Jean pierre Bemba: Kahemba d'abord et puis le reste après ...

Jean-Pierre Bemba a fait dimanche, l'analyse des questions d'actualité de son pays, sous le prisme d'un opposant politique. De l'épineuse et embarrassante affaire Kahemba au désarmement de sa garde rapprochée via l'élection de sénateurs et gouverneurs de provinces, rien n'a été laissé au hasard. Ayant abandonné ses béquilles à la demande de son médecin, l'interlocuteur de la presse s'est dit fort sur ses jambes et prêt à donner son analyse à chaque question relative à la marche de la République. D'emblée, l'opposant a estimé que le programme du gouvernement Gizenga n'en est pas un, mais un chapelet de bonnes intentions dans la mesure où, selon lui, le tableau de bord de l'Exécutif n'aborde pas, en détails, les problèmes prioritaires de base, tels que l'eau, la santé, l'électricité, etc. A une question sur l'inflation, l'ancien patron de la commission économique et financière du gouvernement de transition a attribué la mauvaise santé financière à la " corruption " ayant " émaillé " l'ensemble des scrutins.

Kahemba : " haute trahison"

Dans un autre chapitre, le sénateur de Kinshasa a donné la position de son parti. Ici, en opposant libre de ses opinions, Bemba a indiqué avoir pris, en son temps, le peuple à témoin du danger que courait le pays. Au sujet de Kahemba querellé entre l'Angola et la RD Congo, Bemba n'en revient pas : " C'est une haute trahison que de céder une portion de son pays ". Mais en même temps, il a proposé une recette au pouvoir pour récupérer Kahemba des griffes de Luanda : initier un tête-à-tête, toutes affaires cessantes, avec le président Edouardo Dos santos. Au cas contraire, s'adresser au Secrétaire général de l'Onu. A défaut, saisir la Cour internationale de justice à l'exemple du conflit frontalier ayant opposé, des années durant, le Nigeria au Cameroun au sujet de la presqu'île de Bakassi. Est-ce un prophète ? Bemba a indiqué craindre déjà pour la " vente " d'une partie du Katanga, du Kivu et Kabungu, près de Kamonia, au Kasaï occidental.
Appelé à se prononcer sur le scrutin de gouverneurs de provinces, Bemba l'a jugé entaché de fraude doublé de la corruption, pratique qu'il a fait remonter au sommet de l'Etat. " Mais nous n'entendons pas baisser les bras s'agissant de l'élection de gouverneur pour la ville de Kinshasa. Nous allons utiliser tous les moyens que nous donnent les lois de la République ", a indiqué, optimiste, Jean-Pierre Bemba qui a révélé que les députés provinciaux - particulièrement les chefs coutumiers - ont été l'objet d'intimidations à Kananga et à Mbujimayi, en vue d'orienter leurs choix, favorables au camp adverse. L'autre point qui a été passé aux cribles, c'est celui de la nationalité. Au Mouvement de libération du Congo, on rejette l'option de moratoire au préjudice de la loi. Dans la foulée de son intervention, Jean-Pierre Bemba a annoncé, la tenue des états généraux de l'opposition au regard de la " restructuration qui s'impose à l'Union pour la Nation ". D'une question à l'autre. Bemba Gombo a été convié à répondre aux allégations - de sources gouvernementales - qui le présentaient comme le vrai pyromane des affrontements sanglants ayant opposé la Police nationale aux adeptes de Bundu dia Kongo. Traits tirés sur le visage, l'accusé à rejeté les allégations et pointé du doigt l'ancien gouverneur Mbadu wa Mbadu qui aurait, selon lui, appelé un renfort de trois cents militaires de Kinshasa et, a parlé de l'existence d'une lettre signée par ce dernier.
L'épineuse et troublante affaire, c'est celle de l'annonce du désarmement de sa garde rapprochée. Serein, l'ex-chef rebelle - comme il y a peu - a renvoyé l'état-major général des Fardc à un Accord dûment signé entre les deux candidats à l'élection présidentielle sous les auspices de l'Onu. Touché par la décision de la hiérarchie militaire, Bemba, furieux, s'est interrogé en ces termes : " Y a-t-il un ennemi dans les environs de ma résidence? Je lui ai dit (chef d'état-major général, Ndlr) qu'ils cherchent ma tête, lui et les siens ". Bemba a estimé que c'est la quatrième fois qu'il a failli laisser sa peau avant de lancer ce défi : " Ils ont attenté à ma vie, ils n'ont pas pu. Je leur ai dit qu'ils n'auront pas ma tête ". La priorité pour l'armée, a précisé Jean-Pierre Bemba, c'est le Kivu, l'Ituri et Kahemba.