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LOSAKO
7 août 2007

Che Guevara va nettoyer sa cour...

106371C’est Joseph Kabila en personne qui a fixé, dans une interview à Jeune Afrique, l’horizon du mois de septembre comme étant celle de l’évaluation du travail accompli par les institutions issues des dernières élections. Un exercice délicat sur la base duquel le chef de l’Etat lui-même sera jugé. Bilan d’une action gouvernementale très molle qui a donné lieu à ce que le MLC a appelé présidentialisation rampante du régime. Bilan encore plus mitigé sur le plan du fonctionnement des institutions avec les dernières passes d’armes entre l’Assemblée nationale et le gouvernement sur l’affaire Kahemba, l’Assemblée nationale et la Cour Suprême de Justice sur les arrêts d’invalidation.On peut y ajouter les mouvements sociaux qui se profilent à l’horizon, de même que les pleurs et grincements des dents tant au PPRD qu’au sein de l’AMP.

Une ambiance bien délétère et un malaise qui déteint sur les relations extérieures de la République Démocratique du Congo.
Un petit détour dans l’actualité. Si l’on en croit plusieurs observateurs, la délégation congolaise n’est pas revenue particulièrement heureuse de Luanda. Certes, des accords de coopération ont été signés dans plusieurs domaines. On cite le pétrole, la construction civile et les travaux publics, la géologie et les mines, la culture…Nuance de taille : c’est l’Angola qui dispose d’une expertise incontestable dans la plupart des domaines cités.
Par ailleurs, beaucoup de Congolais ont le sentiment que, sur les questions délicates, à l’instar de celle des expulsions, la RDC a décidé de garder le profil bas et de subir le tempo angolais. Il en est de même de la question des 11 villages de Kahemba. Où, en attendant l’hypothétique mise en place d’une commission quadripartite impliquant les anciennes puissances coloniales, le droit appartiendra naturellement à l’occupant... Un mauvais signal, murmure-t-on dans différents états-majors politiques à Kinshasa, à l’intention de tous nos voisins. Allusion faite aux velléités zambiennes, aux manœuvres rwandaises, à l’activisme ougandais et soudanais.
Enfin, les mêmes Congolais avouent n’avoir pas trouvé l’accueil angolais particulièrement chaleureux.

Isolement

Reste que la RDC n’a à vrai dire pas le choix. Luanda passe en effet aujourd’hui pour le principal soutien de Kinshasa, quelque peu isolé au sein de la Communauté internationale. On rappelle que les derniers séjours, dans la capitale congolaise, de la délégation du Conseil de sécurité, de l’Union Européenne, de Louis Michel ou de Karel De Gucht auraient laissé des traces. Sont évidemment passés par là des dossiers brûlots comme les nouvelles tensions à l’Est, où des faucons auraient été tentés par la manière forte là où la Communauté internationale prône le dialogue. Autres dossiers brûlots : les affaires Bundu Dia Kongo et JP Bemba Gombo, les événements de mars.
En fait, un face à face dramatique, dont on ne retient qu’un cruel marchandage. A savoir que la Communauté internationale échaudée entend continuer de surveiller le processus de normalisation politique congolais, en échange d’une plus grande mobilisation des bailleurs des fonds. La tension est donc réelle, mais il est difficile d’en prédire l’issue. Sauf, évidemment, si Kinshasa baisse la tête et avale, la mort dans l’âme, la couleuvre du retour triomphal d’un CIAT bis, selon la jolie expression d’un confrère. D’ici là, on peut apprécier la nouvelle et soudaine fréquentabilité de Laurent Nkunda, y compris par la même presse occidentale qui, hier encore, n’avait des yeux de Chimène que pour Kinshasa.

Tourmente à l’intérieur

La partie s’annonce donc serrée et même très dangereuse. Au point où, face à l’attentisme de la Communauté internationale, l’Angola s’est érigé comme le seul et véritable soutien de la RDC. Et Luanda semble ainsi déterminé à creuser son avantage. Quitte à s’inquiéter des effets paradoxaux d’une normalisation politique qui n’aurait, au mieux, réussi qu’à ramener ceux que dans la capitale angolaise on appelle des « mobutistes » au pouvoir. Loin de la figure de style, il est vrai que Luanda n’a pas particulièrement applaudi l’insolent triomphe au Sénat de Léon Kengo wa Dondo, qui a réussi à infliger une leçon de réalisme et d’organisation à une majorité trop triomphaliste pour être efficace, bien naïve et, en fin des comptes, très dispersée. La crainte, désormais, est de voir le virus atteindre l’Assemblée nationale, où les récentes libertés prises par les députés ont particulièrement effrayé les faucons.
Au propre comme au figuré, le soudain réveil des mobutistes constitue donc un véritable cauchemar pour les deux capitales. Si, à Luanda, on craint un retour en force de l’Unita, à Kinshasa par contre, ce développement impliquerait une déstabilisation à terme de la coalition majoritaire. Le PPRD est depuis longtemps aphone, ses fédérations se plaignent alors que son secrétaire général tente de remobiliser les troupes autour du thème de la tenue du congrès. Pour sa part, l’AMP n’a plus de coalition que le nom, tous ceux qui s’y étaient précipités pour accéder au pouvoir disant désormais d’elle plus de mal que de bien. A cela, il faut ajouter tous les mouvements sociaux qui se préparent et qui pourraient, dès la rentrée, exploser comme un volcan en colère. Enfin, il y a encore et toujours l’hydre de l’Est, où la question serait de savoir si le soutien angolais pour combattre les forces négatives pourrait aller jusqu’à envisager un face à face armé avec le Rwanda.

Choix difficiles

Même avec la meilleure volonté du monde, la marge de manœuvre paraît bien maigre. Certes, comme réponse au délitement de la majorité et à la « montée des mobutistes », l’hypothèse de la dissolution du Parlement serait toujours à l’étude au moment où l’on s’approche du premier anniversaire de l’installation de l’Assemblée nationale. Seulement, elle aurait un coût. Financier d’abord, dès lors que la Communauté internationale n’apprécierait pas de remettre la main à la poche ou de servir de soutien à ce qui ressemblerait à une volonté de mise au pas ou de regentement de l’espace politique. Mais il y a aussi le coût politique, le PPRD et l’AMP n’étant pas en mesure, dans les circonstances actuelles, de l’emporter. A moins que le scénario serve à remettre subtilement en selle l’Udps, comme seule force à même de remobiliser la fibre nationaliste face aux déchirements de la coalition et à la peur qu’inspirent les mobutistes.
Il y a, bien sûr, une alternative à la dissolution. Il s’agit du grand chambardement qui commencerait par la cour pour déboucher sur un gouvernement bouc émissaire, accusé d’être trop mou et de ne pas communiquer suffisamment. Mais là aussi, scier l’arbre sur lequel on est assis tout en espérant un rebondissement acrobatique n’est pas chose aisée, les mécontents devenant à chaque étape encore plus nombreux. Reste que le chef de l’Etat n’a pas le choix. Après avoir promis une évaluation sans complaisance à l’horizon de septembre, Joseph Kabila sera bien obligé de faire sauter des fusibles pour donner l’impression d’un nouveau départ et d’une détermination sans faille. Il lui restera, d’ici là, à savoir gérer tous ceux qui, à l’intérieur comme à l’extérieur, n’apprécieraient pas beaucoup de voir les événements échapper à leur contrôle.

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