Irresponsabilité, manque de transparence, corruption et impunité, étouffement d'enquêtes en RDC : le pavé de RAID et Global Witn
Le gouvernement de la République Démocratique du Congo se réunit, ce
jeudi 29 novembre, avec ses partenaires au développement -
multilatéraux et bilatéraux - au bureau de la Banque mondiale à Paris
(66, avenue d’Iéna). Selon les organisateurs de cette rencontre, cette
réunion sera l’opportunité pour le nouveau Gouvernement de la RDCongo
de présenter son programme des priorités à moyen terme (2007-2011) qui
est basé sur sa stratégie de réduction de la pauvreté incluant un
programme de réformes économiques et de solliciter le soutien des
partenaires au développement de ce pays en l’exécution dudit programme.
Les conclusions de deux jours de réunions seront présentées lors d’une
conférence de presse le vendredi 30 novembre à 13 heures.
À la veille de cette importante réunion, RAID et Global Witness, deux
grandes Ong internationales, somment la Banque mondiale et les
gouvernements donateurs de décrire les mesures qu’ils déploient pour
assurer une utilisation responsable et justifiable de l’aide dont la
RDC est appelée à bénéficier. « Après dix ans de conflit armé, les
Congolais, qui vivent dans une profonde pauvreté, ont grandement besoin
d’un soutien financier et d’investissements étrangers », affirme
Patricia Feeney, directrice exécutive de RAID. « Mais si les bailleurs
de fonds se contentent de jeter de l’argent dans un trou sans fond, la
population qui en a le plus besoin n’en bénéficiera jamais. »
Cette réunion du Groupe consultatif conférant aux bailleurs de fonds
une occasion unique d’insister sur la responsabilité et la transparence
du gouvernement congolais, Patrick Alley, directeur de Global Witness
a, sans détour, pris le courage de déclarer : « Le fait que les
bailleurs de fonds n’ont pas pris de position claire sur la corruption
et le pillage exercé par l’État - notamment pendant la période de
transition, de 2003 à 2006 - a contribué à perpétuer une culture
d’impunité en RDC »,
Etouffement d’une enquête par les autorités congolaises
Par ailleurs, Global Witness et RAID lancent un appel à la Banque
mondiale et aux plus gros bailleurs de fonds de la RDC - dont le
Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne - pour qu’ils
tiennent compte, lors de l’élaboration de leurs politiques d’aide, du
phénomène généralisé de corruption et de mauvaise gestion dont souffre
la RDC. Les préoccupations soulevées par les deux ONG interviennent
deux mois après des allégations selon lesquelles une enquête sur la
corruption de fonds réservés à des programmes d’aide en RDC, enquête
menée par le Service de déontologie institutionnelle de la Banque
mondiale, aurait été étouffée à la suite de l’intervention de hautes
autorités congolaises.
« Avant de convenir de nouveaux programmes d’aide conséquents, les
bailleurs de fonds internationaux de la RDC doivent s’assurer de
l’existence de mécanismes de protection et de garde-fous puissants pour
contrer le détournement de fonds et les pratiques corrompues qui ont
tant nui au développement du pays. Sans de tels garde-fous, les
gouvernements donateurs risquent de manquer à leurs engagements à
l’égard de leurs propres contribuables », précise Patrick Alley.
En effet, insiste-t-il, la corruption tient une place particulièrement
importante dans le secteur des ressources naturelles de la RDC. Les
résultats d’une commission gouvernementale mise en place pour passer en
revue une soixantaine de contrats miniers permettront de vérifier
l’engagement du gouvernement à l’égard d’une gestion responsable et
transparente du secteur minier. La Banque mondiale et les gouvernements
donateurs devraient manifester leur soutien envers cet examen. Plus
spécifiquement, si l’examen met en lumière des pratiques illégales
flagrantes dans les contrats, et si le gouvernement congolais n’a pas
la capacité ou la volonté de prendre les mesures qui s’imposent, les
gouvernements des pays d’origine devraient veiller à ce que les
entreprises soient tenues responsables.
Plusieurs des plus gros contrats miniers ont été conclus dans des
circonstances obscures, en violation du Code minier congolais. Bien que
les ONG aient lancé de nombreux appels à l’action et malgré les
recommandations de ses propres consultants, la Banque mondiale n’est
que peu intervenue pour empêcher le transfert vers des entités privées
de précieux actifs de l’État issus de l’exploitation des minerais.
Un projet d’étude de la Banque mondiale consacré au secteur minier en
RDC devrait faire l’objet d’un débat lors de la réunion du Groupe
consultatif. « La Banque mondiale doit saisir cette occasion pour
s’engager explicitement à jouer un rôle plus actif dans le
rétablissement de la responsabilité et de la transparence dans le
secteur minier congolais », affirment les ONG.