Coup d'Etat au Niger: la capitale aux mains de mutins... Couvre-feu, fermeture des frontières
Le pouvoir en place à Niamey, la capitale du Niger, aurait été renversé hier par un coup d'État mené par des militaires. Les mutins auraient arrêté des membres du gouvernement et «emmené» le président
Un coup d'Etat qui a fait plusieurs morts, selon des témoins, a eu lieu hier au Niger. En milieu d'après-midi, des soldats étaient déployés autour du palais présidentiel de Niamey et dans les rues adjacentes. Selon une source diplomatique française, le président nigérien Mamadou Tandja serait «entre les mains des mutins». «Ca s'est passé à l'issue d'un conseil des ministres, il semblerait que le président Tandja soit à l'heure actuelle entre les mains des mutins et que les membres du gouvernement soient eux-même retenus», a indiqué cette source en fin d'après-midi. De son côté, une source diplomatique africaine à Niamey a déclaré que «plusieurs hautes personnalités nigériennes ne sont plus libres de leurs mouvements. Elles ont été arrêtées (...). Les insurgés ont nettement pris le dessus».
Une tradition de coup d'Etat
Selon la source diplomatique française, qui avance que la garde présidentielle a pris part à cette tentative de coup d'Etat, les dissensions au sein de l'armée étaient connues. «On savait qu'une partie de l'armée désapprouvait Tandja et son coup de force constitutionnel, on pensait jusque là cette partie très minoritaire. Il y a tradition de coup d'Etat dans ce pays, mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite», a-t-elle ajouté. Après dix ans de pouvoir, Mamdou Tandja avait dissous l'année dernière le parlement et la cour constitutionnelle et obtenu une prolongation controversée de son mandat pour au moins trois ans à l'issue d'un référendum en août. L'opposition, qui avait boycotté cette consultation ainsi que des législatives controversées en octobre, avait dénoncé un coup d'Etat et la communauté internationale a condamné les agissements du président. L'Union européenne a suspendu son aide.
Couvre-feu, fermeture des frontières
Le Conseil militaire qui a mené un coup d'Etat jeudi au a annoncé la mise en place d'un couvre-feu et la fermeture des frontières dans un communiqué lu dans la soirée par un journaliste de la chaîne de télévision d'Etat Télé Sahel.
Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie "a décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes" et de la mise en place "d'un couvre-feu de 18H00 à 06H00 heures", selon un communiqué lu par un journaliste à la télévision.
Quelques minutes plus tôt, le porte-parole de ce Conseil a annoncé la suspension de la Constitution.
"Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSDR), dont je suis le porte-parole, a décidé de suspendre la Constitution de la sixième république et de dissoudre toutes les institutions qui en sont issues", a annoncé le colonel Goukoye Abdoulkarim, qui lisait un communiqué à la radio d'Etat Voix du SahelUn pays stratégique pour Areva
Le Niger est un pays stratégique pour la France et notamment son industrie nucléaire. Présent depuis 40 ans au Niger, où il extrait près de la moitié de son uranium, le groupe nucléaire français Areva a récemment enterré la hache de guerre avec les autorités de Niamey, qui l'avaient un temps accusé de soutenir la rébellion touareg.
Deux gisements
La présence d'uranium dans le pays avait été mise en évidence dès la fin des années 50 par les équipes du Commissariat à l'Energie Atomique, alors que le Niger était encore une colonie française. Aujourd'hui, Areva revendique le titre de premier employeur privé du Niger, avec 2.500 employés (à 99% nigériens, selon le groupe). Le leader mondial de l'atome civil y exploite deux gisements, situées à 1.200km au nord de Niamey, la capitale: le premier à ciel ouvert à Arlit et l'autre souterrain à Akokan. O.M/Monde.