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LOSAKO
14 octobre 2010

La vielle Colette Braeckman et l’assassinat d’Armand... Braeckman, Kasamba, Muabilu.. Des journalistes à grand coup de dollars

colette«Au vu de cette nouvelle mort, hélas non suspecte, on ne peut qu’avancer trois conclusions: la campagne électorale précédant les élections de 2011 a déjà commencé, elle sera dure et aura plusieurs facettes, dont les attaques directes contre Kabila, la remise en cause de ses origines (thème connu), la contestation de son action, et surtout la provocation. Sur ce terrain là, l’opposition jouera sur du velours: les services de sécurité sont nerveux, répondent brutalement à la moindre provocation (…). Mais on peut aussi se demander si le pouvoir n’est pas séduit par le “modèle rwandais”, qui fait déjà école au Burundi: développer le pays, essayer de le faire avancer à tout va, multiplier les contrats, restaurer, autant que faire se peut, l’autorité de l’Etat et en même temps serrer la vis à l’opposition, se montrer intolérant face à la contestation et… ne pas craindre de tuer, plus pour l’exemple et la dissuasion que par goût de la répression…». Telle est l’interprétation que la journaliste belge Colette Braeckman se fait de l’assassinat d’Armand Tungulu par le régime « Kabila ».

D’emblée, en parlant de “nouvelle mort” plutôt que d’assassinat, Braeckman adoucit l’ampleur et l’horreur du crime commis. Avec raison, elle y voit le commencement de la campagne électorale. Mais elle se refuse de dire qui a commencé la campagne avant l’heure. Ce n’est certainement pas Armand Tungulu. « Joseph Kabila » est celui qui a commencé la campagne électorale… par un meurtre. Cela signifie que sa campagne électorale sera sanguinaire. Une fois de plus, la journaliste choisit délibérément d’adoucir la nature criminelle annoncée de la campagne en parlant de campagne “dure”. La même préoccupation se retrouve plus loin dans l’élégante expression “serrer la vis à l’opposition” qui cache des réalités nauséabondes comme les assassinats de Floribert Chebeya et Armand Tungulu.

1215962434On se serait attendu à ce que Braeckman décline les multiples facettes de la campagne qui a déjà commencé, c’est-à-dire celle de « Joseph Kabila ». Mais la journaliste préfère détourner l’attention du lecteur de la nature du régime « Kabila » pour s’étendre sur la campagne qui n’a pas encore commencé, celle des opposants. Ici aussi, les mots sont bien choisis : “attaques directes” ; “remise en cause des origines” ; “contestation” et surtout “provocation”. Il n’y a pas meilleure façon de dire du mal et de discréditer ou disqualifier l’opposition congolaise. « Joseph Kabila », le bourreau dont le régime assassine des fils et filles du pays, est présenté en victime. A travers cette tactique, Braeckman sollicite la sympathie du lecteur en faveur du criminel. Elle profite aussi de l’occasion pour revisiter voire rappeler subtilement le diktat occidental qui voulait que les candidats à l’élection présidentielle de 2006 ne soulèvent pas la question des origines de l’imposteur. On se souviendra qu’alors que partout au monde le passé d’un candidat constitue la première marchandise à vendre aux électeurs, au Congo, les puissances occidentales l’avaient élevée au rang de tabou pour protéger leur candidat.

Braeckman prend une précaution inutile en écrivant : « Mais on peut aussi se demander si le pouvoir n’est pas séduit par le “modèle rwandais” ». Son message est très clair. Il y a une modèle politique à suivre : le Rwanda où Paul Kagamé préfère parler de développement plutôt que de la démocratie et du respect des droits de l’homme. Notons que ce type de discours n’est pas nouveau. Suite à la chaotique démocratisation du continent, les “démocratiseurs” occidentaux sont gagnés par l’afro-pessimisme. Les paralysies institutionnelles, les violences et les crimes politiques de tout genre les ont tellement refroidis qu’ils s’abstiennent de faire office de donneurs de leçons ou de croisés inconditionnels de la démocratie. Déjà en 1996, on pouvait lire sous la plume de la même Braeckman : «On entend formuler l’opinion qu’il y aurait des coups d’Etat plus justifiables, moins blâmables que d’autres » (Le Soir, 2 juillet 1996). Quant aux droits de l’homme et à la démocratisation, ils sont progressivement rayés de l’ordre du jour au profit du seul critère de la bonne gouvernance ou même de la stabilité pour la tranquillité des affaires.

TunguluLà où les propos de Braeckman deviennent extrêmement graves, c’est quand elle franchit la ligne rouge et justifie l’injustifiable : les assassinats politiques. Quand elle écrit : «… se montrer intolérant face à la contestation et… ne pas craindre de tuer, plus pour l’exemple et la dissuasion que par goût de la répression », il y a lieu de se demander si son texte décrit une situation ou rapporte les propos des services de sécurité de « Joseph Kabila ». Mais, prenons exactement la même précaution qu’elle, on peut aussi se demander si elle ne délivre pas un permis de tuer au nom du développement. Au fait, comment cette étrangère à la culture politique congolaise peut-elle être aussi certaine que les assassinats politiques ont lieu plus pour dissuader les opposants que par goût de la répression ? Qu’est-ce qui autorise une telle certitude ? Braeckman a-t-elle obtenu des confidences de « Joseph Kabila » à ce sujet ? Si oui, quand, où et comment ? Et surtout, en vertu de quoi ces confidences seraient-elles crédibles au point d’être reprises sans la moindre nuance ?

Braeckman semble avoir été à la bonne école de la musique congolaise moderne tellement elle rejoue avec brio la célèbre chanson « DG » de Lwambo Makiadi : « Ozalaka kaka moto DG. Entourage esalaka mabe ». La passionaria qui avait l’habitude de tirer à boulet rouge sur le dictateur Mobutu ne met nullement en cause le despote « Joseph Kabila ». Seuls les services de sécurité seraient “nerveux”. Pourtant, pour qui connaît le Congo, les services de sécurité ou d’insécurité permanente, pour être juste, reçoivent leurs ordres de la « Haute Hiérarchie ». C’est parce que celle-ci est “nerveuse” que les services le sont aussi. Aussi sont-ils assurés de l’impunité. Faut-il apprendre cela à une spécialiste des questions africaines ? L’objectif de Braeckman n’est-il pas ici de soigner l’image d’un criminel notoire et récidiviste ?

Quand Braeckman évoque les assassinats politiques, “plus pour l’exemple et la dissuasion que par goût de la répression”, il est curieux de constater qu’elle n’envisage pas un seul instant que les opposants puissent eux aussi recourir à la même arme. Pourrait-elle expliquer la raison d’être d’un si grand oubli ? Venant de la part d’un être doué de toutes ses facultés mentales, un tel oubli ne s’apparente-t-il pas à un parti pris ? Si le régime « Kabila » peut tuer les opposants au nom du développement, Braeckman devrait expliquer pourquoi ces derniers ne tueraient-ils pas « Kabila » au nom du même développement qu’ils ne voient nulle part. N’est-ce pas ?

Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo

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