Selon le sénateur Mokonda Bonza : "La RD Congo est devenue un paradis fiscal"
Président de la Convention des démocrates chrétiens (CDC), le sénateur Florentin Mokonda Bonza a fait cette déclaration à la presse lors d’une cérémonie d’échange des vœux organisée à Kinshasa avec les cadres et membres de son parti.
" Je ne cite pas des noms. Je vous dis tout simplement, si vous voyez qu’il y a plusieurs buildings qui se construisent, d’où vient l’argent? ", s’est interrogé ce membre de la Chambre qui a manifestement décidé d’ouvrir les hostilités en clamant tout haut ce que nombre de ses pairs préfèrent murmurer tout bas.
En tous cas, le Tout-Kinshasa parle de l’étonnant "boom immobilier" sans précédent auquel on assiste dans la capiitale mais aussi à Lubumbashi en particulier. Des immeubles à plusieurs étages poussent comme des champignons. Les hôtels, les appartements et les villas ne se comptent plus aux quatre coins de la capitale. Plus inquétant, plusieurs banques commerciales aux noms pittoresques ont ouvert des représentations dans un pays où l’épargne est rarissime faute de pouvoir d’achat. Un pays considéré par ailleurs "à haut risque" pour tous les investisseurs soucieux d’une certaine éthique. Comment ne pas, dès lors, se poser des questions sur l’origine de ces "investissements"?
Pour le sénateur Mokonda Bonza les faits sont là : " Le Congo est aujourd’hui une terre qui accueille tous les mafieux, qui viennent pour blanchir des fortunes qu’ils ont été acquises illégalement ailleurs. Cela ne se fait pas dans d’autres pays ". Et d’ajouter : " La mafia peut venir de l’extérieur tout comme elle peut être organisée localement ".
Pour Mokonda, les membres des réseaux mafieux disposent d’une masse d’argent liquide qui leur permet de construire des immeubles à plusieurs étages. Cette masse d’argent, selon lui, proviendraient des opérations illicites dont le trafic de drogue.
A en croire Mokonda, ces "réseaux" écoulent cet "argent sale" dans des "paradis fiscaux" comme la RD Congo pour la bonne et simple raison qu’ en Europe et aux Etats-Unis, il n’est plus possible d’ouvrir un compte "et placer par exemple 10 mille ou 20 mille dollars, si vous ne donnez pas des détails, des précisions sur la provenance ". Et de conclure : " Le Congo est devenu une sorte de paradis fiscal ".
Depuis plus d’une décennie, la capitale congolaise est envahie par des "hommes d’affaires" indo-pakistanais et libanais. Ils évoluent dans les secteurs de l’alimentation, le "commerce général" et la banque. "La société Congo-Futur, très proche de la famille Kabila, n’a jamais publié le moindre bilan de ses comptes, commente un économiste kinois. Comment peut-on expliquer que cette compagnie ait pu construire une dizaine d’immeubles en l’espace de deux ans sans financement bancaire local ou extérieur? D’où vient cet argent?" Madeleine Wassembinya (avec APA)