Insécurité grandissante: silence, « massacre » au Kivu
Que des prisonniers s’évadent d’une prison, il ne
s’agit nullement d’un fait extraordinaire. Que les mêmes évadés aient tout le
temps de violer toutes les femmes emprisonnées avant de disparaître dans la
nature, il est question d’un acte prémédité. Voilà l’une des preuves manifestes
que la situation au Kivu des plus inquiétantes et qui relèvent d’un plan
machiavélique pour exterminer les populations congolaises. Une situation qui se
dégrade au jour le jour avec les mêmes scènes de violence dans les localités du
Kivu. Viols, exactions, maisons brûlées, tueries sans discriminations de sexes
et d’âge au quotidien avec comme corollaires, des milliers de déplacés cherchant
même un abri d fortune.
Il est temps d’arrêter le carnage et de
transformer le Kivu en un « no man’s land ». Ce qui se traduirait par la
somalisation de cette partie du pays où seuls les hommes armés ont un mot à
dire.
Malgré l’opération KIMIA II, menée conjointement par les FARDC et
la MONUC, la situation se gâte chaque jour davantage. Les forces négatives FDLR
et les groupes armés Mai Mai continuent à défier les autorités nationales et
internationales. Tout se passe comme si une autre guerre du Kivu a déjà commencé
et qu’ elle pourrait prendre beaucoup de temps.
Cette hypothèse fait
craindre le pire tant elle tend vers la confirmation de la somalisation du Kivu
doublée de génocide. Tout se passe comme si personne ne contrôle plus le Nord
Kivu, si ce n’est que les groupes armés FDLR, Mai Mai et les éléments
incontrôlés des FARDC. Les actes de meurtres, viols, vols, exactions de tous
genres se multiplient et s’intensifient.
Face à cette aggravation de la
situation, les populations congolaises désertent leurs villages. Elles sont
poussées sur la route si elles ne se cachent pas dans la forêt. La situation est
pire qu’avant décembre 2008 tant certaines personnes dénoncent déjà cette
politique criminelle « d’épuration ethnique ». Comme pour dire qu’un génocide
est en train d’être commis au Kivu au vu et au su des autorités nationales et
internationales. RENFORCEMENT DE LA MONUC
C’est en principe au
cours de cette première quinzaine du mois de juillet que les 3.000 casques bleus
attendus pour renforcer les 17 mille autres déjà sur place débarqueront en RDC.
Ce qui porterait à 21 milles soldats de la mission de paix en République
Démocratique du Congo. S’il faudra ajouter à ce nombre, le même nombre de
soldats congolais et ceux récemment intégrés du CNDP, la coalition FARDC-MONUC
disposerait de près de 50.000 soldats. Si une guerre peut être gagnée de par le
nombre de soldats, ce mois de juillet devra être déterminant pour neutraliser
les forces négatives.
En fait, l’objectif militaire est celle-là. Il
convient donc de renforcer les capacités militaires de la MONUC en hommes et en
armement. La Belgique vient de mettre à la disposition de la MONUC un avion de
transport, un C-130. D’autres nations ont l’ obligation politique de se
manifester, tel le cas de l’ Egypte qui a promis d’envoyer des soldats. L’on
s’attend à ce que les hélicoptères de combat soient également livrés, comme l’ a
souligné le Représentant spécial du secrétaire général de l’ ONU et responsable
de la MONUC, Alan Doss.
En effet, dans un relief aussi accidenté qui
ressemble à celui de l’ Afghanistan, sans couverture aérienne au moyen des
hélicoptères de combat, il ne faudra pas s’attende à ce que le loup sort de sa
tanière. Seuls des hélicoptères du type de ceux qui sont utilisés en Afghanistan
pourrait permettre de venir à bout des forces négatives. Puisque l’ option
militaire a été levée, les FARDC doivent également bénéficier de mêmes mesures
d’attention pour renforcer leurs capacités militaires.
Le défi de ce
mois de juillet consiste à mener cette mission militaire à bon port au risque de
faire du Kivu un bourbier qui favoriserait la somalisation du Kivu. LES
PROPOSITIONS DE ROLAND VAN GEER
Mais parallèlement à cette action
militaire qui doit être de grande envergure, l’action politique ou diplomatique
doit s’intensifier. Nombreux observateurs ont accueilli avec beaucoup de
satisfaction les propositions de Roland Van de Geer, représentant spécial de
l’Union européenne dans la région des Grands Lacs.
En effet, au sortir
de l’audience que lui a accordée le ministre des Affaires étrangères, Alexis
Thambwe Mwamba, Roland Van de Geer a évoqué la solution « diplomatique », pour
ne pas dire « politique ».
Il est heureux de constater que la communauté
internationale se penche sur cette piste pour une véritable paix dans la région
des Grands Lacs, car dans tous les conflits, la solution militaire n’ a jamais
apporté une solution durable si elle n’est pas appuyée par une solution «
politique ».
Or, le Burundi et la République Démocratique Congo se sont
déjà engagés dans cette voie. S’il reste encore beaucoup de choses à faire, un
cadre de concertation existe au Burundi et en RDC. Ce qui n’est pas encore le
cas au Rwanda et en Ouganda. Le moment est venu pour la communauté
internationale d’exploiter à fond cette question car même si les FARDC et la
MONUC remportaient une victoire militaire sur les FDLR et la LRA, que se
passerait-il après ? A moins que tous les rebelles rwandais et ougandais soient
exterminés. Ce qui n’est pas possible.
Ceci dit, si la même communauté
internationale a imposé un règlement politique au Burundi et à la RDC, pourquoi
hésiterait-elle à le faire en ce qui concerne le Rwanda ? Au moment où un
génocide est en train d’être commis au Kivu, cette même communauté
internationale a déjà une part de responsabilité. Le Potentiel