Les affrontements politico-religieux se multiplient dans l'ouest de la RDC
De nouveaux affrontements entre les forces de l'ordre et les membres
d'un mouvement politico-religieux dans l'ouest de la République
démocratique du Congo (RDC) ont fait au moins sept morts et une
douzaine de blessés au cours du week-end du 15 et 16 mars, selon la
mission des Nations unies en RDC (Monuc), qui dispose de plusieurs
centaines de casques bleus dans la zone.
Selon un rapport de l'ONU cité par la BBC, depuis le début du mois, ce
sont près de 70 personnes qui auraient été tuées au cours
d'affrontements dans cette même région du Bas-Congo. Le nombre de
disparus serait proche de 300. Il y a un an, une centaine de membres du
mouvement avaient été tués. Ces violences trouvent leur origine dans
les revendications d'un groupe politico-religieux, Bundu Dia Kongo (le
peuple du Congo, en langue locale), actif dans l'ouest du pays, et qui
entend ressusciter le royaume qui, au XVIe siècle, englobait une partie
de l'actuelle RDC, le Gabon, le Congo-Brazzaville ainsi que l'Angola.
Le mouvement, dont le nombre des fidèles n'a pas fait l'objet d'une
évaluation précise, a pris pour cible l'Etat et ses symboles mais pas
uniquement. Les représentants des religions "importées" - le
catholicisme, les Eglises évangéliques, en plein développement - sont
aussi visés par les membres de Bundu Dia Kongo. Des prêtres et des
pasteurs ont été maltraités par les militants du mouvement munis d'un
armement rudimentaire (machettes, barres de fer, bâtons). Avec l'Etat
et ses représentants, le divorce est flagrant. Il y a un mois, les
membres de Bundu Dia Kongo s'en sont pris à une équipe médicale venue
vacciner des enfants contre la poliomyélite. "Ils étaient convaincus
qu'on allait leur injecter du poison", raconte un élu local, Simon
Mboso, appelé à la rescousse.
MANIPULATIONS
Le guide spirituel du mouvement est un député de l'opposition, Nsemi Ne
Mwanda, qui avait échoué, il y a quelques mois, à se faire élire
gouverneur de la province du Bas-Congo alors que l'arithmétique
électorale lui était pourtant favorable. "Il a alors décidé de rendre
la région ingouvernable", accuse M. Mboso, aussi ministre de
l'industrie et des PME dans le gouvernement central. "Le chef du
mouvement manipule les gens simples et ignorants, les envoûte,
ajoute-t-il. Il a des arrière-pensées politiques."
Mais le ministre admet que le mouvement politico-religieux "pose de
bonnes questions" et que les griefs de la population à l'encontre de
l'Etat sont fondés. "Ils se plaignent des injustices et des
tracasseries de l'administration, des juges qui débarquent ici sans
connaître la langue locale", dit M. Mboso.
L'Etat a choisi la manière forte pour réprimer la contestation plutôt
que la négociation. "La violence ne va pas nous permettre de résoudre
les problèmes. Elle risque de les aggraver", a commenté, samedi, le
représentant du secrétaire général de l'ONU, Alan Doss. Le Monde