Négociations RDC-FMI : le sursis expire le 31 mars 2008
La délégation du Fonds monétaire international est rentrée à Washington dubitative. Néanmoins, le FMI a accordé un sursis de 30 jours à la RDC pour démontrer ses capacités de bien gérer les finances publiques. Si le test est concluant, il est possible qu’un compromis intervienne au mois d’avril pour la conclusion d’un nouveau programme. C’est dans ces entrefaites que la Chine a libéré 250 millions de dollars à titre d’appui budgétaire pour l’exercice 2008. Entre-temps, l’on s’attend à un flux de recettes au titre d’impôt sur les bénéfices par les entreprises en ce mois de mars. Bien gérées, ces ressources, conformément aux prescrits de la loi budgétaire 2008, le gouvernement disposera des arguments pour défendre son dossier, au mois d’avril, auprès des institutions de Bretton Woods. Dans le cas contraire, adieu veaux, vaches et moutons. Il n’y aura point de signature d’un nouveau programme d’ajustement structurel. L’évolution positive des finances publiques évoquée lors de la dernière réunion extraordinaire du Conseil des ministres doit être comprise dans ce sens.
250 millions de dollars américains au compte général du Trésor, appui budgétaire de la Chine, suivant les derniers accords signés en octobre 2007 entre la RDC et la Chine, d’un côté. De l’autre, l’échéance du 31 mars 2008, coïncide avec l’obligation faite aux entreprises de se libérer de leur impôt sur les bénéfices. Il s’agit d’environ 350 millions Usd que le gouvernement envisage comme entrées des fonds sur le compte du Trésor. De quoi raffermir un compte sur lequel ont chaviré la plupart des négociations avec les institutions financières internationales. C’est donc une véritable aubaine pour Kinshasa, un atout de dernière heure en vue d’aborder, avec sérénité en avril prochain à Washington, les prochaines négociations avec le Fonds monétaire international dans la perspective d’une probable conclusion d’un nouveau programme triennal. Sujet laissé en suspens lors du dernier passage, entre le 17 et 26 février 2008 à Kinshasa, des experts du FMI. Fera-t-il preuve d’une réelle orthodoxie financière dans la gestion de cette manne budgétaire ?
UNE BOUFFEE D’OXYGENE
En fait, le laxisme, le désordre avec lequel le gouvernement gère les finances de l’Etat, se sont révélés comme la pierre d’achoppement qui a mis une croix à tout espoir de la RDC d’atteindre en cette année 2008 le point d’achèvement à l’initiative d’effacement de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Mais en ce mois de mars 2008, une meilleure opportunité se présente au gouvernement pour se rattraper lors de prochaines négociations avec le FMI, prévues à Washington en avril prochain en marge des assemblées d’automne des institutions de Bretton Woods. Des sources concordantes renseignent que les 250 millions de dollars américains au titre d’appui budgétaire promis par la Chine, avec la signature l’année dernière des accords de coopération avec le gouvernement ont été disponibilisés en faveur de la RDC. Une autre nouvelle encourageante sur laquelle Kinshasa devrait, sans doute, affûter ses armes pour affronter les experts du FMI, est l’échéance du 31 mars, prévue au terme de la loi fiscale pour le paiement par des entreprises assujetties de l’impôt sur les bénéfices. Tout est donc réuni pour le gouvernement de raffermir davantage son compte du Trésor. Car, c’est près de 350 millions Usd que l’on attend comme entrées dans le compte du Trésor.
Une belle occasion pour Kinshasa de rebondir, en mettant en oeuvre un dispositif efficace pouvant lui permettre d’aborder, en toute sérénité, les prochaines étapes de négociations avec le FMI. L’on se rappellera que lors d’un point de presse au terme de sa mission à Kinshasa, le FMI avait pris rendez-vous avec le gouvernement en avril prochain à Washington pour baliser, suivant les preuves de bonne gestion que lui ramènera Kinshasa, le chemin devant déboucher sur la conclusion d’un nouveau programme triennal.
UNE OPPORTUNITE A BIEN NEGOCIER
Disposer de 350 millions Usd d’entrées de fonds dans le compte du Trésor serait, pensent de nombreux observateurs, une belle opportunité pour Kinshasa de se ressaisir. Il revient au gouvernement de faire preuve d’une ferme volonté de se « dépouiller de l’habit du vieil homme ». C’est-à-dire, se départir d’une gestion laxiste et désordonnée des finances publiques. A maintes reprises, les missions du FMI recommandent l’unicité des centres d’ordonnancement des dépenses de l’Etat, le respect strict de la chaîne de la dépense qui met en œuvre les ministères des Finances, du Budget et la Banque centrale du Congo.
Si le gouvernement s’est limité, lors de son dernier Conseil des ministres, à évoquer le rétablissement de la situation économique et financière du pays au seul désengorgement en cours au port de Matadi, il se fait qu’avec tout ce qui se profile sur terrain, il y a lieu d’approfondir le sujet en aménageant d’autres moyens de limiter des prélèvements intempestifs sur le compte du Trésor. Il faut absolument que chaque acteur de la chaîne de la dépense – ministères des Finances et Budget ainsi que la Banque centrale du Congo -, tout aussi bien la présidence d’où viennent souvent des dépenses urgentes, fasse preuve d’orthodoxie financière, seul moyen de passer le cap du point d’achèvement à l’initiative PPTE et prétendre à un effacement de dette d’environ 10 milliards de dollars américains.
Si à la Banque centrale du Congo, l’on plaide fermement pour la mise en œuvre d’une politique monétaire compatible avec les besoins de l’économie, du côté du gouvernement, l’on envisage de ne dépenser que sur « base caisse », en ayant de moins en moins recours aux dépenses ostentatoires non budgétisées, souvent source des tensions et de déséquilibres. Il va s’en dire que « la manne » budgétaire de ce mois de mars doit obéir à cette règle pour prétendre disposer d’une arme de dissuasion lors du prochain round des négociations avec le FMI.
SAVOIR TENIR PAROLE
«Des préoccupations subsistent par ailleurs quant à la gestion des finances publiques et à la composition des dépenses », notait la délégation du FMI dans son communiqué de fin de mission. « Dans l’intervalle (Ndlr : avant avril 2008), poursuivait le communiqué, le gouvernement a fixé de nouveaux objectifs macro-économiques pour la fin mars et la fin juin 2008, objectifs qui sont accompagnés de mesures structurelles, notamment pour renforcer les finances publiques ».
L’espoir du gouvernement, en ce mois de mars 2008 en terme de mobilisation des fonds en faveur du Trésor, l’on vient de l’évoquer dans les précédentes lignes. Les échéances, en ce mois de mois de mars, pour le paiement au fisc de l’impôt sur les bénéfices sont connues. Et, l’apport chinois au gouvernement à titre d’appui budgétaire. C’est au gouvernement que revient la lourde charge de bien jouer la partition, en cette période de sursis, pour rencontrer les préoccupations du FMI.