Porte-parole de l’Opposition : place aux calculs politiques... Et si c'était Tshisekedi ?

La concurrence est déclarée en ce qui concerne le poste du porte-parole de l’Opposition. Les signes avant-coureurs prédisent que rien n’est acquis à l’avance, même pour le «porte-parole virtuel » au regard des résultats de dernières élections. L’heure est désormais aux « calculs politiques » du fait de l’évolution des événements. Les outsiders sont déjà aux aguets.

« Beaucoup croient que face au quasi parti unique au pouvoir (l’AMP), il faut un parti unique de l’opposition. C’est oublier que les partenaires de la coalition au pouvoir renoncent à leur identité parce qu’ainsi ils récoltent en récompense l’impéritie qu’ils érigent en méthode de gouvernement et l’impunité. S’organiser selon la même logique signifierait, qu’une fois au pouvoir nous nous dépêchons de faire la même logique que ceux qui nous ont précédé. L’Opposition politique n’est pas et ne sera jamais un parti unique ». Cette réflexion profonde est de Gibert Kiakwama kia Kiziki, député national CDC (Convention des démocrates chrétiens), président du Groupe parlementaire des chrétiens démocrates (CD). Il intervenait ainsi à l’invitation de l’UDPS à l’occasion du séminaire marquant le 26ème anniversaire de ce parti.

Intervention émaillée d’observations pertinentes tant à l’endroit de l’UDPS qu’envers toute la classe politique, principalement l’Opposition politique. Reconnaissant les mérites de l’UDPS dans le processus politique de notre pays, il ne s’est pas empêché de leur dire ceci : « Nous nous interrogeons lorsque nous voyons que nos aînés dans la lutte refusent de reconnaître les autres et de les respecter. Sans doute à cause des épreuves endurées, vous avez tiré la conclusion que vous êtes seuls à vouloir le bien de ce pays. Vous vous enfermés dans un idéal de pureté inflexible sans tenir compte du monde extérieur. Vous en êtes arrivé à réduire la lutte pour la démocratie à une lutte entre vous et le reste du monde. En faisant cela, vous en êtes arrivé à nier même les aspirations des millions d’habitants de ce pays ».

En homme libre et responsable, fidèle à l’idéal de son parti qui prône la vérité et la justice, Kiakwama kia Kiziki, s’est attardé sur l’actualité politique courante pour parler de l’Opposition : « Nous ne sommes ni les premiers, ni les derniers entrés en opposition. D’autres ont parlé avant nous. Ils en tirent quelques fois l’impression qu’ils peuvent nous écarter d’un revers de la main comme des cadets ennuyants. D’autres ont pris les armes après nous et ont obtenu par la force le droit de s’asseoir à la table. Depuis, ils ont l’arrogance de croire que le rapport de force et la confrontation sont les seuls moyens de s’imposer et d’obtenir des résultats….. Mais que personne ne confonde volonté de conciliation et faiblesse. Ce qui est en jeu, l’avenir de notre pays, est trop important pour qu’on laisse commettre une telle erreur. »

LE POSTE DU PORTE-PAROLE

La réflexion est tellement profonde qu’elle sert à la fois d’interpellation et de mise en garde. Interpellation à l’endroit de toute l’Opposition pour adopter une stratégie qui ne vise que le meilleur devenir de notre pays, en quittant les vieux sentiers de l’ostracisme. Mise en garde contre tous ceux qui tiennent à s’accrocher à un monolithisme au sein de l’Opposition, comme s’il s’agissait d’un parti unique alors que le pays est engagé dans un processus démocratique irréversible.

A quelques jours de la prochaine rentrée parlementaire, cette intervention suscite des interprétations. Cela dans la mesure où cette session sera dominée par des points chauds à même d’imprimer une nouvelle impulsion à l’évolution politique de notre pays. Des points chauds que Le Potentiel a eu déjà à relever : l’amnistie, la magistrature et le cas Jean-Pierre Bemba qui a une incidence sur la désignation du futur porte-parole de l’Opposition.

Empressons-nous de faire remarquer que nous ne prêtons nullement au leader de CDC des intentions qu’il n’en a pas, et ce qu’il n’a pas dit. Cependant, cette réflexion profonde du député Kiakwama suscite une analyse et une interprétation. Elle évoque intelligemment, à notre avis, une situation probable qui risque d’atomiser l’Opposition politique. Ce, dans l’hypothèse où certains partenaires de la coalition de l’Opposition, s’enfermeraient, pour reprendre ses propres propos, « dans un idéal de pureté inflexible sans tenir compte du monde extérieur ».

Bien avant lui, un autre leader de l’Opposition politique s’était exprimé dans le même sens, quoiqu’avec des mots différents. Il soulignait le danger que l’on courait à vouloir bafouer « l’idéal démocratique » dans la désignation du futur « Porte-parole de l’Opposition ». Réaction consécutive à la proposition d’autres composantes de l’Opposition relative à la désignation du président national du MLC à ce poste.

L’Opposition politique est-elle en train de se lézarder à ce sujet ? S’il est encore prématuré de répondre par l’affirmative à cette interrogation, le retour problématique et hypothétique du sénateur Jean-Pierre Bemba dans les tout prochains jours impose, de lui-même, des calculs politiques.

Réaction donc normale que quelques leaders politiques effleurent cet aspect du problème et envisagent d’autres pistes de solutions. Outre celle soutenue jusqu’ici visant le retour effectif au pays du sénateur Jean-Pierre Bemba pour qu’il continue à assumer son rôle politique.

Aussi, Le Potentiel ne croyait pas si bien dire en relevant que la prochaine session parlementaire s’annonce fertile en rebondissements politiques. Dans un cas comme dans un autre - retour de Bemba ou pas - l’on assistera à une recomposition du paysage politique au sein des plates-formes parlementaires.

D’un côté, la majorité parlementaire s’imposera une restructuration au regard justement de la désignation ou nomination du Porte-parole de l’Opposition, et de l’autre, l’opposition s’emploiera à conserver sa cohésion, quel que soit l’aboutissement de cette démarche. Car, l’idée qui vient à l’esprit de plusieurs observateurs en ces moments est celle de savoir si l’Opposition institutionnelle serait-elle en train de faire des appels du pied à l’Opposition « extra-muros » ? Il y a là quelque chose de plus important qui se profile à l’horizon : les élections locales ou communales.