Affaire Mayobo, le Palu joue au chat et à la souris

La confusion est en passe de s’installer au sein du Parti Lumumbiste Unifié (Palu) suite à l’éclatement, depuis le week-end dernier, de ce que l’opinion considère désormais comme « l’affaire Mayobo ». Après le séisme provoqué par la décision du Comité Exécutif National portant exclusion définitive de Godefroid Mayobo du parti et du gouvernement et la réaction d’Antoine Gizenga, livrée par son entourage, allant dans le sens de sa révision, le groupe parlementaire du Palu a relancé la polémique le mardi 17 juin 2008.

En effet, au terme de sa réunion tenue au siège du parti, dans la commune de Lemba, son président, le député Zénon Mukwakami a informé le public que « le groupe parlementaire du Parti Lumumbiste Unifié prend acte de la décision du Secrétariat national radiant le ministre Mayobo et demande au parti de continuer les activités dans la sérénité, et aux militants , à partir de cet acte de Mayobo, considéré comme un acte de trahison, d’être vigilants et de dénoncer tout déviationnisme au sein du parti ».

Selon les parlementaires du Palu, Antoine Gizenga, en sa qualité d’autorité morale du parti, « a pris acte comme n’importe qui », de l’exclusion de Godefroid Mayobo. Mais, ils se sont gardé de préciser s’il était pour ou contre.

Le démenti de Zimba Zimba

Or, durant la même journée de mardi, le député Séraphin Zimba Zimba, qui était censé partager la position du groupe parlementaire de son parti, a pris le contre-pied de celle-ci. Il a clairement affirmé qu’il désapprouvait l’exclusion de Godefroid Mayobo. « J’adhère à ce qu’a dit le Premier ministre Gizenga de surseoir à la décision de radiation du ministre Godefroid Mayobo », a-t-il indiqué.

Les observateurs notent que le point de vue de Zimba Zimba rejoint l’option levée par les participants à la réunion extraordinaire du Comité Exécutif National présidée lundi dernier par le Premier ministre Gizenga en présence de tous les protagonistes. Au terme des échanges, « l’autorité morale du parti » a demandé à Remy Mayele (présent), Secrétaire Permanent, de geler la suspension de Godefroid Mayobo ( lui aussi présent) et au besoin de l’entendre sur les griefs mis à sa charge avant de prendre contre lui une éventuelle mesure disciplinaire.

Le malaise risque d’aller croissant

Alors qu’on croyait que la réunion de clarification convoquée par Gizenga avait permis de lever les zones d’ombre, la sortie de Zénon Mukwakami et certains de ses collègues parlementaires du Palu constitue la preuve que le malaise persiste. On est dès lors tenté de croire que Mayobo déranger sérieusement dans ses fonctions de ministre près le Premier ministre et partant de dauphin non déclaré du patriarche Gizenga.

Dans ce cas, il y a lieu de s’interroger si par « manquements graves », le tout se réduit réellement à l’exhibition à Kikwit, le 05 juin dernier, lors du passage du Chef de l’Etat et du Premier ministre par cette ville, des pancartes frappées des labels « Fondation Mayobo » et « Amis de Mayobo ». Pour d’aucuns, le fait que le Comité Exécutif National, dans lequel avait siégé des « pieds noirs », ait taxé ces structures pourtant informelles de faire une « concurrence déloyale » au Palu fait penser à un règlement des comptes.

Et le refus manifeste du Groupe parlementaire du Palu de s’aligner sur l’appel au calme d’Antoine Gizenga porte à croire qu’il existe parmi ses « troupes » des éléments décidés à liquider politiquement Mayobo sur fond de querelle tribale et de lutte d’intérêts. Jusques à quand le Palu va-t-il continuer à jouer au chat et à la souris, dans ce feuilleton de gué-guerre entre pro et anti-Mayobo ? Dieu seul le sait.