Laurent Nkunda et ses alliés reprennent les armes...
Les troupes du général dissident attaquent un poste de l'armée gouvernementale dans l'est du pays.
La fin de l'espoir d'une "armée mixée" ?
Des militaires ralliés à l'ex-général Laurent Nkunda ont attaqué tôt jeudi une position de l'armée régulière à Katale, au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris auprès de l'armée congolaise et de la Mission de l'Onu en RDC (Monuc). "Les combats ont repris à Katale, à environ 9 km au sud de Masisi", chef-lieu du territoire du même nom situé à plus de 60 km au nord-ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu, a déclaré le colonel Delphin Kahimbi, commandant en second des Forces armées congolaises (FARDC) dans la province. "Les insurgés ont attaqué à 4 h du matin une position de la brigade Charlie à Katale. Pour le moment, nous avons 30 blessés dans nos rangs", a-t-il poursuivi. Les combats, "de très forte intensité", ont cessé vers 9 h, a déclaré la porte-parole de la Monuc au Nord-Kivu, Sylvie van den Wildenberg.
"La Monuc n'a cessé, pendant la nuit, d'appeler les deux parties à l'arrêt immédiat des hostilités et à mettre fin à une situation où les populations civiles sont prises en otage", a-t-elle indiqué. L' "offensive d'envergure" menée par des soldats ralliés au dissident tutsi congolais Laurent Nkunda est "une violation flagrante de l'engagement des deux parties à un cessez-le-feu, pris mardi en présence de la Monuc", après de premiers affrontements lundi et mardi dans le Masisi, a-t-elle déploré. L'Onu a "renforcé ses troupes dans le Masisi", a-t-elle ajouté, sans toutefois donner d'indications sur le positionnement des Casques bleus. Selon le colonel Kahimbi, "les insurgés étaient très nombreux" mais ont échoué à s'emparer du quartier général de la brigade Charlie à Katale. Selon des informations concordantes des FARDC et de la Monuc, les assaillants, entre 1500 et 2000, selon les estimations, ont encerclé le quartier général, défendu par un millier de militaires loyalistes.
Les combats entre insurgés et loyalistes, qui font craindre une reprise plus vaste des hostilités en RDC, avaient fait mardi neuf morts dans les rangs de l'armée régulière près de Rubaya, localité du territoire de Masisi située à environ 60 kilomètres au nord-est de Goma. Mardi soir, le "général" Bwambale Kakolele, chef des opérations au Congrès national pour la Défense du peuple (CNDP, le mouvement politico-militaire de Nkunda), avait accusé l'armée régulière d'avoir déclenché les troubles en cherchant à "désarmer" les soldats ralliés à Nkunda qui avaient déserté les rangs de la brigade mixée Charlie.
Un accord entre Kinshasa et Nkunda pour intégrer ses hommes à l'armée régulière avait été passé après de violents combats entre les insurgés et les FARDC fin 2006. Mi-août, des éléments pro-Nkunda au sein des brigades mixées ont quitté leurs positions, peu après l'annonce de l'état-major de l'armée de confier la traque des rebelles hutus rwandais présents dans la région à des brigades "intégrées" (formées dans le cadre du processus national de réforme de l'armée et rassemblant tous les anciens belligérants de la guerre de 1998-2003) et non "mixées".