La motivation d’un T.P.I pour la RDC: à Goma, H.Clinton a «vu» l’horreur ou.. Quand les américains jouent au bal des hypocrites?
L’heure semble venue de décider de la mise en place d’un Tribunal pénal international pour la République démocratique du Congo, où « un cycle de conflits violents a causé la mort de 5,4 millions de personnes » depuis 1998. « Les auteurs de ces crimes, qui qu’ils soient », doivent être poursuivis en justice et sanctionnés, déclare la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Rodham Clinton, après avoir « vu l’humanité sous son pire aspect » dans le camp Mugunga, lors de son séjour à Goma (Nord-Kivu), le 11 août 2009.
La secrétaire d’Etat améri-caine, Mme Hillary Rodham Clinton, est rentrée à Washington horrifiée et révoltée de son bref séjour (11 août 2009) à Goma où elle dit avoir « vu » le « pire aspect » de l’humanité dans le camp Mugunga où vivent 18.000 déplacés de guerre dans des conditions infrahumaines.
« Au cours de onze jours de voyage à travers l’Afrique, j’ai vu l’humanité sous son pire aspect comme sous son meilleur aspect. A Goma la semaine dernière, j’ai vu les deux », témoigne-t-elle dans son article « Ce que j’ai vu à Goma » publié le 21 août 2009 dans le site Web du magazine People et repris le 26 du même mois dans les « Dépêches du Département d’Etat ».
Elle rapporte que « ce camp abrite à l’heure actuelle 18.000 personnes qui y ont cherché refuge face à un cycle de conflits violents qui a causé la mort de 5,4 millions de personnes depuis 1998. Chassés de leurs foyers et de leurs villages par des rebelles armés et par des milices privées, manquant de nourriture et d’eau, ces hommes, femmes et enfants (…) s’accrochent à la vie, d’autres à la mince lueur d’espoir qui reste dans cette région en proie à la brutalité depuis des années, se sont trouvés dépouillés de leur maison, de leurs biens, de leurs proches et, pis encore, de leur dignité».
« Les femmes et les filles en particulier sont victimes de sévices d’une ampleur inimaginable, car la violence sexuelle est devenue une tactique de guerre et a atteint des proportions épidémiques », s’indigne-t-elle.
Le témoignage de la secrétaire d’Etat américaine corrobore celui de Caritas International qui a déjà stigmatisé la terrible tragédie que vivent les populations dans l’Est de la RDC.
« La guerre a fait plus de 5 millions de morts et chaque jour, 1.200 personnes meurent des conséquences de ces conflits. Chaque mois, 40.000 personnes s’ajoutent au nombre de déplacés. Actuellement, on compte entre un et deux millions de déplacés et un million de réfugiés. Les viols systématiques et l’esclavage sexuel dans les zones de conflits ont contribué à l’augmentation du nombre de victimes du sida », selon cette organisation caritative.
POURSUITES JUDICIAIRES A TOUT PRIX
Pour la première fois, les Etats-Unis reconnaissent, par la voix de leur secrétaire d’Etat, que la guerre en RDC a « causé la mort de 5,4 millions de personnes depuis 1998 ».
Il est encore heureux d’entendre Mme Hillary Clinton appeler à des poursuites judiciaires contre les auteurs des crimes commis. « Lorsque j’étais en RDC, j’ai eu un entretien très franc au sujet de la violence sexuelle avec le président Kabila. J’ai souligné qu’il fallait poursuivre en justice et sanctionner les auteurs de ces crimes, qui qu’ils soient », révèle-t-elle. Précisant qu’« en moyenne 36 femmes et filles sont violées tous les jours ».
De son point de vue, c’est « particulièrement important » lorsque ces criminels « occupent des postes de responsabilité et que ce sont notamment des membres de l’armée congolaise que l’on a laissés commettre ces crimes en toute impunité ». Les différents rapports d’enquêtes du panel des experts de l’ONU, sont là identifiant expressément les personnes physiques et morales impliquées, pouvant constituer des pièces à conviction.
« Je suis allée à Goma pour dire clairement que les Etats-Unis condamnent ces attaques et tous ceux qui les commettaient et qui les encourageaient. Ce sont des crimes contre l’humanité. Ces actes ne portent pas uniquement atteinte à une seule personne ou à une seule famille ou encore à un village ou un groupe. Ils déchirent le tissu qui nous unit en tant qu’être humain. De telles atrocités n’ont leur place dans aucune société. C’est vraiment l’humanité sous son pire aspect », a-t-elle insisté. « Nous redoublons actuellement nos efforts afin de nous attaquer à la cause fondamentale de cette violence, à savoir le conflit qui perdure dans l’Est du Congo. Nous prendrons de nouvelles mesures à l’ONU et de concert avec d’autres pays pour mettre fin à ce conflit », a promis la secrétaire d’Etat américaine.
Toutefois, Washington doit passer aux actes, la cause fondamentale de ce conflit récurent étant connue. Il s’agit de la tentative de balkanisation de la RDC sous-tendue par l’élargissement des ères géographiques de certains Etats voisins, l’instauration d’« Etats nains » pour mieux contrôler les richesses congolaises par les multinationales, principalement occidentales.
Tant que cette cause fondamentale de l’exploitation illicite des richesses congolaises n’est pas évacuée, le conflit armé dans la partie l’Est aura toujours la peau dure. Les Etats-Unis ne doivent pas donc s’arrêter à mi-chemin.
De son côté, le gouvernement congolais devrait engager, conformément aux résolutions du Dialogue intercongolais tenu à Sun City (RSA, 2002-2003), la procédure conduisant à la mise en place d’un Tribunal pénal international pour la RDC.
A l’instar de l’ex-Yougoslavie et du Rwanda. Il devrait également s’atteler à obtenir, de l’ONU, la reconnaissance du fait qu’il y a eu un « génocide doublé d’holocauste » en RDC. O.M/Le Potentiel