Conférence de Goma : La bombe de l’Est pas prête à être désamorcée

Le commun de mortels congolais a souffert de constater la profondeur, la complexité et le caractère viscéral qui caractérise la haine que se vouent nos compatriotes de l’Est, ce qui l’emmène à soutenir le doute sur la réussite des assises de Goma qui doivent déboucher sur la réconciliation des communautés et l’amorce des projets de développement.

Les interventions du haut de la tribune érigée pour la circonstance ont été pour beaucoup, non seulement une occasion de se défouler mais bien celle de cracher leur venin sur leurs frères ennemis. A bien écouter les récits, les inimitiés sont multi transversales. Une telle tribu déteste plusieurs autres à la fois et chacune de ces tribus vit dans ces conditions avec tous les autres depuis des années. A cela s’ajoute les affres des violences, résultats d’un couloir que la guerre a ouvert pour laisser cours à l’expression de la haine.

Nkunda met la barre haut

Comme si la Conférence de Goma était pour les groupes armés une occasion inespérée, ils ont sauté sur l’occasion pour mettre la barre très haut. Le CNDP de Nkundabatware, le principal d’entre eux et premier à prendre la parole, a déclaré se battre en réponse aux ‘‘cris de détresse’’ des populations des Kivu contre ‘‘la politique (...) d’exclusion et de marginalisation’’ de certains groupes par le gouvernement. Il n’a pas loupé l’occasion de se trouver une nouvelle légitimité. ‘‘Presque toutes les tribus se trouvent au sein du CNDP’’, a déclaré Kambasu Ngeze, le chef de délégation du mouvement politico-militaire de Nkunda à la Conférence.

La rébellion de Nkunda invite le gouvernement de traiter avec lui d’égal à égal et en tête à tête, en tant que belligérants. Le CNDP prévient qu’il continuera son combat ‘‘sans remord ni regret’’ tant que ses revendications ne sont pas entendues. Les fidèles du général déchu demandent au gouvernement de reconnaître ‘‘la menace (de la présence des) ex-FAR /Interahamwe pour les populations’’ et de donner les preuves de sa détermination à les rapatrier au Rwanda. Une autre revendication portait sur le retour des réfugiés tutsis des pays voisins.

Nkunda appelle aussi Kinshasa à ‘‘rétablir la commission vérité et réconciliation’’, créée après la dernière guerre en RDC (1998-2003) mais qui n’a jamais vraiment fonctionné. Le CNDP exige la libération de tous les prisonniers politiques, le ‘‘retour sans condition et dans la sécurité du chef de l’opposition politique, Jean-Pierre Bemba’’.

Les Maï Maï des ‘‘Patriotes résistants congolais’’ (PARECO), qui croient capables de sensibiliser les FDLR pour leur retour au Rwanda, ont quant à eux dénoncé les ‘‘crimes’’ commis par les fidèles du général insurgé sous le commandement des brigades ‘‘mixées’’ entre janvier et août 2007 au Nord-Kivu. Leur Porte-parole, Michel Musunga, a exigé la démobilisation ‘‘sans condition’’ des rebelles nkundistes, comme
préalable à leur propre désarmement. Les Pareco, ainsi que d’autres groupes Maï Maï, ont en outre exigé le remplacement des agents postés aux frontières avec le Rwanda, les accusant de ‘‘permettre des infiltrations’’ de troupes en RDC.

Ali Kam