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LOSAKO
18 août 2007

Le formateur Yves Leterme comme Gizenga... Patauge dans le potopoto communautaire

Leterme3Soixante-dix jours après les législatives du 10 juin dernier, le royaume de Belgique n’a toujours pas de gouvernement. En cause, les Flamands veulent aller plus loin dans les réformes institutionnelles. Les Francophones suspectent ces derniers de conduire la Belgique vers le confédéralisme. Des Congolais de Belgique suivent avec intérêt la formation de la future équipe « Leterme I ».

C’est l’histoire de deux entreprises belges. L’une wallonne, l’autre flamande. « Ici, on parle français », indique une grande pancarte fixée à l’entrée de la première. « Ici, on travaille », répond une banderole placée sur le fronton de la seconde. Bien que caricaturale, cette anecdote résume dans une certaine mesure le « mal être » belge. Un mois après sa désignation par le roi Albert II, le démocrate-chrétien Yves Leterme - dont la formation politique CD&V est sortie victorieuse des législatives du 10 juin – peine à mettre sur pied un gouvernement de coalition avec les libéraux. Au lendemain de cette consultation politique, Leterme avait fait savoir qu’il ne souhaitait pas former de gouvernement tant qu’un « accord minimal » n’aurait pas été trouvé sur la poursuite de la réforme de l’Etat. Région la plus puissante de Belgique au double plan économique et politique, la Flandre exige encore plus d’autonomie en faveur des Régions. Une sorte de confédéralisme où chaque entité prendrait en mains son destin économique et social. Le pouvoir central, limité à quelques compétences minimales. Représentées notamment par le libéral Didier Reynders (MR), la centriste Joëlle Milquet (CDh) et le FDF (Front des démocrates francophones) Olivier Maingain, la Wallonie et Bruxelles, dont la reprise économique avance plutôt lentement, fait la moue. Elles posent quelques conditions dont l’élargissement de la Région Bruxelles-Capitale aux communes dites « à facilités » situées en Flandre, mais habitées par une population à majorité francophone.

Déclaration de guerre

Une véritable déclaration de guerre, dit-on, dans ces certains milieux politiques flamands. Les Belges francophones sont accusés de chercher à violer l’ « intégrité territoriale » de la Belgique néerlandophone. Le sacro-saint droit du sol. « Les francophones veulent régenter les affaires relevant de la compétence flamande », tonne un ami du Nord du pays accusant au passage les Wallons et autres Bruxellois de ne fournir « aucun effort » pour apprendre la langue de Vondel. Le néerlandais. « Alors que chaque Flamand vivant en Wallonie s’empresse d’apprendre les rudiments du français ». L’autre grief : « Les Francophones coûtent chers à la Flandre en termes de transferts de sécurité sociale ». Yves Leterme pourra-t-il réussir là où les informateurs Didier Reynders et Jean-Luc Dehaene, surnommé « le démineur », se sont limités à diagnostiquer les questions qui fâchent ? Pourra-t-il trouver une solution gagnant-gagnant susceptible de concilier les exigences des «séparatistes » flamands à celles des « patriotes » francophones ? Vendredi 17 août, le formateur a été reçu au Palais royal où il devait faire son rapport. Les Congolais de Belgique suivent avec intérêt la future répartition des portefeuilles au sein de la probable équipe « Leterme I ». Ils escomptent que l’arrivée de démocrates-chrétiens flamands à la tête de l’exécutif belge engendrerait une « rupture » par rapport à la politique par trop « kabilophile » menée ces dernières années par les ministres wallons. L’ancien ministre MR de la Coopération au développement, Armand De Decker, (actuel président du Sénat) et son collègue PS, en charge de la Défense, André Flahaut, sont pointés du doigt.

Affairisme

L’opinion a encore frais en mémoire la proposition du ministre Flahaut de faire décerner à Joseph Kabila le titre de docteur honoris causa par l’Ecole royale militaire. L’annonce avait fait grincer des dents. Par ailleurs, la coopération militaire entre Kinshasa et Bruxelles est qualifiée de « formation au rabais » par experts congolais. De Decker, lui, a surpris en mai dernier l’opinion congolaise en qualifiant le mouvement politico-militaire Bundu Dia Kongo d’organisation insurrectionnelle… Le commissaire européen Louis Michel en prend également pour son grade. Accusé d’ingérence, Michel est tenu « pour responsable » des couacs qu’accuse la période post-électorale en RD Congo. N’empêche. L’électorat belge d’origine congolaise n’a pas su faire mordre la poussière au parti de « Tonton Michel » selon un mot d’ordre lancé début juin. Notons qu’aucun « Black » n’a été élu au Parlement du royaume. Au total, une certaine opinion congolaise reproche aux milieux politiques francophones belges un certain « aveuglement » provoqué par « l’esprit affairiste » qui les pousse à fermer les yeux sur les excès du régime de Kabila. Depuis l’arrivée de Joseph au pouvoir, il y a six ans, le monde politico-médiatique flamand est resté très critique à l’égard du successeur de « Mzee ». Les médias du Nord de la Belgique avaient ainsi dénoncé en termes véhéments le fait que l’enveloppe destinée au secteur de la santé dans le budget 2004 soit moins important que les ressources financières destinées au fonctionnement du cabinet présidentiel. L’embastillement de l’avocate Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene avait suscité une vive indignation. En tout cas, les ex-Zaïrois de la diaspora de Belgique espèrent que les portefeuilles de la Défense, les Affaires étrangères et la Coopération au développement ne seront pas attribués à des libéraux. Flamands ou francophones. Pour revenir à la crise post-électorale en Belgique, un historien congolais d’estimer, sans rire, que « seul la RD Congo peut préserver l’unité du Royaume ». Comment ? « La colonisation du Congo, argumente-t-il, est le dernier projet que Wallons et Flamands avaient en commun. L’indépendance de l’ex-colonie a fait éclater cet élément psychologique ». « Flamands et Wallons peuvent retrouver, à travers un partenariat avec les Congolais, les raisons de continuer à vivre ensemble.» En attendant, Yves Leterme paraît embourbé dans le « potopoto » communautaire.

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