RDC : les Kinois contraints de marcher à pieds

Les Kinois viennent de passer une semaine particulièrement difficile pour leurs déplacements. On a observé, le long des principales artères de la capitale, des files interminables de gens contraints à la marche à pieds faute d’autres moyens de transport. Cette situation qui risque de se perpétuer pendant longtemps est consécutive au lancement de la campagne de contrôle des assurances par la Société nationale d’Assurance, SONAS. Effectivement, c’est depuis le mardi 1er Décembre que, comme promis, l’assureur national a lâché ses agents sur toute l’étendue de la ville de Kinshasa pour arrêter tout véhicule non en règle de cotisation. Du coup, les taxis, taxis bus et autres bus n’ont pas voulu quitter leurs parkings pour éviter de tomber dans les mailles des contrôleurs de la SONAS et des agents de la Police qui les accompagnent.

Sans remettre en cause la conformité de cette taxe, et tout en invitant les automobilistes au civisme fiscal, on doit néanmoins reconnaître que le calendrier de ce contrôle tombe bien mal à propos. En ce mois de Décembre caractérisé par la hausse vertigineuse du cours du dollars qui induit automatiquement une baisse substantielle du pouvoir d’achat due à la flambée des prix des biens de première nécessité, le peuple aux abois a perdu ses repères.

Pour revenir aux automobilistes, ils sont particulièrement éprouvés au point qu’ils ne savent vraiment plus à quel saint se vouer. Après la hausse du prix du carburant à la pompe et le recouvrement forcé de la vignette DGRK, cette campagne SONAS apparaît comme le coup de massue qui vient les achever. Ce sentiment d’impuissance est d’autant plus exacerbé qu’ils se sentent floués par la gestion qui est faite de l’argent qu’ils payent. Nul n’ignore que, l’année dernière, les automobilistes avaient massivement payé leurs cotisations à la SONAS en faisant confiance aux nombreuses campagnes qui vantaient la renaissance de cette entreprise nationale. Aujourd’hui, une année après, toutes les promesses faites sont demeurées vaines. Les vœux comme les engagements de bonne gestion sont malheureusement démentis par la gestion nébuleuse des autorités de la SONAS qui, rattrapées par la justice, hument présentement l’air renfermé de la prison de Makala.

Madame carole Agito et son équipe ont donc la lourde responsabilité de réhabiliter l’image de leur entreprise qui a été secoué, tout récemment encore, par des scandales de détournements de fonds. Les contribuables veulent que leur argent rejoigne les coffres du trésor public pour servir aux travaux d’intérêt général ; au lieu de gonfler les poches, les comptes et les egos de certaines personnes.

Au regard de la situation sociale délicate que vit la population en ce mois de Décembre, la SONAS pourrait décréter un moratoire afin de désamorcer, un tant soit peu, la grogne sociale qui risque de déboucher sur des débordements difficiles à maîtriser. Il sera toujours temps, au début de l’année prochaine, de relancer une campagne plus contraignante ; d’autant plus que tout le monde aura eu largement le temps de se mettre en ordre. Il vaut mieux prévenir que guérir, dit-on.