Afrique du Sud: l'ANC... Thabo Mbeki quitte le pouvoir !
Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), a décidé d'appeler le président Thabo Mbeki à démissionner de ses fonctions, a annoncé son secrétaire général samedi devant la presse.
"L'ANC a décidé de rappeler le président de la République", a déclaré Gwede Mantashe.
Le président de la République est nommé par le Parlement issu des élections générales, où l'ANC domine très largement depuis les premières élections multiraciales de 1994.
Le chef de l'Etat est sur la sellette depuis qu'un juge de Pietermaritzburg (est) a prononcé le 12 septembre un non lieu contre le populaire Jacob Zuma, rival de Mbeki et président de l'ANC, évoquant des "interférences" au plus haut niveau de l'Etat dans ce dossier.
Cette décision a donné une nouvel élan aux partisans de Jacob Zuma qui l'estiment victime depuis son inculpation pour corruption en décembre -- dix jours après qu'il eut ravi la présidence de l'ANC à Thabo Mbeki -- d'une machination politique orchestrée en haut lieu.
Communistes, syndicalistes et mouvements de jeunesse ont multiplié cette semaine les appels à la démission du président, dont le second mandat s'achève en 2009.
Julius Malema, le leader de la bouillante Ligue de la Jeunesse de l'ANC, a même assuré avoir pris contact avec les responsables du parti pour qu'ils ordonnent le départ du chef de l'Etat.
"Cette fois, nous n'allons pas perdre, nous obtiendrons le départ de Mbeki", a-t-il lancé. Selon lui, "Mbeki ne sera plus le président de ce pays lors des prochaines élections", prévues au premier semestre 2009.
Le parti de Nelson Mandela est à couteaux tirés depuis le congrès de décembre qui a vu la victoire de Jacob Zuma, personnalité populaire et populiste, sur Thabo Mbeki, régulièrement critiqué pour son attitude distante et compassée.
Le montée en puissance des pro-Zuma s'est traduite dans les mois suivants par les démissions forcées d'alliés du chef de l'Etat, notamment les dirigeants des provinces du Western Cape et de l'Eastern Cape.
Thabo Mbeki a feint d'ignorer toutes les remarques négatives jusqu'à vendredi où, dans un communiqué de la présidence, il a déploré que les accusations à son encontre ne se basent sur "aucun fait pour les soutenir" et qu'elles portent atteinte à "sa dignité et à sa personne".
Mais, comme le remarque le Pretoria News, le plus grand perdant pourrait être le pays. "Une crise politique pourrait secouer le marché et écorner une économie qui traverse déjà une passe difficile."
Thabo Mbeki, qui a mené une politique économique orthodoxe, est apprécié des milieux d'affaires, qui se méfient en revanche des alliés de gauche de Jacob Zuma.