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LOSAKO
15 mars 2010

Kivu: CNDP, nouveau maître du trafic illicite des minerais

cndp2Le Kivu risque de demeurer la « porte d’entrée » des faiseurs de guerre et une véritable poudrière pour la RDC et toute la région des Grands Lacs. Pour preuve, les fossoyeurs de l’économie congolaise et les déstabilisateurs des institutions nationales ne font que s’alterner. Selon les dernières accusations concordantes, le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) est devenu le « nouveau maître du trafic illicite des minerais ». La crainte ? C’est qu’à tout moment, tout peut arriver et que la guerre pourrait reprendre.

Dans son dernier rapport, l’ONG international Global Witness accuse les anciens rebelles du CNDP d’être devenus les « nouveaux maîtres du trafic illicite des minerais ». Une situation qui a été favorisée par les dernières opérations « KIMIA 2 », permettant aux éléments du CNDP de prendre le contrôle des carrés miniers, autrefois occupés par les rebelles rwandais des FDLR, et de se livrer au trafic clandestin qui profite avant tout aux hauts gradés du CNDP, aujourd’hui officiers des FARDC.

Il s’agit particulièrement des minerais de haute valeur très prisés dans l’industrie mondiale. A savoir le coltan et la cassitérite qui entrent dans la composition des téléphones mobiles et des circuits informatiques. « Ils ont ainsi acquis un contrôle bien plus important des zones minières que celui dont ils jouissaient en tant qu’insurgés », lit-on dans le rapport de Global Witness. Et de poursuivre : « Les cargaisons de cassitérite et de tantale sortent toujours, principalement par le Rwanda voisin, sans que personne ne s’en offusque. A commencer par le gouvernement central de Kinshasa qui, semble-t-il, ferme les yeux en échange du maintien d’une paix précaire dans les Kivus. Un « deal » qui pourrait s’avérer illusoire. Du fait de leur capacité à détourner les recettes des mines, les anciens rebelles auraient des moyens financiers de se réarmer s’ils décrétaient que la paix ne leur convenait plus », analyse Global Witness, après une enquête de quatre semaines au Kivu.

Bien plus grave, Globall Witness s’étonne de l’attitude de la communauté internationale. « Les gouvernements bailleurs de fonds occidentaux ont fait grand cas de leurs engagements visant à rétablir la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC. Mais ces belles paroles sont en contradiction avec le fait qu’ils persistent à ne demander aucun compte aux entreprises de leur juridiction qui achètent des minerais du conflit », affirme cette ONG internationale. Pour preuve, une entreprise britannique, cite Global Witness, qui était très impliquée dans l’achat des minerais congolais du Kivu, a été remplacée par une firme basée en Malaisie, MSC, quatrième producteur d’étain au monde, dirigée par un ressortissant britannique.

Comme on peut bien s’en apercevoir, le Kivu reste à la fois une « porte d’entrée » des mafieux, et « une poudrière » pour la RDC et la région des Grands Lacs.

cndp_rdcKimia 2 et Bourse

Le rapport de Global Witness réconforte ceux qui avaient émis des observations pertinentes au sujet de l’Opération Kimia 2. Ils relevaient en effet que l’approche posait certains problèmes quant à l’envoi des militaires dans la zone d’opération. Il a été constaté que c’étaient des « commandants et des militaires de CNDP » qui reprenaient des positions autrefois occupées par les FDLR. Cela posait le problème de l’intégration de ces éléments au sein des FARDC et que les soldats du CNDP n’avaient pas quitté le Nord-Kivu. Conséquence, ils ont maintenant un contrôle administratif parallèle.

Que le CNDP soit aujourd’hui maître des carrés miniers et que l’exploitation dépende de ce mouvement pendant que Kinshasa n’a pas encore totalement étendu son autorité dans ces zones, cela soulève des interrogations et des inquiétudes.

3588042953_d9cdcaac0b_oD’autre part, ce constat inquiétant se fait juste au moment où à Kigali, une « Bourse de matières premières » a été ouverte. Et dans une déclaration aux autorités locales rwandaises, le président du Rwanda leur a demandé de relaxer les mouvements des personnes et des biens à la frontière avec la RDC. Et que si des personnes en provenance de la RDC « apportaient de l’argent et des minerais, il y a aucune raison de refuser » (Sic). En d’autres termes, les FDLR ne constituaient plus une menace pour le Rwanda.

Or, le rapport de Global Witness établit bel et bien que « des cargaisons de cassitérite et de tantale sortent toujours, principalement par le Rwanda voisin, sans que personne ne s’en offusque ». De deux choses, l’une. C’est que le Rwanda, à travers sa « Bourse de matières premières » vient d’officialiser le trafic illicite des matières premières en provenance de la RDC, soutenant ainsi ouvertement le CNDP, ou alors l’accord entre la RDC et le Rwanda est en train d’être violé. Ce qui posera un problème sérieux quant à l’intégration effective des hommes du CNDP au sein des FARDC.

Par contre, les éléments du CNDP opérant aujourd’hui sous l’uniforme des FARDC, discréditent l’armée nationale congolaise.

Kinshasa interpelle

45763704L’on n’est pas encore sorti de l’auberge. Tant que les causes profondes de la guerre à l’Est du pays ne seront pas maîtrisées, il serait illusoire de croire à une paix durable dans la région des Grands Lacs. Il revient au gouvernement de Kinshasa de tout mettre en œuvre pour reprendre le contrôle de tous les carrés miniers et les démilitariser.

L’on se souviendra que dans l’une de ses précédentes livraisons, Le Potentiel avait démontré qu’à l’image de l’Afghanistan, la RDC est également une « zone névralgique » où tout peut arriver, voire la balkanisation de la RDC pour contrôler ses minerais, mais pour un « Nouvel ordre mondial ». Le fait que l’on assiste à des confrontations entre puissances occidentales, américaines et asiatiques en RDC, demeure une preuve irréfutable que la RDC suscite pas mal de convoitises et reste une zone névralgique.

Ensuite, il revient toujours à Kinshasa de saisir cette première opportunité du mois d’avril. En effet, du 2 au 3 avril prochain, Bujumbura accueillera, dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, la « Réunion du Comité d’initiative régional contre l’exploitation des ressources naturelles ».

Kinshasa a l’obligation morale et politique de proposer des projets pour la « certification des ressources naturelles », à l’image du « Processus de Kimberley » pour le diamant. C’est l’un des défis à relever dans l’immédiat pour une paix durable en RDC et dans la région de l’Afrique des Grands Lacs. Le Potentiel

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