Sud Kivu : les avions atterrissent sur une route en pleine brousse
Des choses à dormir debout. Qui ne se voient que dans cette partie de la République, ou d’autres coins proches par effet de contagion.
Dans le territoire de Walikale, pour ne pas le citer, localité de
Kilambo, des avions ne se font jamais prier deux fois. Attirés par les
minerais sans maîtres, des pilotes posent leurs engins à même le sol,
et quel sol ! Sur une route régulièrement fréquentée par la population
et les véhicules.
Quand un aéronef est signalé, la circulation est arrêtée d’un
bout à l’autre de la ’’fameuse piste’’. Les manoeuvres d’atterrissage
terminées, on décharge l’oiseau volant et sans perdre le temps, on
embarque les minerais.
Radio Okapi, qui a annoncé la nouvelle, précise que les deux
opérations durent en moyenne trente minutes. Les avions ne commenceront
à décoller que lorsqu’on aura passé en moyenne trente minutes fois
autant il y a d’aéronefs. Ainsi le dernier arrivé doit décoller le
premier, le temps aux premiers arrivés de se ranger et de se mettre en
ordre utile.
Comme un malheur ne vient jamais seul, notre fameuse route est
malheureusement en pente, ce qui a déjà conduit plus d’une fois des
avions en brousse.
Selon les habitants de la contrée, en deux ans, une dizaine
d’accidents ont été enregistrés sur ce terrain spécial, tantôt à
l’atterrissage, tantôt au décollage.
Voilà ce que le gouvernement 1+4 a légué au gouvernement Gizenga.
Des situations humainement difficiles à gérer. Comment contrôler
les mouvements des avions dans une contrée comme celle là, bourrée de
minerais ? Comment empêcher ces aéronefs d’utiliser ces pistes ? Quel
personnel affecter sur tous ces différents sites à problèmes ? Autant
de questions que se pose le commun des mortels, le contribuable
congolais, pour en avoir le cœur net.
La réponse, il ne faut pas aller loin pour la retrouver : à
Kinshasa, la capitale, où les chefs ont à leur disposition tout
l’arsenal possible et imaginable, de nature à leur faciliter la tâche,
ils suent eau et sang pour faire respecter leurs arrêtés.
Par quel miracle peuvent ils réussir à mettre de l’ordre dans une boutique située à mille lieux d’eux ?
Comme pour dire que tous ces trafiquants continueront à puiser à
leur guise tout ce que le pays possède, jusqu’au jour où Kinshasa aura
assez d’avions de chasse pour contrôler son espace aérien.
Et si l’on sait que ce jour là n’est pas pour demain, on peut
aisément conclure que le pays sera bien dépouillé de tout ce qu’il peut
contenir, puisque personne ne surgira de nulle part en vue d’arrêter le
scandale.