Paix au Bas-Congo: Bundu dia Kongo pose ses conditions !
D’abord une table ronde ouverte à toutes les tendances des
Bakongo, ensuite la mise sur pied d’une politique de large union provinciale, et
enfin, l’endossement par le Gouvernement central, des doléances des
conférenciers. Ne Muanda Nsemi qui s’exprime ainsi est Député national et Chef
spirituel de BDK.
La violence s’installe au Bas-Congo. Les gens meurent et
vont certainement continuer à mourir. Il y règne une confusion telle que l’on ne
sait plus qui fait quoi, qui est la victime et qui est le bourreau. Dans cette
confusion, beaucoup d’informations circulent sur les tueries au Bas-Congo tantôt
pour justifier, tantôt pour expliquer, tantôt pour flouer carrément l’opinion.
Après les tueries ou affrontements, c’est selon, de vendredi 29 février dernier
à Luozi, ayant fait, selon des sources hospitalières 7 morts et 11 blessés dans
les rangs de la police et des adeptes de BDK, deux versions de faits se
détruisent. Pour le Gouvernement, les policiers ont fait usage de leurs armes
pour rétablir l’autorité de l’Etat. Laquelle était ou est mise à mal par les
adeptes de Bundu dia Kongo. Ne Muanda Nsemi, lui, réfute toutes les accusations
formulées contre son mouvement.
A propos des images de violence utilisées par le
ministère de l’Intérieur comme pièce à conviction contre le BDK, Ne Muanda Nsemi
déclare qu’il s’agit d’un montage avec des réalités qui se seraient passées au
Kivu. Revenant sur les faits, il explique que les adeptes de Bundu dia Kongo
priaient dans leur temple, il est arrivé qu’on leur envoie la police pour les
attaquer et tirer. « Par légitime défense, les adeptes les affrontent, leur
arrachent des armes, et au cours de la bagarre, il y a aussi des policiers qui
meurent ».
La version du Gouvernement est soutenue par les églises
catholique et protestante qui se trouvent en rivalité avec le mouvement à la
fois philosophique, religieux et politique BDK. Naturellement, les catholiques
et les protestants, qui tentent de conserver désespérément leur influence sur la
population du Bas-Congo, ont de quoi s’inquiéter avec l’implantation et la
montée en puissance du BDK. On le sent dans les pistes de sortie de crise que
présentent les uns et les autres. Côté catholique, l’appel de Monseigneur
Dizolele de Matadi au Gouvernement est sans équivoque : ‘‘Il faut que l’Etat
fasse son devoir, celui de rétablir l’autorité et la paix partout. Il faut que
les institutions qui sont là puissent fonctionner normalement.’’. En milieu de
semaine dernière, l’Eglise du Christ au Congo –ECC- faisait publier un
communiqué dans lequel elle invitait le Gouvernement à réprimer le BDK.
Pourtant, les trois Evêques du Bas- Congo et Ne Muanda Nsemi avaient un ou deux
jours plus tôt appelé au calme. Tous affichaient un semblant d’unité. En
réalité, les divergences sont profondes.
BDK propose la tenue d’un dialogue.
En visite de travail à Matadi, le patron de la Monuc, Alan Doss, mettait en
garde contre le recours à la violence qui, selon lui, aurait pour contre
résultat l’aggravation de la situation au Bas-Congo. Côté pouvoir, des voix
s’élèvent pour obtenir la levée des immunités et l’arrestation de l’Honorable Ne
Muanda Nsemi. Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, avait dit, du
haut de sa tribune, qu’il s’était, au lendemain des tueries provoquées par la
contestation électorale, opposé à une demande en ce sens du PGR retraité Mukeba.
D’autres proposent l’interdiction de BDK. On peut, néanmoins, dire tout juste
deux ou trois choses. S’il est du devoir de tout Gouvernement de rétablir
l’ordre, cela ne justifie pas qu’il faut toujours recourir à la force. La force,
dans l’histoire récente du Congo, a montré ses limites. Si l’option d’interdire
le BDK est privilégiée, il faudra alors commencer dès à présent à construire de
nouveaux établissements pénitenciers pour y recevoir les milliers d’adeptes qui,
on le voit, feront de la résistance. Institutionnaliser la répression dans une
province qui a voté pour l’opposition serait un pari risqué pour le Chef de
l’Etat. Le risque de radicalisation est grand. Les Belges, sous la colonisation,
avaient arrêté, torturé et tué Simon Kimbangu, son mouvement a survécu.
Qui a intérêt à faire de Ne Muanda Nsemi un second martyr ?