L'ancien premier ministre belge, Guy Verhofstadt : « Quelque chose de pourri en France »
S’immisçant dans le débat sur l’identité nationale en France, Guy Verhofstadt estime que ce débat est « un défouloir au remugle vichyste » et le signe qu’il « y a décidément quelque chose de pourri en République française ».
« Pour ses voisins, la France a souvent été un modèle d’inspiration et d’admiration (…). Elle est source d’accablement pour ses amis qui la voient se perdre dans une polémique stérile sur l’identité nationale », écrit le chef du groupe libéral au Parlement européen. « L’opportunité politicienne de ce débat, sa conduite hésitante et ses finalités floues donnent en effet l’impression désastreuse que la France a peur d’elle-même. Il y a décidément quelque chose de pourri en République française », poursuit-il.
L’ancien Premier ministre fustige un débat qui « a remis les thématiques d’extrême droite au premier plan ». Pour lui, les discussions organisées par le gouvernement et le site internet du ministère de l’Immigration et de l’identité nationale sont devenues « un défouloir au remugle vichyste ».
Lancé fin octobre par le gouvernement, le débat sur l’identité nationale a donné lieu à des centaines de réunions publiques et à des forums sur un site du ministère consacré à ce sujet. Il s’agissait d’y définir ce qu’est « être français ». Cette initiative a été vivement critiquée par l’opposition de gauche qui a estimé qu’elle avait libéré une « parole raciste », ce que le ministre de l’Immigration Eric Besson a rejeté, jugeant ce débat indispensable et les dérapages « très isolés ».
Si « tous les pays ont des problèmes d’immigration », « c’est moins l’islam qui pose problème que le manque de formation et le chômage », estime M. Verhofstadt. « De la France qu’on aime et dont on a besoin, on attend des idées, des projets, et non pas le repli identitaire d’une vieille nation frileuse, plus occupée à ressasser les échecs du passé qu’à préparer ses succès de demain », écrit-il encore.
Le Premier ministre François Fillon a annoncé lundi une série de mesures symboliques sur le renforcement de l’éducation civique ou l’intégration des immigrants, une manière, selon l’opposition, de ménager une sortie honorable face à la controverse. Le Soir