La vraie guerre commence...
L’attaque suivie de l’invasion de la base militaire de Rumangabo située à 50 Kms de Goma par le CNDP de Laurent Nkunda appuyé par le Rwanda constitue un tournant d’une gravité extrême dans la déstabilisation du Nord Kivu où les FARDC étaient parvenues à verrouiller toutes les voies de ravitaillement et d’infiltration au profit du mouvement politico militaire du général déchu L. Nkunda.
Cette base, on le sait, se trouve près de la frontière avec le Rwanda et c’est probablement par cette voie que L. Nkunda faisait passer armes, munitions et hommes des troupes en provenance de ce pays. Kigali, les stratèges l’ont compris, tente de mettre à profit la crise financière internationale qui retient seule l’attention de tous les grands de la planète pour mettre la RDC devant le fait accompli. Son objectif paraît ainsi de renforcer sensiblement Nkunda dans l’espoir de rendre possible et incontournable un nouveau round de dégociations avec Kinshasa.
Sans risque de nous tromper, tout porte à croire que l’invasion de la base de Rumangabo n’aurait pas été possible sans un appui considérable de Kigali, notamment en hommes des troupes, en munitions et en armes de guerre. Ce n’est pas par hasard qu’au lendemain de la rupture de ce processus de désengagement par les forces rebelles du CNDP vers la fin du mois d’août dernier, le président rwandais s’était empressé de monter au créneau pour accuser le président Joseph Kabila de tous les péchés d’Israël. Alors que selon la Monuc, c’étaient les éléments de ce mouvement politico militaire qui avaient rompu la trêve.
On a alors assisté à une succession d’accrochages violents et sanglants entre les deux camps suivis bien entendu par des déplacements massifs des populations civiles dans les territoires de Masisi et Rutshuru dont les chiffres semblent avoir dépassé le million d’êtres humains exposés aux intempéries de la nature inhospitalière dans ces régions martyrisées. Du berger à la bergère, Joseph Kabila ne s’est fait pas prier deux fois pour répliquer à son homologue de l’Est en l’accusant d’entretenir L. Nkunda en armes, munitions et hommes des troupes.
Et pour joindre la parole au geste, une plainte a été immédiatement déposée au Conseil de Sécurité des Nations Unies par les soins du ministère congolais des Affaires Etrangères accusant Kigali et le Cndp de violer le programme AMANI qui demeure le seul cadre de concertation en vue de parvenir au désengagement total sur le terrain des opérations militaires. Un autre élément troublant et qui met à nu les ambitions démesurées de Kigali et de son allié est tombé comme un couperet en début de cette semaine par la déclaration tout aussi tonitruante qu’inattendue de ce général dissident.
En effet, alors que la rumeur relayée par des médias occidentaux le présentait comme mort ou gravement malade dans un hôpital de Kigali, le voilà qui rebondit et surprit l’opinion en changeant carrément de fusil d’épaule. Des revendications purement sécuritaires au profit des populations tutsi menacées par les FDLR, L. Nkunda s’est brusquement proclamé détenir un mandat lui délivré par on ne sait qui de conduire désormais un mouvement de libération de tout le pays qui croupirait, selon lui, sous le joug du régime au pouvoir.
Il va sans dire que cette déclaration a provoqué un tollé des protestations à travers les différentes capitales occidentales, dont les plus importantes sont venues de l’Union Européenne par la bouche de Louis Michel, commissaire européen au Développement, et ensuite du Département d’Etat Américain condamnant tous ce qu’ils considèrent comme une tentative de renversement d’un gouvernement élu et universellement reconnu. Une autre protestation est venue de la Communbauté des Banyamulenge largement publiée dans les médias et qui est d’avis que L. Nkunda ne sert pas les intérêts des Tutsi congolais.
La question est de savoir à quoi attribuer cette arrogance et cette désinvolture qui donnent tant d’assurance à Laurent Nkunda? Aux complicités internes? Au double jeu vrai ou supposé des partenaires extérieurs? Ce sont des pistes que les services d’intelligence devraient creuser en vue de mettre un terme à la tragédie. Le Phare