Le régime de Joseph Kabila coupable des exactions contre l'ethnie de Bemba
Amnesty dénonce des abus contre les ressortissants de l'Equateur.
Un service de police et la garde présidentielle sont particulièrement stigmatisés.
Amnesty international (A.I.) diffuse ce
jeudi un rapport sur le Congo (à l'exception du Kivu, objet d'un
rapport à venir) qui lance un cri d'alarme au sujet de la pratique du
meurtre et de la torture par des agents de l'Etat. Si l'organisation humanitaire stigmatise le fait que "virtuellement
toutes les agences de sécurité exercent les pouvoirs d'arrestation et
détention et ont leurs propres centres de détention", elle épingle
plus particulièrement deux services : la Direction des renseignements
généraux et services spéciaux de la police (DRGS, plus connu sous le
nom de son quartier général, Kin-Mazière) et la Garde républicaine,
garde prétorienne du président Kabila. Le constat de la violence
et de l'impunité de ces services est tiré de l'analyse des violations
des droits de l'homme commises durant et après la campagne électorale
(2006-07). Les deux services mentionnés ont arrêté et torturé
des personnes parce qu'elles avaient la même ethnie (Ngbaka) ou origine
régionale (l'Equateur) que l'opposant Jean-Pierre Bemba. "Ces arrestations et détentions arbitraires se poursuivent à Kinshasa", précise A.I. Agents de torture et de mort "Loin de protéger la population" congolaise, "les services de sécurité de l'Etat demeurent des agents de torture et de mort". L'organisation
souligne que la garde de Bemba, la DPP, s'est elle aussi rendue
coupable de violations des droits de l'homme. A.I. étudie les combats
qui ont opposé l'armée à la DPP en mars dernier, faisant "600
morts", dont un grand nombre de civils, et qui furent suivis de
nombreuses arrestations, dont des enfants des rues (certains sont
toujours détenus sans avoir jamais été inculpés). La DPP s'en est alors
prise à des membres du parti du président Kabila, le PPRD, tandis que
les forces loyales à ce dernier s'en prenaient aux ressortissants de
l'Equateur, dont un nombre important ont été victimes d'exécutions
extra-judiciaires. L'insécurité créée par les services de sécurité, analyse A.I., est due au fait que certains de ceux-ci "continuent à servir des intérêts politiques particuliers et à agir hors du cadre de la loi". Pour
l'organisation, deux facteurs empêchent une amélioration. D'abord la
lenteur du processus de réforme du secteur sécuritaire, mené par
Kinshasa avec l'aide internationale (notamment belge) et la médiocrité
de ses programmes de formation. Ensuite "la culture institutionnelle de permissivité envers les violations des droits de l'homme ". Selon Amnesty "des
mesures urgentes sont nécessaires pour placer les services de sécurité
sous le contrôle effectif et transparent de l'Etat". Les priorités sont
la réforme de la police (dont les violations des droits de l'homme ont
commencé à dépasser celles de l'armée) et sa soumission aux autorités
civiles, avec des lignes de commandement claires; l'envoi de la Garde
républicaine (garde présidentielle) au processus de brassage, comme les
autres unités de l'armée et la limitation de ses activités à la
protection du chef de l'Etat; l'introduction de mécanismes de contrôle
indépendants des forces de sécurité.