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LOSAKO
30 août 2007

Réunion des chefs militaires à Kigali... solution politique incertaine !

Pas de signal fort au terme de la réunion de Kigali pour neutraliser les forces négatives. Les chef107848s militaires du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et de la Rdc ont privilégié l’option politique. Ce n’est qu’en cas d’échec de la solution politique qu’on aura recours à la force. Option qui va à l’ encontre des propositions du Rwanda émises avant cette réunion de Kigali. La divergence d’approches persiste.

Réunis du 27 au 28 août à Kigali, capitale du Rwanda, les chefs d’états-majors généraux des armées du Rwanda, de la République démocratique du Congo, du Burundi et de l’Ouganda ont réaffirmé « leur engagement à chercher la paix en neutralisant les rebelles ». Pour y parvenir, ils ont décidé que cette neutralisation fasse dans le respect des mécanismes de la « Commission tripartite Plus 1 ». Entre-temps, ils ont mis en place une « cellule conjointe de planification pour développer des plans opérationnels », et se retrouveront le 20 septembre à Kisangani, dans la province Orientale où est installée la structure de coordination.

Rejet donc des opérations militaires conjointes à l’intérieur de la RDC. S’appuyant sur les mécanismes de la Commission « Tripartite Plus 1 » instituée conformément aux accords de Washington, les chefs militaires de ces pays ont privilégié la solution politique. Ils s’inscrivent ainsi dans l’esprit et la lettre de la Résolution 1756 qui, en son point 10, stipule : « Exige que les milices et groupes armés qui sont encore présents dans l’Est de la République démocratique du Congo déposent leurs armes et s’engagent volontairement, sans plus tarder et sans pré-conditions, dans leur démobilisation, leur rapatriement ou leur réinstallation, et leur réinsertion »

Aussi, les chefs militaires réunis à Kigali ont-ils envisagé en cas d’échec, de recourir à la force. Ce qui explique justement la mise en place de cette cellule de planification des plans opérations qui sera composée des responsables des opérations et renseignements militaires. Faut-il conclure, au vu de ce communiqué, qu’il y a eu des avancées à la réunion de Kigali ?

DIVERGENCE D’APPROCHES

Il serait prématuré de répondre par l’affirmative à cette interrogation. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, cette option va à l’ encontre des propositions émises par le Rwanda juste avant la rencontre de Kigali. Les autorités rwandaises qui n’ont jamais caché leur préférence à la solution militaire, s’étaient empressées de « solliciter le feu vert pour le retour de l’armée rwandaise en RDC afin de neutraliser les forces négatives ». C’est dire que Kigali ne croit pas du tout au succès d’une quelconque solution politique qui implique un retour, un désarmement et une mobilisation volontaires des rebelles étrangers.

Kigali pourrait bien avoir raison sur ce plan dans la mesure où depuis que cette proposition a été formulée, les rebelles rwandais qui ont regagné leur pays se comptent au bout des doigts. A en croire les dernières estimations, ils seraient encore plus de 8 mille en RDC. Ce qui constitue réellement un danger et une source incontestable d’insécurité dans la région du Kivu.

Bien plus, l’ Onu, à travers la Monuc, est également parvenue à ce constat malheureux. M. William Swing, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies et responsable de la Monuc, avait suggéré une concertation pour imaginer d’autres stratégies, le retour volontaire, la solution politique ayant démontré leurs limites. Pourquoi subitement cette volte-face, s’il faut qualifier ainsi les résultats de cette rencontre de Kigali ?

Comme pour répondre à cette interrogation, l’on venait d’apprendre au même moment que les éléments du général dissident Nkunda, ont lancé une attaque pour occuper le village de Rughana. A en croire les premiers éléments d’information, ce serait déjà le début d’une attaque de grande envergure, prémices de la IIIè guerre en République démocratique du Congo. Raison avancée : cette position délaissée par les éléments des Fardc de la Brigade Bravo aurait été investie par les éléments des Fdlr. Nkunda qui craint une attaque combinée avec les Fardc, aurait ainsi pris l’ initiative d’attaquer le premier. La situation risque de dégénérer dans les prochaines heures au Nord-Kivu.

Mais dès lors que l’on sait que Nkunda est soutenu par Kigali, on peut interpréter cette attaque comme le refus de Kigali d’adhérer à cette logique politique. Le prétexte est ainsi vite trouvé pour démontrer que seul le recours à des moyens dissuasifs permettrait de neutraliser les rebelles rwandais qui n’entendent que le langage des armes. A l’instar de leurs compatriotes de Kigali.

Evidemment, Kigali tente de contourner cette solution politique qui l’obligerait à accepter une solution inter-rwandaise. C’est-à-dire, organiser un dialogue inter-rwandais qui aboutirait à l’ouverture de l’espace politique au Rwanda. Sur ce plan, Kigali demeure intransigeant : pas de dialogue sous condition avec les génocidaires.

LE TEMPS : UN COUTEAU A DOUBLE TRANCHANT

Cependant, d’autres observateurs avertis ne sont pas surpris par cette décision politique de la réunion de Kigali. Au moment où se tenait cette réunion, et que les hommes du général dissident prenaient l’initiative des combats, M. Roland Van de Geer, Envoyé spécial de l’Union européenne dans la région des Grands Lacs, effectuait un voyage-marathon dans les capitales des quatre pays concernés.

Il s’est rendu à Kampala, Kigali, Bujumbura avant d’arriver à Kinshasa mardi. Au menu de ses entretiens dans les quatre capitales : la paix et la sécurité dans les Grands Lacs. Avec cette note de plus : la tenue d’une Table ronde intercommunautaire au Kivu, initiative soutenue par l’Union européenne. On ne peut donc tenir pareille rencontre pendant que l’on déclenche de vastes opérations militaires ; fussent-elles conjointes..

Toutefois, sans peut-être s’en rendre compte, cette proposition politique demeure un couteau à double tranchant. Elle accorde du temps à toutes les parties qui auront à s’organiser selon leurs convictions politiques.

Certes, ce temps serait positif pour la RDC qui poursuivrait son processus d’intégration, d’entraînement et d’équipement de ses Forces armées, de la Police en même temps qu’elle renforcerait les dispositifs des services de sécurité et des renseignements avec l’appui des partenaires extérieurs. D’ailleurs, la Résolution 1756 du Conseil de sécurité contient cette clause.

Mais les forces négatives ne croiseront pas les bras, convaincus qu’ils peuvent être délogés de force d’un moment à l’autre. Ils continueront à s’organiser pour faire face à toutes les éventualités. Mieux, leurs chefs ont mis en garde la Communauté internationale contre toute tentative de les neutraliser par la force.

Kigali adoptera le même comportement. Bien plus, il continuera à se servir des insurgés congolais comme paravent. Au demeurant, la question de la neutralisation des forces négatives demeure entière tant qu’on n’ira pas droit au but. C’est-à-dire, entreprendre des actions parallèles en exerçant réellement des pressions politiques, diplomatiques, économiques et militaires sur des parties qui constituent encore le noeud gordien de cette insécurité dans les Grands Lacs. Ils sont bien connus. Mais surtout n’occulter point les enjeux économiques émaillés des pillages des richesses congolaises pour constituer des « économies de guerre ».

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