RDC : vers une semaine explosive
Comme dans un cycle bien rodé, les revendications syndicales sont de retour, affectant services et entreprises publics. Il y a risque de voir la fièvre culminer, la semaine prochaine, avec des explosions incontrôlables. L’occasion serait donnée au gouvernement, pourtant responsable de la situation, de se trouver des boucs émissaires. Seule difficulté : il ne saurait convaincre l’opinion qu’il avait nourri la volonté de prévenir le choc.
C’est, de nouveau, reparti. Des cahiers de charge en mémorandums, de marches silencieuses de protestation aux concertations sans lendemains. Pour les mêmes raisons, fonctionnaires des services publics et employés des entreprises de l’Etat se retrouvent, pour la énième fois, face à face avec le gouvernement. Comment cela va-t-il aboutir ? Encore une fois, par des promesses et des placebos ? L’incertitude demeure.
Outre les classiques fonctionnaires, de nouveaux acteurs, en plus moins attendus, sont entrés dans la danse revendicative. C’est le cas des employés de ce qui fut jusqu’il y a peu «entreprises publiques de l’Etat».
L’Intersyndicale nationale du Congo a réuni à Kinshasa les délégués syndicaux de ces entreprises du Portefeuille. A l’ordre du jour : la préparation de la deuxième rencontre projetée, aujourd’hui samedi, avec le premier ministre.
Dans la tête des syndicalistes, un leitmotiv : «la rencontre de la dernière chance avec Adolphe Muzito, aujourd’hui, devra relancer le dialogue social entre deux parties». Un compromis devrait, à l’occasion, être dégagé. Rapport en sera fait dans 48 heures aux sociétaires.
Le rendez-vous du lundi prochain est assorti d’une menace exprimée de manière on ne peut plus claire. Sans compromis, a déclaré l’Intersyndicale, un arrêt de travail pourrait être envisagé par les cadres et employés des entreprises publiques soumises aux réformes, d’ailleurs contestées par les agents.
Peut-on estimer que la vaste campagne d’explication et de persuasion déployée par le gouvernement dans les entreprises publiques est à même de désamorcer la colère des employés ? Rien n’est moins sûr, d’autant que ces derniers persistent à croire que les réformes signifient suppression d’emplois. Et donc un chômage insupportable pour des milliers de chefs de famille qui n’attendaient de l’employeur, tout au moins, qu’une fin honorable de la carrière.
On le voit. Le bras de fer des employés des entreprises publiques vient en renfort aux revendications, devenues classiques, des fonctionnaires et agents de l’Etat. Moins bien rémunérés et moins bien traités que les employés des entreprises publiques, la coalition des souffre-douleur menace de soumettre les nerfs des gouvernants à rude épreuve.
De tout temps, les syndicats des enseignants, épaulés par ceux des services de santé, se sont offert une place au soleil en se faisant reconnaître comme les porte-parole du monde ouvrier. Enseignants et techniciens sanitaires se sont toujours ligués, ave succès, pour faire entendre raison au gouvernement. Fers de lance de la lutte syndicale en RDC, ces deux catégories de syndicats sont réputés pour leur militantisme ravageur. En effet, plus d’une fois, ils ont fait fléchir l’inertie des gouvernants. L’épreuve de force qui s’annonce pourrait signer, si l’on n’y prend garde, l’arrêt de mort précipité du staff de l’Exécutif actuel. Un Exécutif dont le réaménagement est du reste en l’air depuis que le président de la République l’a promis, voici deux mois, via les médias étrangers, dont l’américain New York Times et le belge Le Soir.
La semaine qui s’annonce est décidément pleine d’incertitudes sur le plan social. Ce sont les syndicats traditionnels qui mènent la barque. L’arrimage au mouvement de la Fédération des entreprises du Congo,FEC, et surtout de l’Intersyndicale qui défend les employés des entreprises du Portefeuille est susceptible de jeter de l’huile sur le brasier.
Il appartient donc au gouvernement, et au gouvernement seul, de vouloir et de savoir négocier avec ses partenaires pour désamorcer la grogne. Autrement, il serait irresponsable de sa part de mettre du feu à la baraque avant de céder sa place aux prochains bénéficiaires du réaménagement de l’Exécutif. O.M/Le Potentiel