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LOSAKO
10 mars 2007

Un mystérieux incendie ravage le QG de la Conader

Un incendie a détruit les bureaux de la Commission nationale de démobilisation et réinsertion des ex-combattants (Conader). L’événement survient au moment où le président de la Banque mondiale séjourne à Kinshasa. Un séjour devant être marqué par un contrôle systématique des activités de cette structure, laquelle bénéficie des financements de la Banque mondiale. Accident ou acte criminel ? Les supputations vont bon train.

Une longue colonne de fumée noire, visible depuis la commune de Limete, s’échappait des immeubles voisins du Quartier général de la Monuc, situé dans la commune de la Gombe. Effectivement, dans la matinée d’hier vendredi 9 mars, un incendie s’est déclaré au troisième niveau de l’immeuble Ami-Congo. Cet immeuble abrite justement les bureaux de la Conader.

Selon les témoignages recueillis sur place, tout a commencé mercredi 7 mars quand une ampoule (ou un projecteur ?) éclata au deuxième niveau de cet immeuble. Jeudi, c’est un climatiseur qui a pris feu après le rétablissement du courant au troisième niveau. Et voilà que vendredi, c’est autour de ce troisième niveau de subir le même sort.

Le feu a sérieusement endommagé le bureau du Coordonnateur général, le pasteur Daniel Kawata, actuellement absent de la capitale, avant de se propager rapidement, détruisant tout sur son passage, car favorisé par les cloisonnements en contreplaqués triplex, qui délimitent les différents services. Tout est parti en fumée : ordinateurs, documents de travail, meubles… tout est calciné.

Heureusement qu’il n’y a pas eu de victimes humaines à déplorer. Toutefois, les membres du personnel de la Conader, d’Ami-Congo et de la Compagnie maritime du Congo qui occupent également le même immeuble ont été évacués à temps. Et l’incendie a pu être maîtrisé par le service anti-incendie de la compagnie pétrolière Sep-Congo. Par manque d’eau, celui de l’ Hôtel de Ville a dû rebrousser chemin afin de revenir un peu plus tard.

Mais qu’est-ce qui a provoqué cet incendie ? Il faudra attendre les résultats de l’enquête pour en déterminer les origines exactes. S’agit-il d’un accident ou d’un acte criminel de sabotage ? Si cette deuxième hypothèse se confirmait, à qui profiterait le crime ?

CURIEUSE COÏNCIDENCE

L’incendie soulève pourtant de nombreuses interrogations de par une curieuse coïncidence. En effet, l’incident survient juste au moment où le président de la Banque mondiale séjourne à Kinshasa. Outre les séances de travail avec les responsables congolais, Paul Wolfowitz devait s’informer sérieusement sur le fonctionnement de la Conader. Car, dans le cadre de la réorganisation des services de l’Etat, la Banque mondiale finance le programme de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants. Des sommes importantes ont été affectées à cette fin.

Malheureusement, la gestion de ce projet, comme tant d’autres financés par la Banque mondiale, a été l’objet de critiques sévères. Bien plus, l’on n’a pas cessé d’enregistrer des mécontentements de la part des bénéficiaires dudit projet. Ceci explique le fait que, de Bujumbura, le président de la Banque mondiale ait transité par Kisangani où est installé l’un des grands centres de formation, de démobilisation et de réinsertion de la Conader. Sans oublier le siège du BASE (Bureau africain pour la science et l’éducation).

Rappelons qu’avant le président de la Banque mondiale, l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, et son successeur, Ban Ki-moon, se sont également transportés à Kisangani pour se rendre effectivement compte du fonctionnement de ce centre. Les rapports à ce sujet ne sont guère flatteurs.

Au niveau de Kinshasa, des tiraillements ont été enregistrés au sein du personnel de la Conader. Des têtes sont même tombées pour des raisons non encore élucidées jusqu’ à ce jour, tant la lutte d’influence est sournoise. Toutes ces données seraient à la base du résultat mitigé de ce projet.

En outre, le mouvement de restructuration décidé unilatéralement depuis Washington aurait suscité de nombreuses frustrations parmi les cadres congolais. En plus, les relations entre les responsables de cette structure et le ministère de la Défense ne seraient pas des plus brillantes.

En survolant tous ces faits, les enquêteurs ne peuvent exclure aucune piste pour chercher à comprendre les origines de l’incendie du vendredi. S’il s’agit d’un acte de sabotage, quelqu’un se serait employé certainement à détruire des documents compromettants dans le but de bloquer la mission de contrôle. Car en fait, le président de la Banque mondiale a promis de prendre des sanctions contre les responsables de tous les projets qui n’ont pas été menés comme il se devait.

A QUI PROFITERAIT LE CRIME ?

Pour l’année 2006, il est rapporté que la Banque mondiale a débloqué 1,5 milliard de dollars américains dont 700 millions à titre d’appui budgétaire sans le contrôle de la Banque mondiale. On dit que Paul Wolfowitz a fait de la bonne gouvernance son cheval de bataille. Il aurait suspendu l’épée de Damoclès sur la tête des gens depuis Washington. En visite de travail en Afrique, il avait averti tous les chefs de projets compromis qu’ils subiraient le même sort. Vu sous cet angle et devant la gestion opaque de plusieurs projets financés par la Banque mondiale en République démocratique du Congo, il ne serait pas exclu que l’on se soit organisé pour effacer des traces.

Contactée à ce sujet, Madame Innocente Bakanseka, Coordinatrice générale adjointe, se veut rassurante. Pour elle, il n’y a rien à craindre d’autant plus que le projet est géré sur base de principes modernes. «Toutes les données de gestion ont été produites en double et gardées en un endroit secret. Au-delà de ce qui a été brûlé, les données peuvent être reproduites pour autant qu’elles sont dans un deuxième disque dur, des flash-disks gardés ailleurs. S’il se trouve des personnes se sentant incriminées dans leur mégestion, elles peuvent déchanter au cas où elles seraient à la base de cet incident regrettable. Les bailleurs de fonds, dont la Banque mondiale, peuvent s’apaiser. Le plus important des données de gestion de la Conader est intact. Dommage que cet incendie se produise au moment où le gouvernement a demandé aux entreprises publiques et aux gestionnaires des projets de faire les états de lieux. A qui profiterait le crime ? Nous nous remettons à Dieu qui punira les responsables de cet acte machiavélique s’il s’avérait qu’il s’agit d’un acte criminel», a précisé la Coordonnatrice adjointe de la Conader.

Pour le moment, passé l’émotion, il ne reste plus qu’à attendre les résultats de l’enquête. Une enquête qui ne devra pas, comme d’habitude, se terminer en eau de boudin.

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