RDC : Kouchner " Cela fait des années et des années qu’elle (la Monuc) est là, les populations continuent d’être massacrées "
Le rôle de la mission de l’ONU au cœur des entretiens Kabila-Kouchner
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a salué, vendredi 8 janvier 2009 à Kinshasa, le rapprochement entre le Rwanda et la RDC. Toutefois, selon le chef de la diplomatie française, les hommes et femmes de l'est congolais en attendent davantage.
Après avoir atterri en République démocratique du Congo, deuxième étape de sa tournée africaine, après 24 heures passées au Rwanda, le chef de la diplomatie française a salué le rapprochement de ces derniers mois entre Kigali et Kinshasa : « Le mouvement géopolitique le plus important est le rapprochement, l'entente, le dialogue entre le président du Rwanda (Paul Kagame) et le président de la RDC (Joseph Kabila). Est-ce que cela a porté ses fruits ? Politiquement sûrement ».
Il a toutefois souligné que la situation des populations de la partie orientale de la RDC doit s’améliorer : « Sur le terrain, pour les hommes et femmes qui sont dans l'est du pays, les choses se sont arrangées mais pas assez. Ce sera certainement un sujet de discussion avec le président Kabila. Je sais sa position à propos de la Monuc (...), je voudrais connaître ce qu'on peut faire pour que la population au Sud et Nord-Kivu puissent voir la situation s'améliorer ».
Le principal sujet de préoccupation est donc la situation des populations dans l'est du Congo et - au cœur du sujet - le rôle de la Monuc, la Mission des Nations unies en RDC. Le ministre français en a apparemment déjà parlé avec le Premier ministre congolais Adolphe Muzito ce vendredi 8 janvier et devrait en faire autant avec le président Kabila. D’après certaines indiscrétions, lors de son entretien, le chef du gouvernement de Kinshasa a dit à Bernard Kouchner qu’il souhaitait que la Monuc commence son retrait dans les prochains mois. Le mandat actuel de la mission de l’ONU ne courre que jusqu’à la fin du mois de mai 2010, un mandat qui a été delivré par le Conseil de sécurité à fin décembre 2009.
Nul doute, donc, que Joseph Kabila ait abordé le sujet lors de cette rencontre. Il se trouve que Bernard Kouchner est très critique sur le travail de la Monuc : « Cela fait des années et des années qu’elle est là, les populations continuent d’être massacrées », constate-t-il.
Il semble donc que les Congolais et les Français travaillent sur un nouveau schéma : moins de Monuc et plus d’ONU. Concrètement, moins de casques bleus et plus d’acteurs du développement sur le territoire du Congo. Il reste que, pour beaucoup d’observateurs, si les quelque 20 000 casques bleus de la Monuc n’étaient pas là, ce serait encore pire. Et les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), comme les soldats des Forces armées du Congo, commettraient encore plus de crimes. Pour la seule année 2009, il y a eu 1 400 victimes dans l’est du pays.
Le porte-parole de la Mission de l’ONU en RDC, Kevin Kennedy, nous disait, vendredi 8 janvier, que sans le soutien logistique de la Monuc la justice militaire congolaise ne pourrait pas fonctionner, les policiers et les juges ne pourraient pas se déplacer sur le terrain, par exemple. Et les criminels de l’armée congolaise qui ont été identifiés ces derniers mois dans l’est du pays par cette force militaire ne pourraient jamais être arrêtés. O.M/RFI