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LOSAKO
27 juin 2011

Veuve Tungulu : "J’attends toujours le certificat de décès de mon mari"

veuve_tungulu2Fatiguée d’attendre que les autorités congolaises «daignent» lui délivrer l’acte attestant le décès de son conjoint Armand Tungulu Mudiandambu, la veuve, née Philo Nzomina Maloka, a effectué, vendredi 24 juin 2011, une «visite impromptue», à l’ambassade de la RD Congo à Bruxelles. But : réclamer ledit document. L’ambassadeur Henri Mova Sakanyi était absent. Les "vigiles" de cette mission congolaise ont failli provoquer un incident rien que pour une photo prise sur la façade de la chancellerie. C’est à croire que l’entrée principale d’une ambassade présenterait un intérêt stratégique.

Bruxelles. Vendredi 24 juin 2011. Il est 11h50. L’auteur de ces lignes reçoit un appel téléphonique : «La veuve Tungulu vient de m’informer qu’elle est en route pour l’ambassade de la RD Congo à Bruxelles. Elle entend réclamer le certificat de décès d’Armand.» L’homme qui parle s’appelle Wilkens Engboko Alhongo. Ancien magistrat militaire, l’homme fait partie des activistes de la diaspora congolaise communément appelés les «Combattants».

Il est 12h10. Tout est calme sur la rue Marie de Bourgogne. Dix minutes après, on voit «Mama Philo» arriver. Elle est accompagnée de son beau-frère. «Je suis venue exiger le certificat de décès de mon mari, déclare-t-elle en liminaire à quelques journalistes congolais présents. Huit mois après l’annonce de la mort d’Armand, j’attends désespérément de recevoir ce document. Je vous laisse imaginer les difficultés auxquelles mes enfants et moi sommes confrontés pour accomplir certaines formalités administratives.»

Nzomina2%20007Après cette déclaration, la veuve Tungulu s’introduit dans le hall de la représentation diplomatique congolaise. Son beau-frère est à ses côtés. Il est 12h25. Un quart d’heure plus tard, ils réapparaissent. Le chargé de la sécurité à l’ambassade, bien connu à Bruxelles sous le surnom de «Maître Kasa», les raccompagne. Resté sur l’autre trottoir, l’auteur de ces lignes prend aussitôt une photo de cette «sortie». Tel un taureau qui voit un chiffon rouge, «Maître Kasa» voit rouge. «Pas de photo», tonne-t-il la main droite bien tendue comme pour obstruer l’objectif de l’appareil. Il se rapproche de l’«outrecuident» photographe. «Remettez-moi votre appareil photo. Je dois effacer l’image que vous avez capturée», dit-il sur un ton comminatoire. Le refus est sans équivoque.

C’est l’épreuve de force. Un second judoka vient à la rescousse de son collègue. Renseignement pris, il s’agit d’un certain Fabien Mafuta. Un Liégeois. Celui-ci bouscule l’auteur de ces lignes. La riposte est immédiate. Le ton monte. Les index sont tendus. «Vous devez savoir que vous n’êtes pas à l’intérieur de l’ambassade, martèle le juriste Alhongo. Par conséquent, vous n’avez pas le droit de formuler vos exigences sur le territoire belge.» Après quelques éclats de voix, l’incident est clos. Les «petits soldats» de Mova tournent aussitôt les talons sans avoir atteint leur objectif. Triste démonstration de l’ignorance et de la force brutale.

La démarche menée par la veuve Tungulu ce vendredi 24 juin à l’ambassade congolais à Bruxelles met à nu l’incapacité pour le citoyen congolais à faire valoir ses droits ou moyens de défense face à un pouvoir omnipotent et arrogant. En cas de conflit avec la plus haute autorité du pays, le Congolais lésé ne dispose d’aucun recours pour faire entendre sa cause. Le cas Tungulu est une illustration patente : le bourreau a ôté la vie à sa victime tout en "confisquant" le cadavre. Tant pis pour la famille éplorée qui ne peut faire le travail de deuil.

tungulu8Armand Tungulu Mudiandambu est arrivé à Kinshasa le 15 septembre 2010. Le 29 octobre, on apprenait qu’il a été arrêté par des membres de la garde présidentielle. Il est accusé d’avoir «caillassé» le cortège de «Kabila» sur l’avenue du 24 novembre. Le 2 octobre, un communiqué du parquet général de la République revêtu de la signature du directeur de cabinet du "PGR", annonce la mort de Tungulu par «suicide».

Dès l’annonce du décès, la famille Tungulu à Bruxelles tentera en vain de nouer le contact avec les officiels congolais dont l’ambassadeur de la RD Congo à Bruxelles. En désespoir de cause, la veuve décide de jouer la «carte judiciaire». Elle demande le rapatriement du corps du défunt. C’est le début d’une bataille judiciaire qui continue tel un match de ping-pong entre la veuve et les enfants Tungulu contre l’Etat congolais. La prochaine audience devant la cour d’appel de Bruxelles aura lieu l’année prochaine.

Le 31 décembre 2010, on apprenait avec stupeur que le corps d’un homme présenté comme étant Armand Tungulu Mudiandambu a été enterré dans un cimetière de la banlieue kinoise en présence d’un "oncle paternel" du disparu. Qui est l’autorité qui a ordonné cette inhumation? Mystère. Six mois après cet «enterrement», la veuve Tungulu attend toujours d’être en possession du certificat de décès mais aussi du permis d’inhumation. «Après avoir fait appel sans succès au service d’un avocat, j’ai décidé de voir moi-même l’ambassadeur afin qu’il me délivre le certificat de décès de mon mari. L’ambassadeur est absent. J’ai besoin de ce document…», a-t-elle conclu.

Conseil de la veuve et enfants Tungulu, l’avocat bruxellois Jean-Claude Ndjakanyi avait amorcé des «contacts» avec l’ambassadeur Mova Sakanyi en vue d’obtenir le précieux certificat de décès. En vain. "Mama Philo" sera-t-elle entendue par un pouvoir pour le moins autiste?

B.A.W

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