L’Opposition dans le coma... Conflits d’intérêt, absence de leadership !
A cause d’obscurs conflits d’intérêts égoïstes, présentés comme conflits de leadership, l’Opposition congolaise ne représente plus l’alternative au pouvoir en place. Et c’est à moins de deux ans des prochaines élections générales ! La voie est ainsi balisée vers la sacralisation du parti unique et la reconduction de la Majorité actuelle. Inutile d’imputer la responsabilité aux boucs émissaires.
Mal inspirée, l’Opposition politique congolaise. A peine a-t-elle appris à balbutier au lendemain des scrutins de 2006, la voici choisissant de planter son avenir dans le passé. Et, de contradiction en affrontement peu démocratiques, elle finira dans la cacophonie, la paralysie. Ses soucie-t-elle des échéances à venir et des espoirs fondés en elle par ceux qui, il y a trois ans, avaient donné un mandat électif à ses animateurs ?
Dite parlementaire, du fait que ses députés et sénateurs siègent au Parlement, l’Opposition politique désunie, semble s’essouffler avant les grandes échéances prochaines. Ses défaites successives, sur fond d’absence d’un leader et de discipline, donnent pour acquise la victoire future de l’actuelle Majorité.
Comment peut-il en être autrement lorsqu’on considère la manière peu honorable dont la fameuse Opposition s’est déchirée pour désigner un candidat à la succession – pour des raisons d’ordre pragmatique – de Jean-Pierre Bemba !
Quel spectacle insipide auquel ont été conviés les membres et sympathisants de l’Opposition quand il a fallu élire les membres du nouveau Bureau de l’Assemblée nationale, actuellement présidé par Evariste Boshab ? Ce fut hélas ! un duel au couteau au cours duquel aucune concession n’était permise. Conséquence : un échec énorme car aucun siège n’a été glané par des concurrents super égoïstes.
L’image de l’Opposition politique parlementaire est, qu’on le veuille ou non, celle d’un nain politique. Il a beau avoir des armes en quantité et en qualité, son esprit égocentrique lui fera toujours perdre des batailles.
C’est ce qui s’est produit il y a deux semaines. Il a suffi d’un miroir aux alouettes, agité par les stratèges de la Majorité, pour que des députés de l’Opposition cèdent aux chants des sirènes. Le vote à main levée, pour accepter ou rejeter la motion de défiance initiée par un député de l’Opposition, a démontré leur légèreté.
Pour des raisons que l’on peut facilement deviner, l’Opposition n’est pas, comme on l’aurait cru, restée un bloc monolithique afin de renverser le premier ministre Adolphe Muzito et le gouvernement. Elle a même prêté ses voix aux députés de la Majorité pour battre en brèche les ardeurs du député Clément Kanku, l’un des siens.
En tant qu’observateur de la scène politique, Le Potentiel ne peut pas s’empêcher de relever les contradictions d’une Opposition fissurée. Une Opposition qui donne d’elle l’image d’un bouc charnu, cornu, barbu mais qui demeure, à l’égard des autres animaux, un simple herbivore. Inoffensif.
L’Opposition, encore et toujours elle, démontre chaque jour ses limites. Cette remarque ne vaut pas seulement pour l’entité Opposition. Elle vaut également pour ses composantes. On doit chercher des raisons.
Dans le lot des partis de l’Opposition secoués par un vent de contestation, doublée d’une certaine confusion, figurent en bonne place le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), le Mouvement de libération du Congo (MLC), l’Ordre des démocrates républicains (ODR). Dans les trois exemples précités, Azarias Ruberwa est ballotté par d’anciens compagnons. Tous, désunis, ont sollicité le tribunal qui devra, dans les prochains jours, prendre l’infâmante décision qu’aurait dû éviter le leadership du parti.
Dans le cas du MLC, l’absence du chairman a dopé l’esprit de fronde et de franc-tireur. On le voit à l’Equateur où quatre candidats, tous ressortissant du MLC, se sont lancés dans la bataille pour se faire élire gouverneur de province. Quel désordre !
Pour revenir à l’ODR, plate-forme composée de huit partis, il a éclaté en ODR (républicains, avec Roger Lumbala) et ODI (indépendants, avec Lissanga Bonganga). L’autoexclusion a été prononcée à l’endroit des frondeurs. Roger Lumbala, qui est maintenu à la tête de l’ODR originel, a obtenu le soutien du président de … l’Assemblée nationale. Un symbole.
Il y a plus. Et la situation doit interpeller. En effet, la confusion qui règne depuis plusieurs années au sein de l’Opposition « extra parlementaire » - cas de l’UDPS, Union pour la démocratie et le progrès social – est un comble. Des ailes ont éclaté qui se combattent, parfois par les forces de police interposées, alors que le chef historique, Etienne Tshisekedi, entretient la polémique depuis l’Europe, où il séjourne pour des raisons de santé.
Réussira-t-il à recoller les morceaux de la demi-porcelaine qui lui reste, après les départs massifs, par vagues, de quelques fondateurs et têtes fortes du parti ? Pas sûr d’attendre un parti outillé face aux échéances de 2011.
A l’allure où vont les choses, les jours et les mois prochains verront l’Opposition venir gonfler les rangs de la Majorité. Ce n’est pas une question d’idéologie. Ce n’est pas non plus une question d’idéal. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’instinct de survie des acteurs politiques. Qui s’étonnerait alors de revoir « un parti unique » naître des cendres de la Majorité et de l’Opposition réunies ? Le Potentiel