Axe Bruxelles-Kinshasa : Combien de temps Kabila tiendra-t-il face à la Belgique ? Tic tac tic tac !!!
''Sur le Congo, c’est la Belgique qui parle’’, a déclaré Yves Leterme, le premier ministre Belge, devant la chambre des représentants belges après la nouvelle brouille qui enflamme les rapports dans le couple belgo-congolais.
N’était-ce pas une façon pour la Belgique de justifier son ingérence dans les affaires intérieures congolaises. Ainsi que l’annonce la presse belge, le torchon brûle. Le ‘‘je t’aime moi non plus’’ de l’époque Mobutu refait surface avec les appréhensions sur ce qui était finalement arrivé au peuple congolais, le souffre-douleur du combat des intérêts des grands. Corruption, Droits de l’Homme, défaillance de l’Etat, tout est mis en exergue dans la presse belge pour relever ‘‘l’ingratitude de Joseph Kabila’’ qui aurait troqué les intérêts des Occidentaux au profit des Chinois ? Car c’est cela le vrai enjeu.
Kabila répliquait justement à ‘‘l’arrogance’’ du ministre belge des Affaires étrangères, Karel de Gucht, transmetteur d’un message de son gouvernement, concerté selon des sources, lors d’un conseil restreint où siégeaient les animateurs flamands des postes clés du gouvernement belge.
Si Mobutu a tenu plus de 25 ans contre le rouleau compresseur des socialistes flamands et francophones qui ont miné son pouvoir à petit feu, malgré ses soutiens américains et français, après l’affaire de l’Union minière du Haut Katanga (aujourd’hui la GECAMINES), il y a fort à craindre que la Belgique actionne sa diplomatie pour combattre Kabila qui, selon la lecture belge de la situation, a nuit aux intérêts des Occidentaux qui avaient financé les élections et ont soutenu Kabila lors des dernières élections.
Si Mobutu a résisté, combien de temps Kabila tiendra-t-il ?
Mobutu, l’ami de Baudouin 1er Une absence remarquée aux obsèques de Baudouin 1er, Mobutu Sese Seko. C’était le début de la fin d’un homme. Le roi belge avait beau protéger son ami personnel Mobutu à tel point qu’il commençait à en être en porte-à-faux avec son gouvernement.
A sa mort, le gouvernement refusa d’accorder le visa à Mobutu qui tenait à tout prix à rendre un dernier hommage à son ami et soutien dans ce royaume écartelé entre les intérêts des industriels flamands et ceux des Francophones. Véritable animal politique, Mobutu renversa la situation. Il avait les moyens de courber l’échine à la Belgique. Il déterra le contentieux belgo-congolais, fit voir que la Belgique gagnait 4 fois à chaque franc investi en RDC. Autour de son autre ami, Hassan II du Maroc, il fit fléchir les Belges.
C’était l’affront. Les Belges ruminaient vengeance jusqu’à l’occasion en or : le massacre des étudiants à Lubumbashi. Une rocambolesque affaire qui n’a jamais livré, à ce jour, ce qu’il en fut. Mais le rouleau compresseur belge était lancé. La Belgique ne pouvait plus lâché une si belle occasion. Elle lui coupa les vivres. Mobutu est isolé sur la scène internationale. Infréquentable, Mobutu se tourne vers la France qu’il investit de droit à gérer les intérêts congolais.
La France subit elle aussi la pression de la Belgique.
Un concours de circonstance, l’Etat de santé du Maréchal, vient parachever ce que l’Occident avait concocté pour se donner bonne conscience après le génocide rwandais. Chasser Mobutu par les armes. Le calvaire va-t-il recommencer Kabila évoque un pays souverain lorsqu’il repousse l’intrusion des Belges dans les affaires congolaises.
Nombres d’observateurs veulent entendre une pareille évocation de Laurent-Désiré Kabila qui a projeté de développer le pays sans tendre la main aux occidentaux dont l’amitié est contrôlée par des intérêts. Les Occidentaux se targuent aujourd’hui d’avoir financé les élections en RDC, en propre, d’avoir installé Kabila à Kinshasa, sous le regard à la fois protecteur et menaçant des troupes européennes de L’EUFOR. Avec cela, ils exigent un droit de regard sur sa gestion, et surtout qu’il renvoie l’ascenseur. Le bras de fer qui est engagé aujourd’hui fait craindre les années noires endurées par les Congolais.
La Belgique va-t-il aussi couper les vivres à la RDC, puisque selon l’entendement de son gouvernement, son appui budgétaire de 100 millions d’euros n’atteint pas la population, alors que sous d’autres cieux (Mali, Burkina Faso, Niger), il y a des actions palpables avec l’aide européenne.
Les observateurs craignent que le pire qui puisse arriver ne baisse à nouveau le niveau de vie du pays comme on le déplore aujourd’hui. Si aujourd’hui on déplore l’absence des hommes de métiers ou la crise de la main-d’œuvre qualifiée en RDC, c’est suite à l’interruption de la coopération belge qui soutenait l’enseignement. Il suffit d’examiner les médias congolais, notamment la télévision qui accuse un manque criant de professionnalisme pour s’en rendre compte.
Lorsque les Belges ont fermé les robinets, tous leurs pairs occidentaux avec eux, l’enseignement, la santé, les infrastructures routières sont tombées en désuétudes. Le gouvernement Mobutu a connu les pires inflations de sa gestion, malgré la réforme monétaire.
Je t’aime moi non plus La chaleur des accolades entre Kabila et d’une part Louis Michel et de l’autre Guy Verhofstadt lors de son investiture traduisait la satisfaction des Belges dans leur entreprise et augurait une nouvelle ère de coopération débutée avec la coopération humanitaire en 2002. Aujourd’hui, Kabila doit user d’une diplomatie professionnelle pour ne pas attirer à la RDC le malheur qui l’a frappée dans les années 90 à la suite de la mise au ban de la communauté internationale de Mobutu.
Si Mobutu avait les Français et les Américains, Kabila va-t-il mettre en avant ses Chinois ?
Les experts veulent cependant mettre en évidence la capacité de nuisance de la diplomatie belge. Lorsqu’elle a voulu la tête de Mobutu, elle n’a pas usé de précipitation. Par un travail de fourmi, elle a envoyé, comme à travers des métastases, l’amertume dans le concert des Nations. Pour ce qui est de la RDC, les analystes conseillent généralement de se méfier de la Belgique. Avec cet échange qui se poursuit sur des ondes (lundi 28 avril au matin sur la RTBF encore, De Gucht a réitéré ses déclarations), les analystes craignent l’amoncellement des nuages sur le ciel des relations entre nos deux pays.
Si De Gucht a usé d’un langage peu diplomatique pour dire vertement certaines vérités, les analystes pensent qu’il n’était pas du devoir du président Kabila de lui répondre, sinon ça fait une dent personnelle. Le ministre congolais des Affaires étrangères l’aurait fait ou à la limite le Premier ministre sans créer des frictions. Si le président a pris le risque de s’exposer, de rendre coup sur coup, c’est qu’il est sûr de ses soutiens.
Est-ce les Chinois ? Est-ce le peuple ? Pas si sûr, pensent des analystes politiques qui voient plutôt les contrats chinois profiter à des visées électoralistes qu’au peuple. O.M/Le Révélateur