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LOSAKO
11 septembre 2007

F. Mwamba : Nous sommes dans un processus qui est devenu politique

francois_mwamba_ministre_gDans une interview au quotidien Le Potentiel, le secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC) et président du groupe parlementaire de ce parti à l’Assemblée nationale, François Mwamba Tshishimbi, parle de la rencontre au Portugal entre le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, et le président du MLC, le sénateur Jean-Pierre Bemba. Rencontre dont il se réjouit car, comme l’avait souligné dernièrement la Convention du parti, la solution est politique. Il fait, cependant, remarquer qu’il faut un minimum de précautions pour sa sécurité. Il parle également des accords que le gouvernement a signés sur le pétrole avec l’Angola et l’Ouganda. Sans oublier, notamment, la revisitation des contrats miniers. Ci-dessous, l’interview qu’il a bien voulue accorder au Potentiel.

Le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a rencontré Jean-Pierre Bemba au Portugal. De quoi ont-ils parlé ?

Je pense que l'opinion se rappelle de notre attitude au lendemain des événements malheureux des 22 et 23 mars derniers. Nous avons toujours considéré que quelles qu’aient été les causes de ces événements, dans l’intérêt national, la solution devait être politique. Et depuis nous n’avons cessé de réitérer ce credo. Notre Convention, au mois de juillet, l’a encore souligné. Donc, nous nous réjouissons que les choses commencent à prendre cette allure-là. Le chef de l’Etat, lui-même, a dépêché un émissaire au Portugal. Quand on commence à discuter, on fait de la politique. De quoi a-t-il été question ? C’est évidemment déblayer le terrain en créant des conditions à partir desquelles ce retour peut se matérialiser. Nous entendons beaucoup de choses au sujet de Jean-Pierre Bemba, entre autres, sur la question de sécurité, sur sa qualité ou non de sénateur. Bien entendu, Il est sénateur comme les autres. C’est un citoyen qui n’est pas au-dessus de lois. Il faut aussi être conséquent de ce point de vue là et considérer que quand on parle de sécurité de quelqu’un qui était entouré par des chars, il faut quand même un minimum de précautions supplémentaires. Il n’y a pas de demande initiale. Maintenant que les gens se parlent, ce sera l’occasion d’apaiser aussi les esprits. Nous sommes dans un processus qui est devenu politique.

Qu’entendez-vous par garanties sécuritaires pour Jean-Pierre Bemba ?

Si on veut faire du mal à quelqu‘un qui a cinq cents éléments, par exemple, vous alignez mille cinq cents. Donc, il n’y a pas de taille à partir de laquelle on peut dire que là, c’est la panacée. Je crois que c’est plus une question d’état d’esprit et de climat. Le plus important, me semble-t-il, c’est ce qui est en train de se faire maintenant. C’est-à-dire, arriver à se donner des gages mutuels. Le pays est aujourd’hui face à des menaces terribles. Nous sommes en train de célébrer les dix ans de la mort du maréchal Mobutu. Nous qui avons un certain âge, qui avons vécu l’histoire du Congo dans une certaine mesure, nous sommes quand même interpellés. Est-ce que nous avons encore dans ce pays des fonctions qui soient intangibles ? A l’époque de Mobutu, cette question ne se posait pas. Les richesses du Congo revenaient à ce pays. Partout maintenant, il y a des négociations. Il faut aller à gauche pour négocier pétrole, il faut aller à droite pour le diamant. Je pense que si tout le monde se met ensemble – ceux qui doivent gouverner gouvernent et ceux qui doivent s’opposer, s’opposent et parfois proposent – nous serons plus forts et, peut-être, respectés.

Vital Kamerhe s’est fait accompagner du commissaire européen Louis Michel, celui-ci est dans tous les dossiers congolais. Est-ce que c’est une façon de dire que les dirigeants congolais sont capables de se parler sans intermédiaire ?

Je ne pense pas qu’il faille, là aussi, dramatiser. L’opposition qui s’est fait dans la ville et les événements de 22 et 23 mars 2007 ont quand même entraîné mort d’hommes. Humainement parlant, on ne peut pas imaginer qu’au lendemain de ce drame, en claquant les doigts, les gens ont encore l’envie de s’embrasser, comme si de rien n’était. Le travail du Commissaire européen que nous saluons est celui d’un catalyseur. C’est l’élément qui vient créer de conditions favorables pour que des contacts se fassent. Ensuite, quand la machine est lancée, c’est une affaire congolo-congolaise pour que ce soient des Congolais qui la résolvent. Il faut comprendre que, pour enclencher un mécanisme qui aille dans le sens du dialogue, il a fallu peut-être l’intervention de quelqu’un du dehors

Donc, personne n’a intérêt à ce que Jean-Pierre Bemba soit en exil politique ?

Nous avons une Constitution dans ce pays. Qu’on ait à redire ou non à propos de cette Constitution, elle est la loi suprême des Congolais. Appliquons-la. Ce pays a besoin de chaque Congolais qui a des capacités et qui a envie de servir son pays. C’est le cas, me semble-t-il, pour Jean-Pierre Bemba. Il y a eu des problèmes. Réglons-les. Si cela est en train de se faire, tant mieux.

Vous êtes parlementaire et président d’un groupe parlementaire important au sein de l’Assemblée nationale. L’opinion nationale reproche à l’Assemblée nationale de n’avoir pas produit suffisamment des textes. Maintenant que vous êtes en vacances, qu’est-ce que vous auriez pu faire et qui n’a pas été fait ?

On ne peut pas dire que la production de l’Assemblée nationale est en deçà de ce que les autres institutions ont pu produire. Et, du reste, une partie du temps de l’Assemblée nationale – je salue notamment le travail qui a été fait au niveau du bureau élargi, c’est-à-dire la Conférence des présidents – a été consacrée à régler des problèmes que l’exécutif aurait pu régler sans nous. De même, être alimentée en projets de lois est une matière qui relève du gouvernement. Si on n’a pas produit assez - et ce qui est vrai – je pense qu’il ne faut pas s’attarder à chercher le bouc émissaire. Je ne suis pas en train de dire que c’est la faute du gouvernement. Mais, il faut regarder la situation d’une manière globale. Globalement, les institutions de la République ont été en deçà de ce qu’elles auraient pu faire. Toutes choses restant égales par ailleurs, à l’intérieur de ces insuffisances, ce n’est quand même pas l’Assemblée nationale qui a le moins bien travaillé.

Vous avez quand même consacré du temps à ce qui était prévu. On aurait pu, par exemple, discuter de la loi portant organisation du Conseil supérieur de la magistrature.

Les lois se discutent quand elles arrivent à maturité, c’est-à-dire en mesure d’être discutées. Lorsqu’il y a une initiative qui est prise par les parlementaires, on appelle cela proposition de loi. Nous avons l’obligation d’adresser cela au gouvernement. Il y a des délais incompressibles afin de laisser le temps au gouvernement de pouvoir réagir. Il y a des travaux qui se font au niveau des commissions. On a beau avoir la bonne volonté, mais il y a toute une série des conditionnalités qui font qu’à un moment donné, si la loi la plus prioritaire n’est pas prête, on est bien obligé de s’occuper de la priorité suivante.

Il y a eu l’enquête parlementaire sur l’affaire Kahemba qui produit le résultat qu’on connaît. Aujourd’hui, avec un peu de recul, qu’est-ce que cette commission devait produire comme travail mais qui n’a pas été fait ?

Cette commission a fait un travail de qualité que je salue. Nous parlions des dossiers tout à l’heure. C’est un dossier qui a soulevé des passions au sein de l’Assemblée nationale. Le dossier est bien ficelé. Il n’y a pas de reproche à faire de ce côté-là. D’autre part, sur le fond de la crise, la République démocratique du Congo n’est pas un produit semi-fini. Nous l’avons été du temps de nos ancêtres, de la colonisation. Tous les régimes politiques qui ont précédé celui-ci ont eu le devoir premier de faire en sorte qu’au moins, ce qui a été hérité de la colonisation puisse demeurer. Le scandale dans cette affaire est que le gouvernement - ceux qui ont la charge première de protéger nos frontières - se sont répandus, d’une manière inqualifiable, à dire aux Congolais que là-bas n’est pas chez nous. C’est le premier scandale. Deuxièmement, lorsque des gens se comportent de cette manière, il n’y a pas de sanction. On ne sait pas jusqu’où, dans ce pays, dire un mot sur des limites imposées aux gens qui ont une parcelle de responsabilité. Troisièmement, le Parlement est resté dans son rôle. Déplacer notre frontière avec l’Angola, ce pays frère, avec qui nous devons vivre en paix, mais aussi coopérer, y compris sur le plan économique, et nos populations étant parfois les mêmes dans ces frontières. Elles se fréquentent. Que ce soit du côté du Kasaï ou du Bas-Congo … Il y a eu un problème, un malentendu ou une revendication. Et il y a plusieurs manières de régler un problème que de faire une sorte de fuite en avant pour laisser tout tomber. Alors qu’on devait se mettre autour d’une table pour parler. Notre rôle est de défendre ce qui nous appartient. Il y a certes bien des mécanismes pour régler un litige. Cela pouvait se faire au niveau africain, à défaut d’un cadre international. On n’a pas épuisé tout cela. Il y a des congolais, responsables de l’exécutif, qu viennent nous dire qu’il faut laisser tomber. Franchement, c’est quelque chose que le Parlement a condamné. J’espère que, dans les phases qui viennent, il faille tenir compte de cela.

Il ne faudrait pas que l’on puisse entrer en guerre avec nos frères angolais. Ce qui a amené le président de la République a signé des accords sur l’exploitation pétrolière dans la zone d’intérêts communs. Alors …

Là, je vous arrête. Le gouvernement est dans son rôle de signer ces accords. Mais dans les pays démocratiques, on prend la peine, même à posteriori, d’informer le peuple. Pas seulement parce que vous êtes interpellé. Et la meilleure manière de le faire, c’est de venir au Parlement donner l’information en disant qu’au nom de la République, on a fait ceci, on a fait cela. De manière à éviter des suspicions, même si on a fait quelque chose de positif. Je pense que, s’agissant d’un dossier dont les parlementaires ont été saisis – je ne dis pas que c’est trop tard, la rentrée parlementaire étant dans quelques jours – j’espère qu’on viendra nous expliquer les tenants et les aboutissants de tous ces documents qui ont été signés.

Sur ces accords signés sur l’exploitation du pétrole, une certaine opinion pense qu’il s’agit d’une compensation faite à la RDC contre une partie de son territoire. Partagez-vous cet avis ?

Je n’ai pas à partager ou à ne pas partager un quelconque avis. Honnêtement, je ne connais pas le dossier. Je l’ai appris par la presse. Je pense qu’à la rentrée parlementaire, en tant citoyen et responsable de mon groupe, de pouvoir regarder ce dossier de plus près. Et nous donnerons notre point de vue le moment venu.

A l’Est de la République démocratique du Congo, les hostilités ont repris. Les Forces de la RDC ont pris l’initiative d’attaquer au niveau de Sake. Croyez-vous que la solution militaire soit indiquée pour pacifier l‘Est du pays ?

Non. La RDC - au moins à partir de 1996-1997 - est en pleine déstructuration. Lorsque nous négocions et convenions d’une transition dans ce pays, l’agenda de la République n’était pas de faire la guerre. C’est plus mettre tout en œuvre pour rebâtir l’armée. Donc, du pont de vue de la défense, la priorité, c’est la restructuration, le brassage de manière à pourvoir nous redonner la capacité de défense. Je déplore que certaines situations nous soient imposées de l’extérieur. Mais il faut être conséquent. La pire des choses est notamment ce à quoi nous assistons. C’est-à-dire, avoir une politique claire, des options claires de sorte que nous soyons à mesure d’apporter des solutions et de donner la capacité de reconstruire une armée, et non pas de guerroyer. Quelle est notre politique par rapport à la présence des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) sur le sol congolais ? Des hommes qui pillent, violent, tuent, commettent des actes de violations massives des droits humains. Qui va protéger ces populations ? Il en est de même du cas du général dissident Laurent Nkunda. Le devoir premier du gouvernement est de protéger les populations. Lorsqu’on y va comme dans un champ d’expérimentation, voilà où on en est aujourd’hui. Il faut que la Mission des Nations unies au Congo (Monuc) intervienne clairement pour ceci ou pour cela. Donc, la position du MLC est très claire : Il n’y a pas de solution militaire à ce stade. Il faut rechercher la solution politique et diplomatique. Comme je le disais, ce sont des choses nous imposées de l’extérieur. Parce que les Interahamwe, ce n’est pas un problème congolo-congolais. Vous conviendrez avec moi que cette histoire des FDLR et d’Interahamwe est importée du Rwanda. Avec cette approche, pour qu’il y ait une paix durable, il faut aussi activer la diplomatie. C’est une bonne chose de voir le ministre Rwandais des Affaires étrangères venir à Kinshasa, le chef de l’Etat congolais discuter avec son homologue ougandais. Seulement, on fait tout à la fois. Quelle est l’option, la colonne vertébrale de tout cela ? Le gouvernement donne l’impression de ne pas maîtriser les dossiers. Il faut adapter ce l’on fait à ce que l’on est.

Pour le sommet d’Arusha, où le président Kabila a rencontré Museveni, il y a eu aussi des accords signés pour le pétrole du lac Albert …

Une fois de plus, vous m’avez fait une remarque pertinente. Attendons que le Parlement s’en saisisse pour en savoir plus.

Il y a la revisitation des contrats miniers qui s’opèrent actuellement, il y a comme une sorte d’opacité. Au MLC, on aurait procédé de quelle manière pour que la population soit ne fût-ce informé, cette question ayant été l’un des points forts de votre campagne électorale ?

Voilà un pays qui croule sous les richesses naturelles, qui donne l’impression tantôt de ne pas s’y intéresser, tantôt de ne pas trop savoir quoi en faire, alors que des pays qui ont moins que ça ou rien du tout arrivent à s’organiser, à nourrir leurs populations avec des infrastructures routières, hospitalières, etc. Les Congolais sont encore à parler de potentialités pendant que les choses n’avancent pas. Les contrats oui, l’opacité, oui, à plusieurs niveaux. Il y a la manière dont ces contrats eux-mêmes sont négociés. Quelles sont les contreparties par rapport à ce que nous avons et que nous acceptons ? Ensuite, quand bien même cela est mal fait, des contrats sont tout de même signés. L’opacité se retrouve également sur ce qui est signé, qu’on appelle parfois contrat léonin. Quand je dis parfois, c’est parce que, dans certains cas, cela est justifié mais dans d’autres cas, les gens disent n’importe quoi. Nous ne savons pas non plus ce que devient le peu qui est laissé à la République. Maintenant, on nous parle de la revisitation, là aussi, une fois de plus, c’est une fuite en avant. C’est comme un pyromane qui se transforme en pompier. Il y a des mécanismes qui auraient pu assurer plus de transparence. Nous savons, par exemple, qu’il y a un cabinet international Duncan & Allen qui a remis un rapport au Comité de pilotage pour la réforme des entreprises publiques. Qu’est-ce que ce rapport est devenu ? En plus, on met en place ceci ou cela. Dans cette affaire, le Parlement doit jouer son rôle en allant dans tous ces dossiers -non seulement miniers, mais bien d’autres encore - pour qu’on nous explique exactement comment ces contrats ont été négociés et qu’en tire la République comme bénéfice. Là où il y a des problèmes, nous allons effectivement jouer notre rôle d’une opposition réellement constructive en faisant des propositions… Revisiter signifie aussi relire. Donnez-nous le temps de relire ces contrats. Nous savons que cela est possible.

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Commentaires
J
A mon humble avis, les églises, les politiciens et autres meneurs d’hommes doivent se mettre autour d’une même table sous la médiation d’un Congolais et se parler en face afin de trouver des solutions aux problèmes qui sont les nôtres.<br /> La vraie réconciliation est importante entre tous les congolais en général et les hommes politiques en particulier.<br /> Le développement, tant souhaité, de notre pays sera possible que lorsque la réconciliation sera une expression profonde du coeur des politiciens congolais, étant donné leur grand impact sur la population du Congo RD.<br /> Et à ceux qui sont au pouvoir de se débarrasser de leurs maîtres à pensée, ils n’ont qu’à relire l’histoire de ceux qui, après avoir expirés politiquement ont été rejetés comme des ordures par leurs protecteurs occidentaux ; le cas du feu Président Mobutu est un des exemples connus dans ce monde. Entourez-vous des conseillers qui portent en eux le souci du peuple congolais, quatre (4) ans qui vous reste n’est pas une éternité.<br /> La jeune démocratie naissante dans notre pays a besoin de l’apport, du savoir faire de tous pour son éclosion ; que ce soit Bemba, Tshisekedi ou le simple homme de la rue.<br /> Le cœur congolais est naturellement ouvert et conciliant, ceux qui en manquent doivent chercher leur vraie patrie!
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