Un nouveau ‘‘Sun-City’’ pour balkaniser...le Kivu !
Entre 400 et 600 notables et personnalités du Nord et Sud-Kivu vont se
retrouver à Goma, du 27 décembre 2007 au 5 janvier 2008, pour explorer
les voies et moyens de ramener la paix dans les deux provinces. Environ
1,5 millions de dollars sont mobilisés pour ce faire. On est en droit
de s’interroger sur cette stratégie de vouloir résoudre une question
essentiellement sécuritaire, relevant de la souveraineté nationale, par
des ‘’enfants du quartier’’ uniquement.
Il y a peu, on parlait d’une table ronde pour le Kivu. Une
initiative, dont le Gouvernement était à l’origine, ouvertement
soutenue par le RCD de Ruberwa, mais rejetée par des élus de deux
provinces (Nord et Sud) du Kivu. Ceux, qui ne voulaient rien entendre
de la tenue d’une table ronde, multipliaient des déclarations dans la
presse comme pour bien véhiculer leur pensée. C’est ainsi qu’on pouvait
entendre quelqu’un affirmer ostentatoirement qu’il n’existait pas un
problème entre communautés dans cette partie du pays. Il se disait que
le défi lancé par Laurent Nkunda était militaire, par conséquent, la
réponse devrait également être militaire.
Au jour d’aujourd’hui, par la force des choses, l’idée d’une
rencontre entre les filles et fils du Nord et Sud-Kivu refait surface.
Les termes ont changé. On parle plutôt de la ‘‘Conférence sur la paix,
la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud Kivu’’.
Une plénière préparatoire a eu lieu le lundi 17 décembre dernier au
Grand Hôtel Kinshasa -GHK-. Si l’objectif de la réunion du GHK était de
faire une photo d’ensemble, de famille, ou une action de relations
publiques, personne ne pourrait se permettre, sans friser le ridicule,
de dresser un constat d’échec. Pour autant que la majorité de l’élite
que le Grand Kivu a produit, ses dix dernières années, était présente.
Très remarquée, la présence de Vital Kamerhe (président de l’Assemblée
nationale), celle de l’abbé président de la moribonde CEI, Apollinaire
Malumalu, et de l’ancien Vice-président de la République, Azarias
Ruberwa, qui a déclaré récemment sur les ondes de RFI que sa communauté
vivait la ségrégation dans son propre pays. Malumalu, qui dirige les
travaux préparatoires, fixe l’objectif : amener tous les acteurs de la
vie politique, économique, militaire et sociale à faire acte
d’engagement pour la paix, la sécurité et le développement. Et de
poursuivre : ‘‘nous voulons mobiliser toutes les forces vives du Nord
et Sud-Kivu pour évaluer le préjudice subi sous ses différents aspects
par nos deux provinces depuis 1994, proposer des mécanismes appropriés
en vue du désarmement des groupes armés nationaux et étrangers’’.
On ne connaît pas un seul Congolais, épris de paix et de justice,
qui ne puisse pas soutenir toute proposition tendant à mettre fin à la
guerre qui sévit au Kivu. Les images destructrices de compatriotes qui
fuient les combats dans la brousse ne peuvent laisser les âmes
insensibles. Seulement, le choix des acteurs est loin de faire
l’unanimité. Il serait difficile pour des gens qui ont passé toute leur
jeunesse à s’insulter, puis à se faire la guerre, de transcender les
bas sentiments qui les ont toujours animé sans un réel sursaut
d’orgueil national. C’est l’ensemble du Congo qu’il faut voir. La
question sécuritaire du Kivu, croît-on savoir, doit être résolue dans
un cadre plus ouvert. Pas seulement réservé aux ressortissants de deux
provinces citées. Sinon, le Kivu, grand vainqueur du processus
électoral, n’aurait eu aucune difficulté à pacifier l’Est du pays dans
le cadre des Institutions issues des urnes. Autrement dit, il faudrait
une forte implication nationale. Plus le dossier sera traité avec
beaucoup de transparence, ce qui ne semble pas être le cas, mieux on se
rapprochera du noble objectif d’une paix durable et d’un développement
intégral deviendra réalité.