Joseph Kabila - Jeune Afrique : une histoire de gros sous !
Quand les éléphants se battent l’herbe en pâtit, dit le
célèbre adage. Le «général» Bosco Ntaganda, alias «terminator», pourrait perdre
quelques plumes supplémentaires dans le «duel» qui oppose son protecteur «Joseph
Kabila» à l’hebdomadaire «Jeune Afrique». Le ministre congolais de la
Communication et presse Lambert Mende Omalanga serait dans le même cas. Après la
publication de son dossier intitulé «Kabila = Mobutu light» et le droit de
réponse du porte-parole du gouvernement congolais (voir les numéros 2612 et
2613), «J.A» revient à la charge. Le magazine parisien publie dans son édition
n°2615 datée du 20 au 26 février 2011 deux articles consacrés à Ntaganda et
Mende. Notons que le député Augustin Katumba Mwanke et bras droit financier de
"Kabila" a été dépeint, dans un précédent article, sous les traits de
Raspoutine. Le mauvais génie du Tsar Nicolas II de Russie qui a connu un destin
tragique avec sa famille.
Selon une source parisienne, l’hebdomadaire «Jeune Afrique» est
décidé à «terrasser» le président sortant congolais. En faisant quoi ? «Le
magazine compte publier dans ses prochains numéros une série de révélations
sulfureuses sur les agissements de Joseph Kabila et ses proches avec des
documents en fac-similés à l’appui. L’objectif est de montrer la vraie face du
«raïs» tant à l’intérieur qu’à l’extérieur avant l’organisation de l’élection
présidentielle.» Va-t-on assister à une nouvelle version du film d’horreur
«massacre à la tronçonneuse» ? Notre source d’ironiser : «Il ne nous reste plus
qu’à lancer une entreprise de pompes funèbres pour inhumer les victimes de ce
massacre qui s’annonce sanglant.» «J.A» a apparemment commencé son action de
«démolition». Faux billets
Sous le titre «RD Congo : Pour
une poignée de dollars», le journal revient, sous la plume de la journaliste
Marianne Meunier, sur l’affaire relative au biréacteur immatriculé aux
Etats-Unis immobilisé depuis le 3 février dernier à l’aéroport de Goma.
L’aéronef qui venait d’Abuja transportait quatre passagers. Le magazine de
rappeler qu’un homme était monté dans l’avion avant de «redescendre une valise
de billets à la main». Aussitôt après, une «cargaison de 435,6 kg en lingots» a
été chargée dans l’appareil. Pour Meunier, il s’agit «des indices clairs d’un
trafic d’or». Et d’ajouter : «L’affaire du jet pourrait apporter une énième
preuve que l’armée n’y est pas étrangère. L’homme à la valise serait un proche
de Bosco Ntaganda.» Une manière d’impliquer «Joseph Kabila» qui garantit
l’impunité à ce dernier «au nom de la paix». Et ce, «malgré le mandat d’arrêt
lancé contre lui par la Cour pénale internationale.» A en croire «J.A», la
valise précitée contenait notamment « un million de dollars de faux billets »
sur un total de 6,5 millions de dollars. Citant diverses sources, l’auteur de
l’article de noter que Ntaganda est directement impliqué dans le commerce de
minerais dans le territoire du Masisi. Le procureur général de la République
Flory Kabange Numbi est arrivé le 17 février à Goma. On se demande bien pourquoi
(c’est nous qui le soulignons) dans la mesure où le procureur de la République
près le tribunal de Grande instance ou le procureur général près la Cour d’appel
de Goma aurait pu valablement mener l’enquête sur ce dossier. La journaliste de
soulever quelques interrogations : «Pourquoi ce trafic a-t-il été mis au jour
alors que tant d’autres, au Nord Kivu, se déroulent en toute tranquillité ?», «A
qui appartient le jet ?», «S’il est vraiment impliqué, Ntaganda sera-t-il
inquiété ?»
DiffamationLe second «papier» que les lecteurs
trouveront à la page 39 s’intitule : «RD Congo : L’honneur perdu de Lambert
Mende». Surnommé le «Vuvuzéla national», Mende Omalanga appréciera l’article
dont l’auteur n’est autre que le fils du patron de «Jeune Afrique» en
l’occurrence Marwane Ben Yahmed. On rappelle que dans son brûlot «Kabila= Mobutu
Light», le journal parisien, sous la direction de François Soudan, écrivait
notamment que l’actuel chef d’Etat «marche sur les pas de ses deux prédécesseurs
et règne sur un pays sinistré, miné par la corruption et la violence.» Autres
griefs : enrichissement, détournement de fonds publics, régionalisme, népotisme,
violation des droits humains. Dans un droit de réponse, le ministre Mende a
parlé de «complot» tout en qualifiant les faits allégués de «fausses
accusations». Et d’ajouter : «(…), l’objection de cette série d’articles d’une
rare virulence est de démolir la réputation d’une personnalité politique qui se
prépare à affronter le verdict des urnes d’ans moins d’un an.» Pour Mende, par
cet article, d’aucuns voudraient «faire payer à Joseph Kabila son indocilité.»
Il pointe un doigt accusateur en direction de certains opérateurs miniers déçus.
«Marwane» de réagir: «Outre la dénonciation d’une présumée tentative de
déstabilisation du chef de l’Etat fomentée par une certaine «gorge profonde»,
dont il refuse de citer le nom mais dont la description qui en est faite désigne
clairement l’ex-président de l’Assemblée et désormais opposant Vital Kamerhe,
Lambert Mende, pour qui tous les moyens semblent bons, n’a pas hésité à voir
derrière notre enquête un véritable complot et une « alliance de la haine». Le
fils Ben Yahmed de faire état de certains passages inédits du fameux droit de
réponse en accusant Mende d’avoir versé dans la «diffamation» en déclarant : «Je
vous assure que 14 pages dans un magazine comme celui-là, ce n’est pas moins de
500.000 dollars.» Une manière de suggérer que l’article querellé a été rédigé
«sur commande». Pour Marwane, il s’agit d’une «accusation grotesque» proférée
par le ministre de la Communication du gouvernement. «(…) : pour Mende,
poursuit-il, visiblement, tout s’achète et tout se vend.» Une phrase pleine de
sous-entendus. Et de passer au crible le parcours de «Lambert» : «Il est vrai
que l’itinéraire de cet homme passer maître dans l’art de retourner de sa veste
résume assez bien sa conception du pouvoir.»
Marwane Ben Yahmed de
conclure : «Si j’étais Joseph Kabila, je me méfierais d’un ministre aussi
versatile.» Au prochain épisode.
B.A.W