Nord-Kivu: l'armée progresse à coups de canons sur le front ouest

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont progressé lundi, chassant les soldats insurgés de plusieurs localités au nord-ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu (est), au lendemain d'un sérieux revers sur le front nord.

"Nous avons récupéré Kimoka, Malehe, Kingi et nous nous battons maintenant à Mushake", localités proches de la ville de Sake, à entre 30 et 40 km au nord-ouest de la capitale provinciale Goma, a affirmé à l'AFP le général Vainqueur Mayala, commandant des FARDC au Nord-Kivu.

Installé dans un campement de l'armée à Mubambiro, le premier village au sud de Sake, il a dirigé depuis l'aube la vaste offensive lancée contre les soldats insurgés ralliés au général déchu Laurent Nkunda.

"Nous avons jusque là eu un mort et huit blessés, qui ont été évacués par les hélicoptères de la Monuc (Mission de l'ONU en RDC). Les insurgés ont perdu plusieurs hommes, dont un officier", a-t-il indiqué.

"Nous avançons. (...) Notre objectif est de prendre Mushake le plus rapidement possible", a-t-il ajouté, refusant d'indiquer le nombre d'hommes engagés dans ces opérations.

Le village de Mushake, perché sur une colline à une dizaine de kilomètres de Sake, est tenu par les insurgés depuis le début des affrontements au Nord-Kivu, il y a trois mois.

"Ils ont envoyé leurs hélicoptères d'attaque pour nous bombarder, mais nous sommes toujours là", a déclaré à l'AFP le colonel dissident Esaïe Munyakazi, joint à Mushake en fin d'après-midi.

Depuis la fin août, le Nord-Kivu est le théâtre d'affrontements entre FARDC, qui y ont massé plus de 20.000 hommes, et quelque 4.000 soldats insurgés ralliés à Nkunda.

Tutsi congolais, Nkunda se pose en défenseur de sa communauté contre les rebelles hutus rwandais installés dans l'est du pays, accuse l'armée de soutenir ces derniers et refuse catégoriquement de déposer les armes en dépit d'appels répétés de Kinshasa, de la Monuc et d'intenses pressions diplomatiques, notamment américaines.

Ces dernières semaines, les FARDC ont reçu d'importants renforts. L'armée n'attendait plus que le feu vert du président Joseph Kabila pour "rétablir l'autorité de l'Etat" au Nord-Kivu.

Tout en se félicitant des opérations dans le Masisi, le général Mayala a reconnu avoir subi un sérieux revers dimanche dans le territoire voisin de Rutshuru, où les hommes de Nkunda se sont emparés de positions FARDC à Kikuku et Nyanzale (à entre 100 et 130 km au nord-ouest de Goma).

"Nous avons perdu de l'armement et des munitions. C'est vrai que c'est handicapant. Mais puisqu'ils ont pris l'initative de nous bousculer, nous les bousculons à notre tour. Je suis confiant", a-t-il déclaré.

Ces combats ont jeté sur les routes entre 40.000 et 50.000 personnes, selon l'Unicef.

Depuis la fin 2006, plus de 400.000 civils ont fui des violences au Nord-Kivu, qui comptait au total, avant les combats des derniers jours, quelque 800.000 déplacés de guerre, selon l'ONU.

Lundi, la progression des militaires loyalistes au nord et nord-ouest de Sake a rassuré les habitants, dont des dizaines regagnaient leur domicile dans l'après-midi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Dans Sake et sur la route menant à Goma, ont été postés des chars d'assaut et des pick-up montés de mitrailleuses et lance-roquettes multiples. Les soldats loyalistes sont équipés, ne manquent ni d'eau ni de vivres et beaucoup sont vêtus d'uniformes neufs.

"Le moral est bon et ils ont progressé, mais ce n'est que le premier jour. La résistance sera beaucoup plus forte s'ils s'attaquent aux bastions de Nkunda et si un autre front s'ouvre au nord-est", où des troupes insurgées tiennent les postes frontaliers avec l'Ouganda et le Rwanda, a estimé un observateur militaire en poste au Nord-Kivu.

A Goma, agences humanitaires et personnels de l'ONU ont reçu pour consigne de ne pas sortir de la ville.