Voici l'article publié sur le site digitalcongo: Interview de Kabila à un journaliste américain... Un canular ou une bourde ?
Une
interview attribuée à Joseph Kabila est au centre d’une controverse
politico-médiatique. Il faut dire que l’interviewé y tient un discours
troublant, aux conséquences imprévisibles au plan diplomatique. C’est
le branle-bas de combat à la Présidence de la République.
Interrogé à Washington en marge de l’Assemblée générale de l’ONU a dit Joseph Kabila : « Je n’ai pas de parrains occidentaux »
Kinshasa, 02/10/2007/ Politique
Le
journaliste américain indépendant Jackson Wilson a interviewé le
Président Joseph Kabila en marge de l’Assemblée générale de l’ONU et il
présente son hôte comme un Président nationaliste pour qui seuls
comptent les intérêts de son pays, comme le témoigne le récent
partenariat conclu avec la Chine malgré les pressions internationales.
En marge de l’Assemblée générale de l’Onu, le président Joseph Kabila
s’est ouvert au monde médiatique pour donner sa position sur
l’actualité politique interne de la RD Congo. De la situation
socio-économique, de l’insécurité et la reprise de la guerre à l’Est de
la RDC, de l’immobilisme du gouvernement congolais, de la restriction
des libertés individuelles, des présumés assassinats politiques, du
retour hypothétique à Kinshasa de son rival le sénateur Jean Pierre
Bemba, de l’accord de coopération avec la Chine..., tous ces sujets ont
été survolés, sans restriction ni tabou. Cette interview accordée
depuis Washington Dc à Jackson Wilson (Journaliste Indépendant)
présente Joseph Kabila sous l’étoffe d’un président nationaliste pour
qui seuls passent les intérêts de son pays à l’image du récent
partenariat conclu avec la Chine malgré les pressions internationales.
Récusant
le parrainage occidental teinté d’hypocrisie et enfermant la RD Congo
dans la spirale d’un surendettement chronique, une forme de
néocolonialisme sournois qui ne dit pas son nom, Joseph Kabila a
désormais choisi son camp. « Nous avons compris, dit-il, qu’il fallait
absolument couper ce cordon ombilical maléfique“.
L’évaluation
que Joseph Kabila fait de la coopération bilatérale avec les pays
occidentaux et particulièrement avec la Belgique est loin d’être
satisfaisante, et il en tire les conséquences. Il n’a pas peur de finir
comme son défunt père qui a arpenté les mêmes sentiers du nationalisme
et assume ses dires. Le dessein qu’il nourrit pour son pays est à la
mesure de ses ambitions lesquelles s’inscrivent dans la durée, avec
comme finalité, faire du Congo la première puissance économique,
militaire et nucléaire de l’Afrique noire. Ci-dessous texte intégral.
Jackson Wilson : Monsieur le président, quel bilan faites-vous à plus de 300 jours de votre élection au suffrage universel ?
Joseph
Kabila : Selon la nouvelle constitution de la RDC, le président n’est
à aucun cas responsable de la situation économique, sociale et
sécuritaire du pays. Vous devez poser cette question au premier
ministre Antoine Gizenga.
Jackson Wilson : Voulez-vous dire qu’il y a une véritable séparation du pouvoir en RDC ?
Joseph Kabila : Bien évidement. Toutefois, il existe des domaines de collaboration entre la présidence et le gouvernement.
J.W
: Certains congolais ne sont toujours pas convaincus de votre
filiation avec le défunt président Laurent Désire Kabila. Du reste,
ils continuent à suspecter votre participation dans la planification
de son assassinat. Quelle est votre réaction ?
J.K. : J’ai
été élu à 58% des voix au suffrage universel direct par des électeurs
congolais. Cela suffit pour faire taire toutes ces mauvaises langues!
En outre, je suis marié à une congolaise du Bas-congo. Le débat sur mes
origines n’a plus aucun sens.
J.W: Selon certaines Ongs,
ces élections ont été entachées de plusieurs irrégularités en votre
faveur. Notamment, la surveillance de plusieurs bureaux de vote à
l’Est de la RDC par les éléments rebelles rwandais du FDLR, Interamhwé,
et les hommes du général dissident Laurent Nkundabatware. Tous sont
connus pour les massacres et viols contre la population civile.
J.W
: Tous ces rebelles déclarent à qui veut les entendre qu’ils ont
participé à votre écrasante victoire électorale dans le Kivu; le
secrétaire général de votre parti politique le PPRD, Monsieur Vital
Kamerhe déclara à un journaliste de Jeune Afrique que votre épouse
lui avait confié des valises pleines de dollars afin de corrompre les
électeurs les éléments de votre garde personnelle ont attaqué à
plusieurs reprises la résidence de votre rivale du second tour, avant
et après les élections les chaînes de radio et télévision de
l’opposition ont été brûlées des journalistes assassinés…Franchement,
ces élections ont-elles été libres, démocratiques et transparentes ?
J.K.
: Concernant la présence des éléments rebelles dans les bureaux de
vote, je vous dirai simplement qu’en politique les liens se font et se
défont selon les intérêts. Quant aux déclarations de Vital Kamerhe, ce
dernier a apporté des éclaircissements lors de ses suivantes sorties
médiatiques. Il m’avait demandé pardon et je le lui ai accordé. Les
incidents qui ont survenu pendant la période électorale doivent être
placés dans leur contexte !
J.W : Mais, vos hommes n’avaient
pas hésité à tirer sur la résidence de votre rival le 21 août 2006,
sachant très bien qu’il y avait les membres du Ciat, 15 ambassadeurs en
poste à Kinshasa dont plusieurs occidentaux?
J.K. : C’est très regrettable, mais on ne sait pas faire des omelettes sans casser des oeufs.
J.W : Que signifie cette expression ?
Ces
diplomates se sont retrouvés au mauvais endroit et au mauvais moment.
Ils sont allés dans cette résidence sachant que c’était une zone de
combat. Je me demande s’ils n’ont pas voulu servir de bouclier humain
? Malheureusement pour eux, mes hommes avaient un travail à finir.
D’ailleurs, leurs propres gouvernements n’ont pas exprimé leurs
désapprobations. Les forces de l’Union européenne et ceux de l’ONU
présentes à Kinshasa nous ont facilité la tâche. Le rapport de l’ONU
sur ces incidents est mis au placard! L’affaire est close.
J.W : Voulez-vous dire qu’il y a eu complicité internationale pour éliminer votre adversaire politique?
J.K. : Je vous laisse répondre à votre question.
J.W
: Le sénateur J.P Bemba souhaite retourner en RDC et demande des
garanties politiques et sécuritaires. Quelle est votre position ?
J.K.
: J’ai déjà eu à répondre plusieurs fois à cette question. La justice
de mon pays est libre et indépendante, elle doit faire son travail.
Quant aux garanties sécuritaire, je n’y peux rien. L’insécurité est
généralisée, toute la population vit dans l’insécurité. Je ne peux pas
garantir la sécurité d’un seul individu!
J.W : Selon notre
correspondant en RDC, l’opposition suspecte votre entourage de
vouloir à tout prix obtenir une condamnation par défaut à l’encontre
du sénateur JP Bemba et son inéligibilité à vie ? Ainsi, toutes sortes
de charges et combines sont mises en branle afin que la justice fasse
le reste ?
J.K. : C’est de bonne guerre! Regardez ce qui se
passe en France dans l’affaire Clearstream. Le président Jacques
Chirac et son premier ministre Dominique de Villepin, n’ont pas hésité
à monter un dossier sur le candidat de leur propre camp en la personne
de Nicolas Sarkozy !
J.W : Mais l’affaire a mal tourné pour Jacques Chirac et Dominique de Villepin ?
J.K. : La politique est un métier à risque, cher ami ! (Sourire)
J.W
: En matière des libertés individuelles et des droits de l’homme, la
situation en RDC est devenue pire qu’avant les élections, selon HRW et
Amnesty International ?
J.K. : La situation politique dans mon pays
est de loin meilleure par rapport à celle de la Birmanie, dont le
régime militaire est soutenu à bras le corps par les occidentaux Votre
gouvernement retient des pauvres Musulmans en toute illégalité à
Guantanamo ? La France et la Belgique ont construit des prisons sur les
tarmacs de leurs aéroports internationaux.
Les étrangers
(hommes, femmes enceintes, nouveaux-nés, enfants et vieillards) y sont
enfermés sans jugement ! Vos militaires sèment la mort en Irak ainsi
qu’en Afghanistan. Ces morts ne sont-ils pas des dommages collatéraux ?
J.W
: Les pays occidentaux qui ont financé le processus électoral en RDC
se sentent aujourd’hui floués depuis que votre gouvernement a signé
avec le régime chinois un accord de coopération pour un montant de 8,5
milliards de dollars. La Banque Mondiale et FMI boudent cet accord. Que
pensez-vous des réactions des parrains occidentaux?
J.K. :
Primo, je n’ai pas de parrains occidentaux. Les élections en RDC ont
été libres, démocratiques transparentes. Je suis un nationaliste
africain et un panafricaniste convaincu. Ceux des occidentaux qui ont
cru être les prétendus parrains vont l’appendre à leur dépend ! Je n’ai
des comptes à rendre qu’aux électeurs congolais qui m’ont apporté leur
confiance. Secundo, j’ai décidé de coopérer avec la Chine, malgré les
pressions internationales, car c’est la 4ème puissance mondiale. Je
dirai même que la Chine est en réalité la première puissance mondiale.
Nous
avons compris que la coopération bilatérale avec nos partenaires
occidentaux traditionnels n’a été que duperie. L’exemple le plus
frappant est celui de l’accord de coopération avec la Belgique, signé
juste après mon investiture, pour un montant de moins de 200 millions
d’Euros sur 5 ans! Ce petit montant, argent de poche, loin de nous
aider à sortir du marasme économique, nous enferme dans un système de
surendettement chronique, une forme de néocolonialisme sournois qui ne
dit pas son nom. Nous avons compris qu’il fallait absolument couper ce
cordon ombilical maléfique. Je peux vous assurer que Hugo Chavez et
Fidel Castro sont mes models. Ils ont compris les vrais enjeux
économiques internationaux, déséquilibrés, au détriment des pays du
sud.
J.W : Vous me paraissez très sûr de vous?
J.K.
: Je suis le président d’un pays qui est 80 fois plus grand que la
Belgique et 8 fois plus grand que la France. Ces anciennes puissances
coloniales doivent commencer à nous respecter. Vous avez vu ce que la
coopération militaire belge a fait en RDC ? Au lieu de former nos
hommes, elle nous a vendu du matériel de seconde main (armes,
munitions, transporteurs des troupes...). Ces gens sont venus faire du
commerce. En guise de remerciement, ils ont voulu me donner, sans
raison, le titre de docteur honoris causa de l’Ecole Royale Militaire
ERM de Bruxelles. L’armée congolaise est actuellement une coquille
vide. J’ai, à cet effet, signé un accord de coopération militaire avec
la Chine afin de doter mon pays d’une armée moderne et surtout de
l’armé nucléaire d’ici 2011. Mon pays dispose de la plus grande réserve
d’Uranium du monde. Notre Uranium est naturellement enrichi, j’ai bon
espoir de disposer de la bombe nucléaire d’ici la fin de mon premier
mandat.
J.W : La vente d’Uranium au régime iranien et Nord coréen n’est donc pas une fiction ?
J.K.
: Ecoutez, la RDC est un pays souverain. Personne ne peut venir nous
dire ce qu’il faut vendre ou pas ! L’Uranium est un minerai comme les
autres.
J.W : L’accueil en demi-teinte que les officiels
Belges vous ont réservé lors de votre passage à Bruxelles le week-end
passé est un prélude à...N’avez-vous pas peur de finir exactement
comme votre défunt père ?
J.K. : J’ai pris mes dispositions
J.W : Quel est votre dernier mot
J.K.
: J’entends faire de mon pays la RDC, la première puissance économique,
militaire et nucléaire de l’Afrique noire. La Chine va nous aider dans
ce sens, n’en déplaise à certains.
Jackson Wilson/J.I/Washington DC/Uhuru