En Afrique, les présidents font ce qu'ils veulent...après Bongo, Sassou...Dos Santos reporte l'élection présidentielle à 2009

Le président angolais José Eduardo dos Santos a obtenu mercredi soir un accord sur la tenue des élections législatives en 2008 et présidentielle en 2009, ce qui devrait lui permettre de franchir la barre des 30 années à la tête de son pays.

"Le Conseil de la République a recommandé à l'unanimité que les élections législatives aient lieu en 2008, entre mai et août, et que l'élection présidentielle ait lieu l'année suivante à la même période", a indiqué jeudi dans un communiqué ce comité multipartite présidé par le chef de l'Etat.

Les deux scrutins, les premiers depuis la fin d'une guerre civile qui a duré près de 30 ans (1975-2002), avaient initialement été annoncés pour 2007.

Mercredi, M. Dos Santos, au pouvoir depuis 1979, avait évoqué ce nouveau délai, affirmant qu'il serait "difficile" d'organiser les élections l'année prochaine.

Organisme consultatif, le Conseil est composé de leaders des partis politiques représentés au Parlement et de représentants de la société civile.

Il appartient désormais à la Commission électorale d'annoncer quand les conditions pour la tenue des scrutins seront réunies, avant que le chef de l'Etat n'annonce les dates exactes.

L'organisation des élections représente un défi logistique considérable dans cette ancienne colonie portugaise ravagée par la guerre civile qui a fait au moins 500.000 morts et rendu inutilisables la plupart des axes de communication.

Le principal parti d'opposition, l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita, ex-rébellion), a expliqué avoir donné son accord à ce qu'il a qualifié de "compromis", tout en émettant des réserves.

"Nous avons voté oui. 2008 est une date de compromis. Le fait que les Angolais disposent désormais d'une date de compromis est un élément positif", a expliqué à l'AFP, Adalberto Costa, son porte-parole.

"Mais notre souhait est que les deux élections (législatives et présidentielle) se tiennent en 2008, en même temps", a-t-il cependant ajouté.

"Si l'on tient compte du fait que la guerre civile s'est achevée en 2002, le président aura connu sept années d'exercice illégitime du pouvoir", a-t-il estimé.

En décembre 2004, M. Dos Santos s'était montré catégorique sur le calendrier électoral: "En 2006, les Angolais seront appelés aux urnes afin d'exercer leur droit de vote. Ce sera un moment historique", avait-il lancé.

Anastacio Finda, secrétaire du Conseil des partis d'opposition (CPO), coalition de petits partis d'opposition, a estimé que la position du Conseil de la République était "cohérente".

"Nous avons toujours dit que les conditions n'étaient pas réunies pour que les élections aient lieu en 2007. Il faut accélérer le déminage du territoire, il faut créer les conditions matérielles et financières pour que tous les partis politiques puissent participer au processus électoral".

A l'inverse, selon Joao Kambwela, universitaire de Luanda et candidat indépendant à la présidence, "il n'y aucune raison pour que les élections soient une nouvelle fois repoussées".

"La proposition du Conseil de la République représente seulement les intérêts d'un groupe de partis qui ne prennent pas en compte l'intérêt de la Nation", a-t-il estimé.

Dos Santos, 64 ans, n'a pas officiellement annoncé sa candidature pour le scrutin à venir mais la majorité des analystes la considèrent comme acquise.

Environ sept millions d'électeurs sur 13,8 millions d'habitants sont appelés à s'inscrire sur les listes électorales. L'enregistrement des électeurs a débuté le 15 novembre et doit s'achever en 30 juin 2007.