La Banque mondiale recommande d’aider les pays pauvres
Le FMI et la Banque mondiale devraient assouplir les conditions d’accès des pays pauvres à leur financement. Les pays membres du G20 devraient matérialiser les promesses formulées lors du Sommet de Londres d’avril dernier.
Suivant les dernières projections de la Banque mondiale, l’économie mondiale devrait se contracter de près de 3% contre 1,7% précédemment. Dans ce contexte, la plupart des économies des pays en développement connaîtrons une baisse en 2009 et verront leurs perspectives continuer de s’assombrir à moins que l’effondrement de leurs exportations, des envois de fonds de l’étranger et les investissements étrangers directs n’ait fait place à une évolution de sens inverse d’ici la fin de 2010.
D’après le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, «bien que l’on s’attende à ce que la croissance redémarre dans le courant de 2010, le rythme de cette reprise reste incertain et les populations pauvres de nombreux pays en développement continueront de subir les contrecoups de la crise. Des vagues de troubles économiques continueront de déferler sur les populations pauvres du monde en développement, qui ont moins de possibilités de se protéger. Nous devrons faire beaucoup plus au cours des prochains mois pour mobiliser des ressources afin de nous assurer que les pauvres ne supportent pas le coût d’une crise dont ils ne sont aucunement responsables.»
Pour éviter le pire, il faudra donc que le FMI et la Banque mondiale assouplissent les conditions d’accès des pays pauvres à leur financement. Il en est de même de la matérialisation des promesses formulées par les pays du G20 lors du Sommet de Londres d’avril dernier.
Rappelons à ce sujet que des promesses de financement de 1.100 milliards de l’économie mondiale avaient été formulées. Dans le cas par exemple de la République démocratique du Congo, suite à la crise financière internationale, les recettes budgétaires ont drastiquement diminué. Elles représentent aujourd’hui moins de 40% de ce qui avait été prévu. Dans ce contexte, le pays ne peut pas se sortir seul de la crise. Il faut une aide extérieure plus rapide, plus importante et plus efficace.
L’aide internationale est distribuée non seulement par les 22 pays membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE mais aussi par des pays émergents. Il y a donc actuellement prolifération des canaux de distribution et aussi financement de plusieurs programmes et activités par un seul donateur. L’architecture de l’aide internationale est ainsi devenue plus complexe et plus variée. Elle se caractérise par un degré élevé de prolifération et de fragmentation. Ce qui annihile parfois la visibilité de l’aide.
Près de la moitié des aides bilatérales fait l’objet d’une affectation sectorielle et thématique des fonds. Cette pratique se traduit par un conflit de priorités entre les pays donateurs et les pays bénéficiaires. Elle ne permet pas non plus d’affecter librement des ressources vers des projets importants pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Comme la capacité institutionnelle en RD Congo est faible, cela se traduit par une plus grande fragmentation de l’aide. Ce qui accroît les frais de transaction et les charges administratives des projets.
Une fraction importante de l’aide est en plus absorbée par les salaires des coopérants. A ceci, il faut ajouter plusieurs unités parallèles de gestion des projets. Il existe actuellement en RD Congo 146 unités parallèles de mise en œuvre des projets sous prétexte de la faiblesse des institutions administratives.
La prolifération des mécanismes d’acheminement de l’aide accompagnée de sa fragmentation nuit à l’efficacité de l’aide publique au développement. Cela se traduit par le saupoudrage et ne contribue pas à la visibilité de l’aide. L’impression générale est que l’aide extérieure est soit mal répartie soit mal utilisée ou même non libérée malgré les annonces à cause des rigidités des conditionnalités y attachées.
Une aide efficace est celle qui parvient à améliorer durablement les conditions de vie des populations, celle qui permet d’éviter les saupoudrages. Il faut donc élaborer de nouvelles stratégies face aux besoins. Si rien ne change, l’aide extérieure pour faire face à la crise financière n’aura aucun impact sur les populations.
Jean-Pierre Tsheba