Chrétiens tués le 16 février 1992 / Les pro-Bemba ce mardi dans la rue !

Au loin, dans les quatre murs des installations pénitentiaires de la Cour Pénale Internationale à la Haye, au Pays-Bas, l’ombre de Bemba continue à planer sur la situation politique en RD. Congo. Ce mardi, en effet, ses acolytes constellés autour de l’Union pour la Nation, sa plate-forme, se jettent dans la rue. Ils veulent ainsi se souvenir, ensemble avec des milliers des partisans, de l’ignoble barbarie de la soldatesque mobutiste qui, naguère, tua en masse, des chrétiens alors qu’ils manifestaient pour la réouverture des portes de la Conférence Nationale Souveraine. Les stigmates de cette lutte sont tellement historiques que Clément Kanku Bukasa wa Tshibuabua, Coordonnateur a.i de l’UN, n’entend nullement rater l’occasion, pour battre le rappel des troupes. Messe de suffrage, marche pacifique et meeting sont programmés à Kinshasa. Le go partira de la Paroisse St Joseph à la célèbre place YMCA, à Matonge, en plein cœur de la capitale congolaise. C’est aussi une autre façon, pour les pro-Bemba, de tester la popularité de leur Chef et d’eux-mêmes.

L’Appel est lancé.

La mobilisation est totale. Ce samedi 13 février, à Fathen House, à quelques encablures du Grand Hôtel Kinshasa, Clément Kanku Bukasa, a-t-on appris, a tenu une réunion de préparation. Dans sa démarche, du moins visible, le nouveau Coordonnateur a.i de l’Union pour la Nation, la méga plate-forme de Bemba, vise à immortaliser les chrétiens tués un certain 16 février 1992 à Kinshasa. Une messe de suffrage est projetée en la Paroisse St Joseph. Puis, ce sera la marche à pieds secs, jusqu’à la place YMCA où est prévu un meeting populaire. Kanku n’est pas seul. A ses côtés, il compte sur les autres acolytes de Bemba qui ont été fiévreusement mobilisés. C’est un véritable test de popularité, après le calvaire enduré par JP Bemba, le leader charismatique de l’UN devenu aujourd’hui, un des geôliers de Luis Moreno Ocampo, le Procureur de la CPI, à la Haye. Des signes avant-coureurs de la reconfiguration de la scène politique, à la veille des prochaines joutes électorales sont à capter, à l’issue de ce nouveau rendez-vous de ce mardi, dans la rue.

Chrétiens fauchés, combat juste pour la démocratie… Au gré de vagues politiques, l’histoire est et reste têtue. Un beau jour, Mobutu ne croyait pas que la mort d’un chrétien, fut-il un jeune ou vieux, une femme ou un homme, n’est jamais gratuite. A l’époque, Mobutu fou, furieux, n’hésita pourtant pas, à achever son œuvre. Grenades lacrymogènes, eaux chaudes et balles réelles furent largués contre des chrétiens alors qu’ils n’avaient qu’un seul but, celui de manifester contre la fermeture injustifiée des portes de la Conférence Nationale Souveraine, ce forum des rêves croisés à l’aune duquel devait naître la démocratie, source de bonheur collectif, selon l’Union Sacrée de l’Opposition.

L’histoire se passa à la grande place de la Victoire, à Matonge, ce puissant ferment de la résistance et de la fougue où shégués, marchands, piétons, taximens, filles de joie et autres badauds meublent le rond-point, dans une ambiance de confusion endiablée. Mais, ce jour-là, en effet, le rendez-vous fut matinal, à la première heure. Il était question, pour les chrétiens catholiques, de se retrouver à la messe, avant tout mouvement. Une fois l’homélie finie, la marche embrasa les rues qui jouxtent la Paroisse St Joseph jusqu’à la place des artistes. Surprise ? A quelques pas, la garde civile fit irruption sur les lieux. Sans pitié, elle se mit à tirer dans tous les sens, sur ordre personnel, semble-t-il de l’Aigle de Kawele. L’opération dura plusieurs heures. Au décompte, des nombreuses victimes. Des centaines des milliers des chrétiens des morts. C’était, apparemment, le prix à payer, pour arracher, dans le sang, cette démocratie au Congo-Kinshasa. La Prospérité