dans les conditions similaires dans cette partie orientale de la République Démocratique du Congo où l’insécurité, les actes de barbarie et les violations massives de droits de l’homme interpellent tout le monde. Il vient d’allonger inutilement la liste noire des professionnels des médias fauchés depuis le mois de novembre 2005 dans notre pays.
Que faire ? S’interrogent certainement les professionnels des médias d’un Congo-Kinshasa bien positionné en tête de série des pays où la liberté de la presse est sérieusement mise en mal.
Les organisations corporatives de la presse vont reprendre sans nul doute le même tube : ‘‘demandons au gouvernement congolais de faire toute la lumière sur ce crime, de chercher leurs auteurs et de les déférer devant les instances judiciaires, qu’ils soient jugés et condamnés’’. C’est du déjà entendu. C’est du déjà fait. On a vu les vrais-faux ou des faux-vrais présumés assassins du couple Franck Ngyke Kangundu, Bapuwa Mwamba, Serge Maheshe traînés devant les cours des tribunaux. Seulement, les membres de familles, les amis voire les collègues des disparus ont été sidérés par les reports à rabâchage des audiences qui ne cessent de tirer en longueur sans lueur de vérité.
Un autre refrain. Les marches de protestation avec comme point de chute, le dépôt des mémorandums, du reste sans suite, ça et là auprès des autorités politico-administratives et militaires du pays.
Ecrans noirs, journées sans presse sont autant de recettes qui ont fait leur temps. Changeons des tactiques et stratégies pour pousser véritablement les autorités gouvernementales à prendre à bras-le-corps la question de la sécurité des professionnels des médias qui sont appelés à jouer ou qui jouent déjà un rôle prépondérant dans l’apprentissage démocratique en République Démocratique du Congo.
Pas de démocratie sans informations. Et pas d’informations sans professionnels des médias.