Affaire Botethi: Les Sims de Kimbuta et Nsingi muettes
...............................................Jamais une affaire criminelle n’a autant tenu l’opinion kinoise en haleine que celle de l’assassinat du député provincial Daniel Botethi. Au niveau du tribunal militaire, bien que toutes les parties aient affiché leur volonté d’œuvrer pour la découverte de la vérité, la collecte de nouveaux indices continue. La quête des autres criminels et commanditaires tapis dans l’ombre se poursuit et l’espoir est encore présent dans quelques esprits. Le sang de Daniel Botethi crie vengeance. L’on espère que tous les criminels finiront par se faire arrêter, afin que toute la lumière soit faite sur cette affaire. La piste du message radio a été explorée suffisamment lors des trois dernières audiences avec l’audition des officiers des centres de transmission radio de l’Inspection provinciale de la police ville de Kinshasa, du district de la Lukunga et du commissariat de Ngaliema.
La semaine passée, les juges se sont lancés sur celle des relevés des appels téléphoniques de tous les prévenus aux arrêts. Les Sims de Patrick Mwewa, de Kadi Munung et de Ngoy Kasongo alias « Moto ya Katanga », ont révélé leurs relations assez suivies et fréquents contacts. Rien de plus. Et rien de suspect. L’enquête a été étendue plus tard aux appels téléphoniques du gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, et du président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Roger Nsingi. Leurs Sims, fort surchargées de communications, ont été revisitées à l’audience du vendredi 22 août 2008.
Grâce à la collaboration des sociétés Zain et Vodacom, tous les appels téléphoniques de ces deux autorités urbaines sont passés par un tamis spécial. Ici non plus, le tribunal militaire de garnison de Ngaliema n’a pu relever des connexions particulières suspectes avec la bande à Kadi. Les avocats de la partie civile Botethi, qui ne sont pas encore au bout de la recherche des commanditaires, envisagent de proposer au tribunal militaire, la piste des turbulences qui ont marqué le démarrage des travaux de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, ainsi que des conflits qui divisaient ces autorités. La partie civile Botethi, peu convaincue par la thèse du simple meurtre, croit que le tribunal peut trouver quelque chose dans les conflits ayant opposé Roger Nsingi à Daniel Botethi, et ce dernier à André Kimbuta. Quels éléments nouveaux peut apporter une telle piste ?
Tout ce que l’on sait, à ce stade, est que quelques rapports et procès-verbaux des travaux de l’Assemblée provinciale de Kinshasa seront versés cette semaine au dossier. Ilunga Mbayo alias Fidèle : le masque est tombé A l’audience de vendredi, le prévenu Ilunga Mbayo était visiblement décontenancé avec la comparution d’un témoin prétendant bien le connaître. Mme Mabalingo, habitant sur l’avenue Biabu n° 56, quartier Mpasa II, a affirmé que Ilunga Mbayo, mieux connu sous le prénom de Fidèle, fut locataire d’un studio dans la parcelle qu’elle gérait. A la barre, le prévenu Ilunga a prétendu le contraire et indiqué qu’on l’avait plutôt surnommé Leguen à Mpasa. Appellation que la bailleresse ignore. L’Omp est alors intervenu pour enfoncer le clou.
A Mpasa, a-t-il martelé, Ilunga Mbayo s’appelle Fidèle Decastro Leguen. Et d’ajouter que Kadi a instruit ses acolytes de ne pas accuser Fidèle. Car, selon leur stratégie, il est plus rassurant que certains membres de la bande soient en liberté, pour entreprendre des démarches pour la libération des autres. Il a estimé que nombre d’éléments versés au dossier donnent la personnalité du prévenu, notamment les procès-verbaux subséquents établis par l’OPJ Bukesa de la Lukunga, ainsi que les deux cartes Sims trouvées sur lui, lors de son arrestation par la police. Pour Mme Mabalingo, jeunes et vieux de l’avenue Biabu l’appellent affectueusement « Ya Fidèle ». Ngoy Kasongo hors cause ?
Le gérant Makamba de l’hôtel La Ndjili, situé au quartier des Marais, a quant à lui éclairer le tribunal sur ses relations avec le prévenu Ngoy Kasongo, qui serait son petit du quartier. Il le connaît et de temps en temps, le prévenu s’offrait quelques moments de repos dans cet établissement hôtelier en compagnie d’une de ses copines. En compulsant le registre des clients, on a trouvé que dans la nuit du 5 au 6 juillet, Moto ya Katanga avait passé sa soirée avec une demoiselle nommée Sola Solange. Dans cet hôtel, il est connu sous l’identité de Ides Iguey. Est-ce pour cacher sa vraie face?
Ngoy Kasongo soutient qu’il a renoncé au sobriquet de « Moto ya Katanga » au lendemain de son retour du front. Selon lui, ce pseudonyme sorti du néant le mettait mal à l’aise. Voilà pourquoi, il préfère être appelé Idriss Igué. Lavé par le gérant Makamba, le registre d’entrée des clients faisant foi, Ngoy Kasongo n’aurait donc pas quitté le quartier des Marais dans la nuit de l’assassinat de Daniel Botethi. Chose qui a réjoui son avocat, qui est toutefois embarrassé de voir l’infraction d’association des malfaiteurs retenue contre son client.
L’organe de la loi a saisi cette occasion pour évoquer le passé carcéral des prévenus que les avocats de la défense présentent comme des honnêtes gens. Passé suffisamment décrit dans un rapport dressé par le directeur du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, et qui épingle leurs noms, la durée de la détention, les infractions pour lesquelles ils étaient poursuivis, la durée de leur détention, le régime de la détention ainsi que la décision de la justice.
A moins que le tribunal militaire en convienne autrement, outre les quelques derniers réglages à effectuer au niveau de l’instruction de cette affaire, on espère que cette semaine sera celle des réquisitoires du ministère public. Et interviendra ensuite, la séance des plaidoiries des avocats des parties civiles Botethi, MLC, Assemblée provinciale de Kinshasa, brigadier Kankonde wa Kankonde, et enfin, celles des avocats de la défense. Et cela avant que cette affaire soit prise en délibéré pour un jugement à rendre dans le délai légal.