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LOSAKO
28 février 2007

Fmi à Kinshasa : premier test du gouvernement

GIZENGAC’est confirmé. Les experts du Fonds monétaire international (FMI), avec en tête Cyrille Briançon, chef de division au département Afrique du Fmi, sont arrivés à Kinshasa hier soir en provenance de Washington. Pendant 15 jours, la délégation du Fmi va entamer d’intenses discussions avec le gouvernement sur la situation économique et financière de la RDC. Elle envisage aussi de se pencher sur l’exécution du Programme relais de consolidation.

Après l’Assemblée nationale, c’est devant les experts du Fmi que le Premier ministre Antoine Gizenga aura à faire preuve de sa capacité à gérer la République démocratique du Congo. Il est appelé à s’expliquer sur un programme ou une situation qui ne relève pas de sa gestion. Notamment les 26 milliards de francs congolais de déficit enregistré en l’espace de deux mois, soit entre janvier et février 2007.

Il n’y aura pas de « temps mort » pour le gouvernement après avoir passé l’épreuve de feu de l’Assemblée nationale où il a défendu la semaine dernière son programme et obtenir son investiture. Pour preuve, l’arrivée à Kinshasa depuis hier mardi 27 février, dans la soirée à Kinshasa d’une délégation du Fonds monétaire international. Annoncé depuis quelques jours, le Fmi a décalé à plusieurs reprises son arrivée à Kinshasa, en attendant l’investiture du gouvernement. Chose faite depuis le samedi 24 février 2007.

Alors que le gouvernement Gizenga se met à l’ouvrage, c’est le moment choisi par les experts de Washington pour « régler » des comptes à Kinshasa. Trois thèmes domineront les discussions des experts congolais avec ceux dépêchés par le département Afrique du Fmi, avec à leur tête Cyrille Briançon, chef de division au même département. Il s’agit, premièrement, de l’évaluation du Programme relais de consolidation (PRC) que la RDC s’est engagée à mettre en œuvre entre avril et décembre 2006 dans le but de maintenir le dialogue avec le Fmi. Le deuxième point portera sur la définition du cadrage budgétaire pour l’année 2007.

Et, enfin, le Fmi devrait entamer des discussions en vue de la conclusion - en cas de note satisfaisante au PRC - d’un deuxième Programme économique du gouvernement.

LE PREMIER TEST

Le Premier ministre se trouve donc face à un choix crucial. C’est-à-dire engager sa responsabilité dans un programme qu’il n’a pas exécuté, et dont il ignore peut-être les grands axes, sinon une connaissance partielle à partir des documents qui lui ont été légués par la transition « 1+4 ». Que lui reste à faire ? Va-t-il capituler devant les pressions du Fmi, ne serait-ce qu’au nom de la continuité des services publics ? Lui qu’on a surnommé « yandi ve » - une façon de le définir comme une personne allergique à toute forme de compromission - est bien obligé de se soumettre aux dures recommandations des partenaires extérieurs qui agissent le plus souvent par le Fmi interposé.

Déjà, dans son programme, Antoine Gizenga a promis d’engager des négociations avec les institutions de Bretton Woods pour en garantir l’exécution. Mais, le soutien de la communauté internationale n’a jamais été un chèque en blanc. Il est toujours assorti d’un certain nombre de conditions, drastiques et quelquefois compromettantes pour la souveraineté d’un Etat. Antoine Gizenga est-il prêt à se « compromettre » ? Un test difficile auquel se prêtera pendant quinze jours le Premier ministre. Le chef du gouvernement devra faire appel à toute sa « sagesse » pour convaincre le FMI. Il y va d’ailleurs de la survie de son programme.

LE DEFICIT DES 26 MILLIARDS DE FC

Les 26 milliards de francs congolais de déficit du compte du Trésor en l’espace de deux mois, soit janvier et février 2006, le dysfonctionnement de la chaîne de la dépense, la léthargie dans la restructuration de la Banque centrale, l’agonie dans la mise en œuvre des réformes structurelles telles que le guichet unique, etc. Tout un tas de dossiers que le Premier ministre devra, bon gré mal gré, défendre devant les experts du Fmi.

Lors de son dernier passage à Kinshasa, au plus fort de la dégradation des indicateurs du PRC, la délégation du FMI avait appelé le gouvernement de transition au strict respect et au maintien des dépenses prévues au budget, en évitant éventuellement tout dépassement qui accélérerait l’inflation .

Malgré toutes les bonnes intentions contenues dans la lettre d’intention transmise au Fmi le 29 août 2006, le PRC s’est clôturé en décembre 2006 dans une cacophonie totale. Aucun de ces critères indicateurs quantitatifs n’ont pas été respectés, à savoir les planchers des avoirs extérieurs et intérieurs nets ainsi que le plafond du crédit net à l’Etat.

Ce mémorandum décrivait de manière claire les actions que le gouvernement entendait mettre en oeuvre pour la période allant d’avril à décembre 2006, avec l’appui des services du Fmi. L’objectif consistait à établir des antécédents solides en matière d’application des mesures macroéconomiques et structurelles suite à l’assouplissement des politiques intervenu à la fin de l’année dernière et à l’expiration subséquente de l’accord au titre de la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) en mars 2006. Sa bonne exécution avait l’avantage d’ouvrir la voie à des discussions portant sur un programme à moyen terme qui pourrait recevoir l’appui du Fmi dans le cadre d’un nouvel accord FRPC après les prochaines élections et la formation d’un nouveau gouvernement.

Que dira le Premier ministre de nouveau aux experts du Fmi ? Sont-ce encore de simples intentions ou des actions fermes à entreprendre ? Surtout qu’en trois ans de transition, aucun engagement du gouvernement n’a pu se concrétiser dans la conduite des politiques économiques et financières du pays.

En août 2006, le gouvernement avait tout promis – tentant même l’irréalisable - pour éviter une chute brutale du PRC. A l’atterrissage, c’est une situation contraire qui a été constatée. Le dollar qui a pu être ramené en dessous de la barre prévisionnelle de 526 Fc/Usd à fin 2006 se change aujourd’hui sur le marché libre à 560 Fc ; l’inflation en glissement annuel a dépassé la barre de 10%. Comment le Premier ministre compte gérer tous ces dérapages ? Quels arguments compte-t-il présenter au Fmi, lui qui n’a ni, de près ou de loin, participé à la gestion prédatrice de la transition ?

Il est vrai que ce test concerne également ses proches collaborateurs, notamment les ministres des Finances et du Budget. Ce premier face-à-face permettra à la délégation du Fmi de les découvrir et de se faire une première idée sur leurs compétences. Mais surtout leurs réflexes à lire les premières données d’une situation qu’ils viennent d’hériter.

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