L'UMP remporte les législatives mais remontée spectaculaire de la gauche...
L'UMP a remporté dimanche la majorité absolue aux législatives, selon les
sondeurs, mais sa victoire n'est pas la vague bleue annoncée, les Français ayant
corrigé la tendance du premier tour au profit du PS, et aux dépens notamment
d'Alain Juppé, battu à Bordeaux.
Le numéro 2 du gouvernement, à la tête d'un
super-ministère de l'Ecologie, restera comme le symbole de ce retournement
d'entre deux-tours. Conformément à la règle édictée par le Premier ministre, il
quittera le gouvernement, mettant à mal l'architecture de l'équipe
Fillon.
L'UMP obtient toutefois à elle seule la majorité absolue, avec de 311
à 323 sièges sur les 577 de l'Assemblée, moins que ses 359 sortants.
Le PS
conforte son rôle de principal opposant. Il progresse même nettement dans une
Assemblée plus bipolarisée que jamais, avec 206 à 212 élus contre 149 en
2002.
Dans la lignée du premier tour, où 109 députés de droite avaient été
élus ou réélus contre un seul de gauche, tous les sondages promettaient une
facile victoire au camp présidentiel, annonçant une "vague bleue" pouvant aller
jusqu'à 501 élus.
La participation n'a pratiquement pas varié entre les deux tours, l'abstention
restant très élevée dimanche aux alentours de 39,4%, un quasi-record de la Vème
République pour un tel scrutin.
Le résultat final est en-deçà des attentes du
duo exécutif Sarkozy-Fillon, qui avaient tous deux souhaité une majorité
pléthorique pour mener à bien la "rupture" promise pendant la campagne
présidentielle. C'est toutefois la première fois depuis près de 30 ans qu'une
majorité parlementaire sortante est reconduite.
François Fillon a salué "un
choix clair et cohérent". Xavier Bertrand, ministre du Travail, a lui affirmé
que "l'élan est toujours là".
La finaliste PS de la présidentielle, Ségolène
Royal, a salué l'émergence d'une "vraie force d'opposition constructive", en
évoquant "une prise de conscience" des Français.
Le patron du PS, François
Hollande, s'est lui félicité que le second tour ait "corrigé la tendance de ce
qui s'était dessiné au premier tour".
Ce résultat pourrait différer la lutte
pour la direction du parti, mais dans un autre coup de tonnerre de la soirée,
Mme Royal annonce sa séparation avec M. Hollande, dans un livre intitulé "Les
coulisses d'une défaite", à paraître mercredi, et officialise son intention de
briguer le poste de numéro 1.
Avec 18 élus, le PCF ne peut pas conserver son
groupe parlementaire (20 députés requis), sauf en faisant appel à quelques élus
de gauche, notamment ultramarins, ou aux Verts, qui pourraient gagner un
quatrième siège.
Le Nouveau Centre -anciens UDF ralliés à M. Sarkozy-
obtiendrait de 20 à 22 élus.
François Bayrou a été largement réélu dans les
Pyrénées-Atlantiques. Au moins trois autres candidats MoDem seraient
élus.
Marine Le Pen, seule rescapée du FN au second tour, a été battue dans
le Pas-de-Calais face au sortant socialiste.
En grande difficulté au soir du premier tour, Arnaud Montebourg (PS) est
finalement élu d'extrême justesse en Saône-et-Loire. A l'inverse, l'UMP Arno
Klarsfeld, proche de M. Sarkozy, rate son pari de s'implanter à Paris. Sa
défaite conforte un peu plus le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, à un an des
municipales.
Le dernier exemple d'une correction importante entre deux tours
remonte à 1978, où la victoire qui paraissait acquise à la gauche après le 1er
tour était finalement allée à la droite.
En position défensive depuis leur
défaite à la présidentielle, les socialistes ont trouvé un angle d'attaque
inespéré ces derniers jours avec les annonces contradictoires sur une "TVA
sociale", qui ont plongé le gouvernement dans l'embarras.
Le PS a diffusé
cette semaine des tracts appelant les électeurs à "voter contre la TVA à
24,6%".
La polémique a été lancée au soir du 1er tour par Laurent Fabius,
aidé bien involontairement par le ministre de l'Economie Jean-Louis Borloo, qui
avait concédé qu'une hausse de la TVA était un scénario envisagé parmi d'autres.
La gauche, qui n'espérait même pas une cohabitation, avait également axé sa
campagne sur la nécessité d'éviter une trop grande concentration des pouvoirs,
et appelé les abstentionnistes au sursaut.
Plusieurs enquêtes indiquaient que
les Français ne souhaitaient pas une majorité trop forte pour la seule UMP.
Seuls un quart d'entre eux souhaitaient voir se constituer une majorité absolue
de droite, selon un sondage LH2 mardi dans Libération.
Le chef de l'Etat n'en
dispose pas moins d'une majorité solide, qui pourra mettre en oeuvre son
programme.
La nouvelle Assemblée siégera tout juillet en session
extraordinaire pour voter les principaux textes déjà annoncés: paquet fiscal et
économique, durcissement des peines pour les mineurs récidivistes et
instauration de peines plancher, réforme de l'université.
Le président et son
Premier ministre vont également s'atteler à compléter le gouvernement, tâche
plus ardue que prévue après la défaite de M. Juppé. Une dizaine de secrétaires
d'Etat pourraient y faire leur entrée dès cette semaine.